2. Drago

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21 décembre 2002

Drago Malefoy se tenait derrière le comptoir de sa librairie, un livre entre les mains, incapable d'esquisser le moindre geste.

Qu'est-ce que Granger pouvait bien foutre dans sa boutique ?!

À moins qu'il ne s'agisse d'un jeu de son esprit...

Un jeu pervers, mais une distorsion de la réalité malgré tout.

Comment pourrait-il en être autrement ?

Le Royaume-Uni était un pays bien trop grand pour que Granger le retrouve dans ce village perdu, situé dans le fin fond du Wiltshire.

– Tout va bien ? s'enquit alors la voix douce de Jean, l'une de ses plus fidèles clientes. Luc ? Hermione ?

Hermione.

Impossible que ce soit une coïncidence.

– Cet homme ne s'appelle absolument pas Luc, Maman, claqua sèchement la voix de celle qui semblait être réellement son ancienne camarade de classe.

– Ne sois pas ridicule, ma chérie ! la contra Jean face à un Drago abasourdi. Je le connais depuis longtemps, bien sûr qu'il s'appelle Luc !

Pas vraiment, pensa-t-il, amusé mais toujours incapable de prononcer le moindre mot.

– Je t'assure que non, insista Granger. Il s'agit de Drago Malefoy, je t'ai déjà parlé de lui.

À ces mots, Drago ne put empêcher une grimace de déformer ses traits, conscient que ces propos n'avaient pas dû être très élogieux.

– Je... Je ne comprends pas, bafouilla Jean, son regard passant de celle qui s'avérait être sa fille à lui-même.

– Je t'expliquerai à la maison, répondit Granger en leur tournant le dos pour sortir de la boutique, comme si elle ne supporterait pas de rester une seconde de plus en sa présence.

– Hermione, attends ! s'écria alors Drago, mû par un sentiment d'urgence.

La jeune femme pila aussi sec, sa main encore en suspension au-dessus de la poignée de la porte. Elle pivota ensuite lentement vers lui, les yeux écarquillés sous la surprise.

– Je... On peut parler ? bredouilla Drago, incertain.

– Je ne vois pas ce qu'on aurait à se dire, répliqua-t-elle, implacable.

– Alors contente-toi de m'écouter...

À leurs côtés, Jean observait la scène en silence, visiblement perdue.

Drago lui-même ne comprenait pas pourquoi il venait de faire cette proposition, il savait juste que la présence de Granger en ces lieux ne pouvait pas rester sans suite. Il la dévisagea sans un mot, attendant qu'elle prenne sa décision, et eut l'impression de lire le cheminement de ses pensées sur ses traits.

Lorsque Granger soupira en levant les yeux au ciel, il sut que c'était gagné.

– Quand ? demanda-t-elle simplement.

– Pourquoi pas maintenant ? Jean, je suppose que vous comprendriez que je ferme plus tôt...

– Je ne suis pas sûre de comprendre quoi que ce soit, Luc – ou peu importe votre véritable nom – mais si ma fille accepte de vous parler, je ne m'y opposerai pas.

Drago la remercia d'une grimace contrite puis sortit un paquet de sous son comptoir pour le lui tendre.

– Votre commande, Jean... Désolé, mais le deuxième tome n'est pas encore arrivé. Le livreur me l'a promis pour lundi.

Une histoire de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant