J'étais hideux.

Il n'y avait rien d'attirant, d'exaltant ou de séduisant à regarder sur mon corps.

Tout était horriblement disproportionné à mes yeux.

Et plus je me regardais dans le miroir, plus je voyais l'ombre de mes démons se dessiner nettement derrière moi, souriant et riant diaboliquement à gorge déployée des pensées négatives qui me submergeaient, me noyant dans les abysses des océans.

Je commençais à manquer d'oxygène - ou était-ce parce que je commençais à me plonger dans une nouvelle crise d'angoisse ? - et je m'étais laissé lourdement tomber sur mes genoux dans un fracas assourdissant, en ne parvenant pas à pleurer. C'était comme si mon corps avait décidé de me couper de mes émotions, comme s'il en avait eu assez que je le torture quotidiennement à chaque moment de la journée et de la nuit, et qu'il désirait enfin être en paix avec lui-même.

Et pourtant, j'avais terriblement envie de pleurer. J'avais envie de crier, de hurler, d'extérioriser tout ce que j'avais emmagasiné à l'intérieur de moi depuis toutes ces années. De maudire toutes les personnes qui m'ont fait du mal volontairement, et de me libérer de ses chaînes, auxquelles j'étais encore attaché.

Cependant, rien ne sortait de ma bouche. Une bouche qui commençait à s'effacer dans le reflet du miroir, me faisant écarquiller les yeux de terreur face à ce scénario digne d'un film d'horreur. Mes mains s'étaient mises à tâtonner vigoureusement mon visage, comme si cela allait faire revenir mes lèvres désormais inexistantes, criant désespérément dans des gémissements lointains et étouffés, avant de voir mon nez se volatiliser à son tour, et être entièrement privé d'oxygène.

Toutes les parties de mon corps commençaient à se dissiper en de fines petites particules, jusqu'à ce que je puisse percevoir, dans le creux de ma poitrine, mon cœur qui s'était alourdi dans des battements lents et irréguliers.

C'était un véritable cauchemar qui se déroulait sous mes yeux impuissants. Et lors de la dernière et douloureuse contraction musculaire de mon cœur, qui me semblait interminable dans le temps, je m'étais réveillé dans un cri épouvantable, à en faire réveiller les morts, en me redressant brusquement dans le lit qui était trempé par ma sueur, suivi d'une longue série de lourdes et bruyantes respirations, qui étaient venues gonfler mes poumons meurtris.

Ces derniers souffraient terriblement le martyre, après avoir été privés d'oxygène durant quelques minutes.

- Bébé ?! Qu'est-ce qui se passe ? s'enquit immédiatement Jeongguk d'une voix mi-affolée, mi-endormie, après avoir été réveillé en sursaut par mon hurlement. Eh ! Respire mon cœur, respire calmement, je suis là ! me dit-il sur une intonation un peu plus maîtrisée, en venant se positionner derrière moi, pour que mon corps puisse reposer contre son torse.

J'étais encore confus et ébranlé par ce maudit rêve, dont je voyais encore les images défiler sous mes yeux.

C'était un cauchemar qui était ironiquement l'un de mes souhaits les plus profonds depuis tant d'années : voir mon corps disparaître à tout jamais et ne plus y voir une seule trace de mon existence.

Toutefois, ce vœu n'avait plus le même goût qu'autrefois dans le fond de ma gorge. J'aurais peut-être pu y trouver une certaine forme de satisfaction quand j'étais au plus bas psychologiquement.

Quand j'étais si seul et si vulnérable.

À présent, ce désir de vouloir n'avoir jamais existé ne correspondait plus à mes attentes. Je ne voulais plus être rayé de la surface de la Terre, ni perdre mes amis les plus chers et l'homme qui partageait désormais ma vie au quotidien.

WHO'S HE Where stories live. Discover now