Jimin ne m'avait posé aucune question quand Jeongguk m'a déposé pour la première fois chez lui, comme un enfant que l'on amènerait chez la nounou quand nos parents devaient partir travailler.

C'était humiliant.

Humiliant et dégradant pour moi, même si d'un autre côté, je savais pertinemment pourquoi il ne voulait pas me laisser seul.

Pourquoi il craignait de s'absenter.

Mais c'était aussi de ma faute si on en était arrivés là, à cette décision plus que contraignante pour moi.

J'avais tout simplement honte d'être en mobilité réduite, j'avais honte d'être en fauteuil roulant, honte qu'on me voie ainsi, mais surtout, j'avais peur qu'on ait pitié de moi, et plus particulièrement de Jeongguk.

Pitié de lui de devoir s'occuper de moi, de devoir être présent pour m'aider encore dans certaines tâches quotidiennes et de le priver d'une certaine forme de liberté.

- Si je mets le premier Very Bad Trip, ça te va, mon chat ? questionna Jimin, en s'arrêtant sur l'affiche du film pour me regarder avec un sourire affiché sur le coin de ses lèvres, illuminant son visage angélique. Ça peut être amusant, non ?

- Si tu veux, lui répondis-je dans un faible haussement d'épaules désintéressé, le regard vide, qui fit perdre ce merveilleux sourire des lèvres de Jimin.

Mon meilleur ami déposa la télécommande sur le rebord de la table basse, avant de se tourner complètement vers moi, en posant l'une de ses mains sur ma cuisse pour attirer pleinement mon attention sur lui.

- Écoute... je n'ai pas voulu te bassiner de questions la première fois que Jeongguk t'a amené chez moi, pour ne pas que tu sois seul quand il n'est pas là. Mais ça va bientôt faire une semaine que c'est comme ça, et ni lui, ni toi, n'avez encore voulu aborder le sujet pour qu'on puisse comprendre ce qui se passe, me dit-il d'une douce voix, avec un brin d'inquiétude. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose entre vous ? Vous vous êtes disputés ?

- Non ! m'exclamais-je soudainement, en écarquillant les yeux. Non, il ne s'est rien passé... Enfin, oui et non. Et on ne s'est pas disputés... ou du moins, pas vraiment.

Jimin plissa légèrement ses sourcils d'un air interloqué.

- Est-ce que... tu veux m'en parler ? élucida-t-il presque dans un murmure, tout en caressant lentement le long de ma cuisse du bout des doigts. Tu sais que tu peux tout me dire, mon cœur.

- Je sais, oui, soupirais-je dans ma barbe inexistante, en humidifiant mes lèvres sèches d'un petit coup de langue furtif. Mais je ne veux pas gâcher notre après-midi avec mes histoires insignifiantes...

- Alors là, je ne suis pas d'accord, répliqua Jimin sur un ton un peu plus marqué. Tes histoires ne sont pas insignifiantes. Et encore moins quand elles viennent te voler les étincelles de joie qu'il y avait dans tes yeux lorsqu'on a passé Noël ensemble. Alors, je t'interdis de dire que ça n'a pas d'importance.

À ses mots, je m'étais mis à sourire brièvement, en détournant le regard vers mes mains, me rendant compte que je jouais nerveusement avec la pulpe de mes doigts, grattant et m'arrachant les cuticules mortes autour de mes ongles.

Ce fut après avoir expiré un long soupir d'exaspération envers moi-même, que j'ai prononcé ces quelques mots :

- J'ai... j'ai juste l'impression de régresser énormément depuis ma sortie de l'hôpital, admis-je d'une voix fébrile, en sentant mon cœur s'accélérer progressivement dans ma poitrine. Je n'ai pas marché une seule fois depuis que je suis sorti, et j'ai comme la nette impression que je ne remarcherai plus jamais de ma vie...

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