| Chapitre 15 |

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— Tu as besoin de lâcher prise, Jasper. De te reposer. Laisse-moi m'occuper de cet Aleksander et de faire en sorte qu'il obéisse. Pour toi.

— Ne te mêle pas de mes problèmes, dis-je les dents serrées. Je vais m'en occuper.

— Je ne peux pas te laisser faire.

Mes sourcils s'élèvent et un rire, faux, franchit mes lèvres.

— Tu ne peux pas ?

— Tu risques de te perdre. Une fois de plus. Je vais me charger de ça et je vais m'assurer que les Hayes ne se sont pas mis en chasse.

Piqué, je me lève. Sa main retombe le long de son corps.

— Je t'ai dit d'arrêter ça, Carl. Je n'ai pas besoin de toi. Je n'ai pas non plus besoin de repos et de paix. Je vais me charger de mes putains de problèmes pendant que toi, tu restes avec ta petite famille qu'est les Campbell.

— Jasper. Tu en as besoin, cruellement. Plus que tu ne le crois. Fais-moi confiance, je te connais, essaie-t-il de tempérer.

— Je ne suis pas fait pour ces choses là, lancé-je vivement. Et tu le sais parfaitement.

— Ne pas être fait pour ça et en avoir besoin sont deux choses différentes. Écoute-moi, je veux seulement que tu restes en sécurité et que tu...

— Je te trouve très mal placé, Carl, appuyé-je, pour tenter d'avoir cette discussion précise avec moi. Lincoln, puis maintenant ça ? Ne va pas croire que tout peut redevenir comme avant pour la simple raison que j'ai accepté d'aller chercher ce faux Alek avec toi pendant 48h. Ou simplement parce que nous nous sommes retrouvés par hasard.

Je ricane sous son nez pendant que son regard noisette m'épie.

— Toi et moi, ça ne va pas plus loin. Et ça n'ira jamais plus loin que ça ne l'a été. C'est du passé. Et le passé, je ne veux plus jamais en entendre parler.

Je m'avance, plantant mes iris dans les siens afin de faire passer au mieux le message.

— Pas de complicité, pas de bons vieux sentiments entre nous. Si je suis parti, ce n'est pas pour revenir aujourd'hui. Tout s'est terminé à la seconde où je m'en suis allé.

Incapable de me stopper, ma langue se délie et parle plus vite que moi.

— Tu veux des remerciements pour tous ces bons loyaux services ? Pour m'avoir aidé tant de fois que je ne peux plus en faire le compte ? Très bien, grondé-je sèchement. Je te remercie, Carl. Je ne serais rien sans toi, aujourd'hui. Et je serais sans doute mort un nombre incalculable de fois. Mais tu sais quoi ?

Je me plante sous son nez, à tel point qu'ils s'effleurent. Et je lui ris en pleine face, à nouveau. Peu à peu, je vois son visage se verrouiller.

Mon loup, lui, baisse les oreilles et se couche dans un couinement.

— Je ne t'ai jamais demandé de jouer les sauveurs. Jamais. Tu aurais dû simplement me laisser crever à chaque fois. Parce que, putain, tu m'aurais rendu un grand service ! Ça aurait été la meilleure action que tu aurais pu faire pour moi. La meilleure d'entre toutes.

Carl me sonde une longue seconde. Il hoche finalement la tête puis il détourne le regard, une lueur blessée s'y étant allumée.

— Je comprends... Tu es à fleur de peau avec l'annonce des Hayes, avec ce que tu as subi toute la nuit dernière et la veille. Et tu as peur, de toute évidence. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour parler de Lincoln avec toi mais pour le reste, je ne regrette pas. Je peux m'en occuper pour toi.

Cœur Obscur [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant