Et en y repensant, je m'étais dit que j'avais sûrement pris son conseil au premier degré lors de cette nuit d'été.

- Ta mère a sans doute raison, souligna-t-il sous le ton d'un brin d'humour.

- Maintenant, réponds à mes questions, Jeongguk. Où est-ce que tu étais ?

- À la salle de boxe.

- À la salle de boxe ? répétais-je, en arquant un sourcil de surprise. Pendant trois jours ?

Il se contenta de hocher la tête, sa mâchoire se crispant en une petite contraction que je trouvais particulièrement... sexy.

Quelle honte de penser à ça. Tu es ridicule, m'étais-je dit dans ma tête avec exaspération.

- Je me défoulais toute la journée, et le soir je rentrais à l'appart pour me doucher et me coucher, m'avoua-t-il sur une intonation de voix un peu plus ferme, sans quitter la route des yeux.

Sa main s'était retirée de ma cuisse, me laissant cette sensation de vide et de froideur désagréable, que j'étais venu combler avec la mienne, en fixant mes pieds d'un air penaud.

- C'est tout ? lui demandais-je, sans le regarder.

- Qu'est-ce que tu sous-entends par là ?

Oui, Taehyung. Qu'est-ce que tu sous-entends par là ? Que ton petit-ami te trompe ? Qu'il ne te dit pas la vérité ? Qu'il cache autre chose derrière cette réponse ?

Pathétique.

- Rien, laisse tomber, murmurais-je d'une petite voix, en jouant nerveusement avec l'extrémité de mes doigts.

Cette fois-ci, le timbre de Michael Bublé fut remplacé par la célèbre voix de Mariah Carey et de son incontestable titre ; « All I want for christmas is you », qui ne représentait en rien l'étrange atmosphère qui s'était installée entre Jeongguk et moi.

J'étais tellement absorbé par mes pensées et par l'idée que j'aurais mieux fait de fermer ma gueule plutôt que de l'ouvrir, que je n'avais pas senti la voiture bifurquer faiblement vers la droite, ni entendu le fameux clignotant être mis en action, avant que le vrombissement du moteur ne cesse et que la voix de Jeongguk m'interpelle subitement.

- Bébé ? Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu... Tu n'es pas heureux de venir vivre avec moi ? De sortir enfin de l'hôpital ? me demanda mon petit-ami avec de l'incompréhension inscrite sur les traits de son visage.

- Si ! Bien sûr que si ! répondis-je dans la foulée d'un air interloqué par cette soudaine question. Ce n'est pas... je...

- Parle-moi, Taehyung -

- C'est ce que je suis en train de faire ! le coupais-je, en remarquant qu'il avait retiré ses mains du volant et que nous étions garés sur le bas-côté de la route. C'est ce que je fais, Jeongguk... Je te parle, mais toi... Toi, tu laisses comme une sorte de barrière invisible entre nous deux...

- Qu'est-ce que tu racontes ? répliqua-t-il, en fronçant les sourcils, qui accentuèrent les rides de son front.

- Tu ne me dis rien...

- Tae -

- Je ne sais rien de toi, Jeongguk. Et toi, tu sais tout de moi, argumentais-je, en posant enfin mon regard brillant sur sa personne. Je sais que tu m'as laissé le temps de m'ouvrir à toi, de me confier à toi au sujet de mon père et du harcèlement que j'ai vécu au lycée. Tu n'as fait que m'écouter durant tout ce temps, et... et après, il y a eu mon coma...

- Taehyung...

- Je suis certain que tu as dû en apprendre davantage à mon sujet durant tout le temps où j'étais endormi, ajoutais-je, en faisant des guillemets avec mes doigts, sans lui laisser le temps d'en placer une pour s'exprimer. Je l'ai vu... avec les bouquets de fleurs par exemple, que tu me ramenais tous les jours après mon réveil. C'est Jimin qui te l'a dit ?

WHO'S HE Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon