- Et pourquoi ? me demanda-t-il avec une légère confusion inscrite sur les traits de son visage. J'ai... j'ai essayé de t'avouer mes sentiments par des subtilités, par de simples petits signes et actions, en pensant que ce serait suffisant pour que tu le comprennes. Mais je pense que tu as besoin de l'entendre de vive voix, reprit-il calmement, en caressant délicatement ma joue, qui était noyée par un torrent de larmes. Taehyung, je suis amoureux de toi, et ce, depuis longtemps...

Amoureux.

Voilà qu'il venait de poser les mots sur ce qu'il ressentait pour moi.

Et qu'en était-il pour ma part ?

Qu'éprouvais-je pour lui ?

- Tu ne peux pas m'aimer, lui répondis-je d'une voix brisée. Tu ne peux pas, parce que je ne le mérite pas.

Jeongguk représentait tout pour moi. Il était devenu mon refuge, avant que la vie ne vienne à se décider de me jouer des tours. Il était celui qui occupait mes pensées, celui dont j'attendais avec impatience de me réveiller le matin, pour pouvoir lire ses messages. Il était celui que je désirais ardemment voir à l'université et de fondre dans ses bras, dans lesquels je me sentais en sécurité.

Jeongguk était celui qui parvenait à me faire rougir par ses mots et ses actions. Celui pour qui je pourrais supplier d'avoir ses lèvres sur les miennes.

Et pourtant, même en réalisant qu'il était tout ce que je souhaitais avoir dans ma vie, que mon cœur n'attendait que sa venue pour ne faire qu'un comme des âmes-sœurs, je n'arrivais pas à me convaincre de pouvoir accepter ses sentiments.

De pouvoir accepter mes sentiments envers lui.

Ce n'était pas une dépendance affective. Ce n'était pas une peur de l'abandon, et encore moins le besoin de combler le vide dans mon cœur.

C'était de vrais sentiments que j'éprouvais pour Jeongguk, qui étaient au-delà d'une simple attirance physique.

- Taehyung, pourquoi est-ce que tu penses ça ? répliqua-t-il dans un plissement de sourcils. Pourquoi est-ce que tu continues de croire que tu ne mérites rien ? Alors que tu mérites tout l'amour du monde.

Si vous pensiez qu'en me réveillant du coma ça allait être différent, c'était encore pire, que ce soit sur le plan physique et psychologique.

Physiquement, je n'avais plus rien d'attirant. Même en étant alimenté pendant deux mois par les sondes, j'avais perdu énormément de poids durant mon coma, rendant mes os visibles. Je m'étais vu dans le miroir, lors de ma première douche, les joues creusées, les cernes marquées, les clavicules qui étaient à deux doigts de sortir de ma peau, et mes côtes, dont on pouvait compter à l'œil nu, si elles étaient toutes bien présentes.

Mes jambes étaient devenues aussi fines que des baguettes et n'étaient plus en mesure de supporter le poids de mon corps. J'avais tenté à plusieurs reprises de marcher seul, de me débrouiller seul sans l'aide de Jimin, mais ça s'était révélé quasiment impossible.

Je n'étais plus qu'une putain de loque dépendante de quelqu'un pour faire les tâches quotidiennes que je faisais seul avant mon suicide.

Je n'étais plus qu'un tas de merde à mes yeux, subissant la punition que je méritais.

Et je ne voulais pas infliger ce calvaire à Jeongguk, car j'étais loin, très loin d'en avoir fini avec la rééducation qui venait seulement de commencer.

Réapprendre à marcher, réapprendre à manger et à déglutir, réapprendre à respirer, réapprendre à vivre, sans avoir besoin d'assistance au quotidien.

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