Chapitre 34

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15 Février 1766 :

Voilà presque une vingtaine de jour que nous sommes en froid Vassili et moi. Il se rebute toujours autant à ne rien dire. Ne pas me faire part de ses pensés, de son passé est un véritable coup de poignard en pleine poitrine pour moi.
J'aimerais juste comprendre, comprendre qui était réellement Irina ou du moins j'aimerai l'apprendre par Vassili plutôt que par la bouche d'une de ces commères de la cours de St Petersbourg. Jouer à ce jeu du silence avec moi commence à peser sur mon moral. Dans un mois notre mariage aura lieu et voilà ce qui m'attend ? Une lutte infernale et incessante entre lui et moi ? Ne doit-on pas être honnête l'un envers l'autre ? N'est-ce pas cela que signifie une union entre deux personnes ?
Toutes ces questions fusent sans cesse dans ma tête depuis plus de deux semaines et voilà déjà le jour où mes parents le comte et la comtesse arrive au domaine du Duc pour y séjourner jusqu'au mariage.
Je devrais à la fois gérer mon stress dû à tout ce questionnement et la présence de mes parents.

Ce soir une réception à lieu au manoir. Depuis que le Duc Petrovitch est rentré au pays, il est très sollicité par la cours. Tout le monde attendait le moment où une réception aurait lieu sur son domaine. De plus c'est le moment parfait pour mieux analyser sa future épouse, les commérages sont de mise ce soir.

De plus depuis ma querelle avec Vassili, je me suis rendue compte d'une chose, un effroyable ennuie m'envahît de jour en jour. Mes journées se résument seulement à lire quelques ouvrages, me balader dans le domaine mais seulement de temps en temps je finis frigorifiée par le froid de Russie. La broderie fait partie depuis peu de ma vie ainsi que la compagnie de ma dame de compagnie. Prendre le thé dans le petit salon et les diverses goûtés font partis de mon emploi du temps.
Converser avec le Duc me manque, sans m'en être rendue compte sa compagnie remplissait ma vie et ne plus l'avoir m'emplît d'un vide que je n'avais pas ressenti depuis plusieurs mois.
Je ne sais ce qu'il peut bien faire de son côté, je le croise que très rarement dans les couloirs. Les quelques rares moments où je peux vraiment l'avoir en tant que compagnie c'est lors des petits déjeuners, des déjeuners et des repas du soir.
Ce qu'il fait de son temps, je ne sais pas trop, peut-être voire sûrement, il doit avoir le nez plongé dans de la paperasse, des papiers remplis de doléances. C'est sûrement cela car je n'ai peut être pas la certitude de ce qu'il peut bien faire mais je sais une chose, il est sans cesse enfermé dans son bureau...
Je pense que le Duc tout comme moi doit finalement s'ennuyer à mourir et ma compagnie doit lui manquer ou du moins je l'espère.

Ma dame de compagnie russe, Ivanna, me réveilla de mes songes avec sa petite voix. Elle parlait presque parfaitement français mais avait tout de même un léger accent. Elle me conseilla de commencer à me préparer pour la réception de ce soir, que cela me ferait une bonne occupation pour combler l'ennuie ressenti durant cette journée.
Il était à peine 16h38 mais ne voulant plus être dans mes pensés, je posais ma tasse de thé en me levant pour rejoindre ma femme de chambre pour commencer à me préparer.
Ivanna me suivait de près et referma la porte de mes appartements en y pénétrant.
Elle restait régulièrement avec moi, j'avais grâce à elle de la compagnie mais également une traductrice, elle me permettait de parler avec ma femme de chambre qui elle ne parle pas un mot de français.
On me sortit de ma commode tout un tas de toilettes plus belles les unes des autres. Je prenais mon temps pour choisir, grâce à cela la journée passe plus vite. Mon regard s'arrête sur une toilette rose pale brodée de centaines de petites fleurs. De la dentelle borde le décolleté et les manches.
Des souliers sont également mis à la disposition, j'en choisis une paire qui sera assortie à la robe. Les souliers en satin sont de couleur crème, parfait pour la réception qui m'attend.
Le moment que je redoutais le plus arriva, le corset. Je le change à chaque fois que je m'apprête avec une nouvelle robe. On s'habitue à la pression du corset sur notre torse tout au long de la journée mais quand on le retire pour le changer, c'est comme ci tout notre corps pouvait respirera de nouveau. Puis on en remet un autre... et là on suffoque !
Ma femme de chambre serrait tellement les lacets au point que les larmes montent à chaque à-coup.

Elle s'occupe ensuite de mes cheveux puis de mon visage, blanchit mon teint et applique du fard à joue.
Me préparer aura prit plus de temps que ce que j'ai bien pu imaginer. Il est maintenant presque 18h, on peut dire que ça m'arrange, moi qui ne voulais pas me prendre la tête à trop réfléchir. Dans peu de temps les conviés arriveront. Et avec un peu de chance je ne croiserai pas Vassili avant le début de la réception.

-Vous êtes magnifique mademoiselle ! Me dit Ivanna.

-Je te remercie. Répondis-je en lui gratifiant un sourire.

On frappa à la porte. Ivanna se presse s'ouvrir et tombe nez à nez avec le Duc. Il congédia Ivanna et ma femme de chambre et referma la porte derrière lui. Il avait entre ses mains un écrin bleu nuit en velours.
D'une démarche lente il s'approcha de moi. Je m'étais assise face à mon miroir qui était posé sur ma coiffeuse. Je le regardais à travers le miroir se déplacer.
Il se posta derrière moi en posant une main sur mon épaule. Il fit glisser l'écrin sur le bois du meuble, sous mes yeux. Tout se fit sans bruit. Enfin jusqu'à ce qu'il décide de parler.

-Tu ne veux pas l'ouvrir ?

Je regarde la boîte, mes doigts la saisi. J'hésite un instant avant de l'ouvrir. Quand je me décide enfin, j'y découvre une parure. Il m'en avait déjà offerte une le jour de Noel. Celle-ci est moins volumineuse mais tout aussi somptueuse, de véritables diamants sertissent l'ossature de la parure.

-Elle te plaît ? Me demanda Vassili.

Je restais silencieuse quelques secondes.

-Elle est magnifique.

Un sourire étendit ses lèvres avant qu'il ne se penche vers ma nuque et y pose un baiser.

-Tu devrais la mettre ce soir. Dit-il.

Un frisson me traversa l'échine.
Il me glissa la parure sur mon décolleté et l'accrocha. 
Il murmura quelque chose en russe en se redressant et et s'approcha de la sortie. Vassili s'arrêta à l'encadrement de la porte et lança soudainement:

—Irina est mon passé Elisabeth et je ne peux rien y faire mais toi au contraire tu es mon présent et mon future et je ne veux pas que tu en doutes. Oui j'ai aimé Irina mais aujourd'hui elle ne représente plus rien pour moi, ce n'est rien d'autre qu'un souvenir, un fantôme du passé. Toi tu es ma promise et tu le resteras. C'est toi que j'ai choisi, pas Irina ! Toi et toi seule. Tu es celle que j'aime, tu es celle que j'épouserai.

À suivre....

Bonne année à tous !!🎊

Mon amour pour le Duc Petrovitch. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant