《 𝙱𝚊𝚍 𝚐𝚞𝚢 》 - Lᴇ ᴄᴏᴍᴍᴇɴᴄᴇᴍᴇɴᴛ

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸

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LA FENÊTRE D'EN FACE

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Ma nouvelle est chambre est plutôt sympa.

C'est bien un des seuls points positifs que je trouve à l'emménagement chez James.

Contrairement à Chicago, j'ai la chance d'avoir une chambre pour moi toute seule, et non à partager avec le petit monstre vicieux qu'est mon cadet Pete. Maman m'avait vendu cette nouvelle « vie de rêve » en commençant par mentionner une chambre pour moi toute seule. Même si, au début, la colère de devoir déménager m'a obscurcie les idées, après réflexion, j'avoue que la perspective d'une chambre sans parasite me plaisait plutôt bien.

Quelques cartons traînent encore dans un coin, entassés les uns sur les autres. Ils contiennent des vêtements, des livres, des objets... pour le moment, je n'ai nullement envie de me coller au rangement définitif de mes effectifs personnels dans cette nouvelle chambre. Elle est meublée simplement, elle ne possède pas encore ma touche personnelle. C'est James qui s'est chargé de la préparer, comme pour celle de Pete. Maman a souligné ce fait un grand nombre de fois, comme pour me forcer à me sentir reconnaissante envers lui. Je n'ai rien dit, agacée par ce geste.

Meublée simplement, ma chambre contient un lit, une armoire, un bureau, un miroir et des étagères en surface ou renfoncées dans le mur. Même si je ne le dirai jamais face à James, ou que je ne l'admettrais même jamais à voix haute, il a fait du (plutôt) bon travail. Waw, même en le pensant, je frissonne de dégoût. Faut vraiment que j'arrête de penser des choses pareilles, je vais en devenir malade.

Des coups consécutifs à la porte de ma chambre me sortent de mes pensées, et me font lever la tête vers cette dernière.

— Je peux entrer?

C'est la voix de ma mère. J'hésite.

— Jane, s'il te plaît...

— Oui.

Parler à ma mère ou la laisser me parler n'était pas vraiment dans mes plans d'aujourd'hui, ni dans ceux des jours à venir. Mais je n'ai pas la force de lutter, pas maintenant, et ma curiosité me pique. Je me demande ce qu'elle va me sortir.

La porte s'ouvre dans un grincement sonore qui me fait grimacer. Même la bâtisse parfaite du parfait James au salaire parfait a visiblement quelques défauts.

Ma mère se tient dans l'encadrement de la porte, un sourire hésitant sur les lèvres. Elle tient deux tasses fumantes, et à l'odeur, je devine qu'il s'agit de thé. Je sens un frisson parcourir mon échine. Touchée. Peu importe la saison, l'heure ou la température, le thé est un rituel que ma mère m'a transmis, et que nous partageons depuis toujours. Venir me voir avec une tasse de cette boisson, pour elle, c'est comme agiter timidement le drapeau blanc. Est-ce qu'elle cherche à se faire pardonner?

— Coucou, ma puce, dit-elle en souriant.

Je détourne le regard, gênée.

— Salut.

Je n'ai pas envie de croiser son regard. Mes nerfs sont encore irrités à cause d'elle.