Chapitre 11

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Le retour à Lyon s'est fait dans un silence auquel je suis peu habituée. Évidemment, on s'est concertés, Théo et moi, à l'aéroport par exemple.

Enfin, on n'avait pas vraiment le choix.

Néanmoins, ce calme éphémère m'a fait du bien. J'ai pu réfléchir – très – longuement à la situation et en déduire que ce n'est pas encore fini. Même bien loin de la fin.

Théo me doit de sérieuses explications ainsi que ma mère et Élise. Les mots de Séléné résonnent dans ma tête, comme des spectres perdus, venant me hanter.

Le kidnappeur, alias le père de Séléné (dont j'ignore toujours le prénom à ce sujet) devait forcément avoir une raison pour avoir commis cet acte, celui d'enlever un petit enfant de trois ans. Qu'elle se révèle être valable ou pas. Et je suis bien déterminée à découvrir laquelle.

À présent, je suis dans l'avion qui me ramène chez moi. Théo regarde par le hublot, l'air si pensif que je n'ose pas le déranger. Quelque chose l'occupe, l'empêche d'être tranquille, , d'après le pli entre ses sourcils. Celui-ci est différent du mien, moins marqué, mais je parviens à le voir.

Ma main est dans la sienne, seule source de chaleur.

Dès que nous nous sommes enfuis avec l'aide de Séléné de la maison de sa tante Cléophée, Théo a prévenu sa mère. Qui nous a demandé – ordonné serait serait le terme le plus approprié – de rappliquer immédiatement à Lyon.

Théo m'a défendu d'appeler Élise. J'ai vite deviné que ce n'était pas pour faire la surprise de notre venue à sa « chère » sœur, mais bien parce que le père de notre amie est peut-être à notre trace.

Je serre plus fort ma veste autour de mes épaules. Il ne fait pas froid dans l'avion dans lequel nous nous trouvons mais j'ai toujours été frileuse. Et puis, c'est un avantage quand le garçon que vous aimez se serre davantage contre vous pour vous réchauffer, ce que fait Théo à ce moment même, à mon plus grand bonheur, évidemment.

C'est fou comme il arrive à faire battre mon cœur un peu plus vite juste avec un geste. J'ai de plus en plus hâte d'être chez moi dans ce genre de situations, pour que tout redevienne comme avant et que je puisse l'embrasser et et l'aimer sans me soucier du passé, du présent , et surtout de notre avenir.

La voix de publicité de shampoing revitalisant de l'hôtesse de l'air nous demande de nous lever et d'attacher nos ceintures. 

En anglais, bien sûr.

Il faudra que je pense à mieux suivre les cours d'anglais, cette année, parce qu'à tous les coups, le jour où on me menacera de mort en anglais – j'espère quand même que cela n'arrivera jamais –, je croirai qu'on me propose un chewing-gum saveur melon. Ma vie dépend de l'anglais (et pas des friandises au melon). À noter.

Je reste donc assise bien sagement sur les recommandations – ordres – de Miss Sephora jusqu'à la fin de l'atterrissage.

Lorsque nous sortons, la température douce et le soleil d'automne de ma ville natale me sourient. 

Je n'ai jamais particulièrement aimé cette saison, mais ce climat « normal » me fait du bien. N'ayant pas de bagages en soute, Théo et moi pouvons profiter à notre guise de cette météo magnifique pour ce mois d'octobre déjà bien avancé.

Je vois une voiture grise au loin et reconnais celle de... ma mère ? Que fait-elle ici ?

Je m'approche, suivie par Théo, qui doit se poser la même question que moi. 

Une femme brune au teint de pêche et aux lunettes aux montures dorées qui se verraient à mille kilomètres à la ronde en sort – Lou – Élise, Hugo et Nicolas sur les talons. 

Further than Dawn II • Interdit [EN PAUSE]Where stories live. Discover now