Chapitre 8

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La lumière de la pièce dans laquelle je me trouve agresse ma cornée lorsque j'ouvre les yeux. Elle est blanche, forte et froide. 

C'est à ce moment-là, alors que le jour se lève je ne sais où dans le monde, que je me rends compte de ce que j'ai fait. Mais je ne regrette pas.

J'aperçois une silhouette à ma gauche. Un coup d'œil vers elle me permet de déterminer de qui il s'agit.

— J'ai faim.

C'est la seule chose que je dis, parce que si je veux partir d'ici un jour, il va falloir que je leur tape le plus possible sur les nerfs.

— Je sais, acquiesce Séléné. Suis-moi à la cuisine. Tu n'as pas mangé depuis avant-hier soir.

— Euh... Ça fait combien de temps que je dors ?

— Deux nuits et une journée. Tu t'es réveillée, à un moment, mais dès que tu m'as vue, tu t'es rendormie. Je me demande pourquoi, d'ailleurs.

— Et où sommes-nous ?

— En Alaska.

— Où, en Alaska ?

— À Juneau.

— Attends... Tu m'as kidnappée et tu me divulgues toutes ces informations hyper confidentielles ?

— On n'est pas dans un film, Margot. Et tu es venue de ton plein gré.

— Eh bien, j'ai l'impression que si, et ta blonde psychopathe a failli tuer Théo !

— Elle avait des comptes à lui rendre, dit-elle simplement. Yaourt ou lait ?

— Ils se connaissent, pas vrai ? Qui est-ce ?

Séléné esquisse un léger sourire. Avant, je le pensais innocent et simple, mais je me rends compte à présent qu'il cache des milliers de secrets. Où est-elle née ? Qui l'a élevée, étant donné que son père est un peu spécial ? Pourquoi a-t-elle attendu aussi longtemps avant d'oser sortir de chez elle ? Je ne sais rien d'elle alors que je la considérais comme une de mes plus proches amies.

— C'est la seule chose que je n'ai pas le droit de te dire, désolée, annonce-t-elle, coupant court mes réflexions.

— Qui te l'interdit ?

Elle pose sur moi ses yeux de fer, tristes et fascinants. 

— Eux.

Je tourne la tête dans la direction que me montre Séléné.

Deux personnes se tiennent dans l'encadrement de la porte. Un homme. Son père. Et une femme. Ce n'est pas la jeune femme blonde de l'autre jour. Comme l'homme, elle a le teint très pâle, translucide. Pourtant, elle n'a pas ses yeux noir charbon, ni ses cheveux de jais. Ses iris sont d'un gris argent presque irréel, et ses cheveux tombent en cascades blond très clair – quasiment blanc – sur ses épaules. Elle doit avoir environ quarante cinq ans.

— Qui est-ce ?

Séléné pousse un soupir. Elle sait que je parle de la femme.

— Je te présente ma tante, Cléophée. 

— Euh, enchantée.

Le regard de Cléophée est dur et doux à la fois. Je me demande ce qu'elle pense, et je crois que personne n'en a jamais rien su.

— Bonjour.

Elle se retourne après cette brève réponse, bientôt suivie par celui que je pense être son frère, le père de Séléné.

Une fois qu'ils sont partis, le silence tombe sur la pièce. Séléné ne parle pas et se contente de me donne mon yaourt. Je pense que c'est le moment des explications.

Further than Dawn II • Interdit [EN PAUSE]Where stories live. Discover now