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D'un ton autoritaire, le père avait demandé à toute la famille de rentré dans la maison et d'aller dans leur chambre. Camille et surtout Aurore seraient punis éventuellement, mais il y avait autre chose qui devait être dit en priorité.

Alors, en attendant que les parents viennent les chercher, Gabriel regardait par la fenêtre de la chambre, hypnoptisé par les couleurs du ciel. Le soleil se couchait, recouvrant l'azur d'un voile de couleurs sublimes. Au centre, l'énorme boule de feu brillait, sans pour autant voler l'éclat des nuages à ses côtés. Le tout était d'une harmonie stupéfiante aux yeux du plus âgé, dont le regard dévorait depuis de longues minutes le spectacle que la nature lui offrait, se mouvant avec une lenteur presque exaspérante. 

Camille regardait le profile de Gabriel, hypnoptisé lui aussi mais par une autre vue. Il voyait les derniers rayons de soleil sur ses cheveux bruns, les couleurs de l'arc-en-ciel sur ses joues. Plus il se perdait dans sa contemplation, plus son regard était attiré par les lèvres entre-ouvertes du jeune homme, recouverte des reflets d'or rose de la brunante. Elles lui semblaient belles, irééelles, comme scintillantes de rêves défendus. 

La porte s'ouvrit avec un peu d'hésitation, le père et la mère à son seuil. Ils semblaient mal à l'aise, un peu abbatus et un peu tristes. Ce fût le père qui pris la parole en premier d'une voix tremblante.

«- Camille, Gabriel, je pense que vous n'êtes pas sans savoir que la tension entre notre pays et ceux voisins n'a été que grandissante depuis les derniers mois.  Aujourd'hui dans les journaux, la déclaration de guerre est tombée. La conscription n'est pas encore votée, mais je ne crois pas me tromper si j'énonce le doute que cela ne tardera pas. Vivons comme si de rien n'était pour l'instant...» 

Les deux garçons s'y attendaient, bien qu'ils eurent un sentiment de dégoût et de surprise à l'entente de cette annonce. Les yeux posés sur sa mère, Camille se demandait comment elle vivrait si lui, son fils unique et son premier enfant, devait partir à la guerre pour une cause qui n'était pas celle du peuple mais celle d'un dirigeant avide de pouvoir et mégalomaniaque. Elle serait dévastée d'autant plus que l'homme de la maison serait lui aussi contraint de quitter le foyer. 

Gabriel ne savait que penser. Il détestait la guerre mais son éducation lui avait apprise à croire en les convictions du dirigeant actuel. L'honneur qui venait avec les médailles lui fessait certe envie, mais est-ce que ces morçeaux de métal vallait vraiment la peine? Il ne se voyait pas prendre le risque de mourir et de ne jamais vivre ses rêves uniquement pour un peu de gloire et beaucoup de chances de ne jamais revenir. 

En arrière plans, comme un échos glaçial, les sanglots d'Aurore qui avait entendu l'annonce brisèrent le coeur des quatres gens qui ne purent retenir quelques larmes de désarroi. Ce soir-là, personne n'eut le coeur de faire un souper de famille dans la joie comme ils avaient l'habitude. Ils se donnaient une soirée pour assimiler la nouvelle, demain ils riraient comme si la guerre ne ravageait pas déjà des centaines de familles. 



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J'espère que ce chapitre ne vous aura pas tiré des larmes...

J'avoue m'être plains à mes amis de n'écrire que des chapitres tristes depuis le début, mais je ne sais pas, on dirait que le bonheur sera pour ma prochaine histoire! ( Que j'écris en parralèlle de celle-ci)  

Comment ça s'écrit paralèlle au juste ? 


L'inventeur de rêveWhere stories live. Discover now