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Tout doucement, la voix mélodieuse de Camille, digne des cieux et de la beauté qui y était constante, eut raison de la tornade intérieur de Gabriel. Ses yeux s'éclaircirent, reprenant leur teinte chocolat, si chaude qu'elle enveloppait le coeur d'un voile de sérénité. 

Les dernières perles d'eau qui pointait aux coins de son regard s'échouèrent avec grâce en contrebas, la lune illuminant leur tracé. À ses oreilles, les paroles teintaient comme les cloches des anges.  C'est alors qu'il ressentit l'étreinte puissante de Camille, ses mains qui caressaient tendrement son dos. En levant les yeux vers le firmament, il pouvait apercevoir la lune de par un puit de lumière.

Le moment était d'une perfection insensée. Les émotions qui émanait du corps entourant le sien le fouettaient avec une prestance telle qu'il eut la sensation d'étouffer sous la tendresse qu'il avait toujours recherché vainement au cours de sa vie. La chanson qu'il entendait, chanté acapella, était la plus belle composition qu'il avait eut la chance d'admirer.

Le temps passait. Était-ce des minutes, des heures ou bien seulement des secondes, il n'en savait rien, mais le sommeil le prenait, si bien qu'il s'appuya finalement de lui-même sur le corps qui le soutenait, admirant dans son demi sommeil la manière dont Camille avait agi. 

Même dans une telle situation, il ne pouvait s'empêcher de trouver des qualités au plus jeune. C'était plus fort que lui, quand bien même qu'il avait tenté de faire taire ses pensées, il en était incapable. 

Alors, aussi pris par le sommeil qu'il l'était, il trouva la force de soufflé un merci à l'oreille de celui avec qui il avait échangé les rôles depuis de longs instants. Son souffle ne fût que péniblement entendu par le chanteur, mais cela suffit à ce que son timbre de voix change, un sourire transparaissant dorénavant dans celui-ci. 

Les instants filaient, aussi rapide que des éclairs, aussi longs qu'une éternité. La plénitude qui régnait dans l'atelier durait, s'installait, encore mieux accrochée à chaque moment qu'au précédent. 

Camille attendit, usant toujours de sa voix pour garder Gabriel emprisonné dans les bras de Morphée. Lorsqu'il le pût, il étendit du mieux qu'il en était capable son corps lourd, veillant à ne point le déranger. 

À pas de loup, il sortit de l'atelier et marcha jusqu'à la cabine téléphonique qui se trouvait non loin de là. Jamais il ne l'utilisait, si bien qu'il avait peur de faire une erreur. Néanmoins, la situation l'obligeait à appeler ses parents. Depuis sa dernière disparition, il leur avait promis de toujours donner de ses nouvelles, au moins lorsqu'il n'allait pas rentrer le soir.

Sans doute aurait-il pu réveiller Gabriel et l'emmener chez lui, mais l'idée n'avait guère eu la chance de germée tant il ne souhaitait que le repos du garçon. 

Au bout d'une seule sonnerie, la voix de sa mère, moins inquiète qu'il ne l'aurait cru pour l'heure un peu tardive à laquelle il téléphonait, le salua. Elle se doutait de la raison de la disparition de son fils, et ne lui en voulait pas. D'un autre côté, son statut de mère l'obligeait à être rassurée par l'appel de son unique fils. Au bout de quelques minutes, l'un comme l'autre sentait les obligations les rattrapés, les poussant à raccrocher, l'une fière comme tout, l'autre, toujours inquiet. 

Camille n'avait, dans sa vie, jamais ressentit une compassion telle que celle qu'il avait pour le jeune garçon qu'il espérait toujours endormi. Cette sensation nouvelle ne lui était pourtant pas désagréable, enveloppant son coeur d'un petit voile de velours.

L'inventeur de rêveWhere stories live. Discover now