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Il était décidé. Il allait prendre son courage à deux mains et parler franchement avec le dénommé Gabriel. Mais en levant les yeux vers son interlocuteur, assis de l'autre côté du muret en face de lui, tout son courage s'évanouit. Comment pourrait-il espéré qu'un jeune homme semblant si riche et choyé daigne lui adresser la parole? Et pourtant, il l'avait fait. Il avait de la difficulté à y croire tant la situation lui semblait impossible. Alors, s'il nageait en plein rêve, autant en profiter.

« Je... Je m'appelle Camille. J'ai seize ans. Toi? »

Ses mots avaient été hésitants, mais il était heureux. Pour lui, une simple conversation comme celle-ci s'avérait souvent être l'une des pires expériences de sa vie, et rien ne lui permettait de s'améliorer de ou vaincre cette angoisse qui le prenait à chaque fois. Un sourire de la part de celui à qui il avait adressé sa question le rassura et fit quitter quelques fils d'angoisse invisibles et sournois qui menaçaient de s'enrouler autour de son coeur fragile pour le serrer à la manière d'un serpent vicieux. Il attendait la réponse avec une certaine impatience, comme s'il espérait ne pas avoir une grande différence d'âge avec Gabriel. La voix grave, sonore, du brun le sortit brusquement de ses pensées qui commençaient d'hors et déjà à s'égarer de tout bords tout côtés.

« Dix-sept. J'aurais dix-huit ans dans quelques mois, à la fin de l'été. »

Cela le ravit. Environ un an. Ce n'est rien quand que l'on y pense. Le temps passait si vite... Surtout lorsqu'il était dans son atelier. Au souvenir de son lieu préféré, un soupir traversa ses lèvres roses pour venir s'échoué dans l'air. Il prit les couvert et coupa un généreux morceau du rôti et l'offrit en premier à celui qui l'avait acheté. Accompagnant son geste d'un regard empreint de respect et de gratitude, l'ainé ne pu résister et accepta l'offre. Une fois cela fait, il se servit lui-même une part sur l'une des assiettes apporté plus tôt dans la journée. Dès la première bouchée, son appétit revint au galop et il lui sembla qu'il pouvait à cette instant dévorer la pièce de viande en entier.

Ce n'est que de longs moments plus tard que les deux adolescents se sentirent repus et heureux d'avoir partagé ce moment ensemble. C'était un sentiment inexplicable qui les prenaient en cet instants. Leur coeur était apaisé, leur yeux brillaient et ils étaient simplement heureux, sans avoir nul besoin de parler ou de faire une activité.

Ils étaient simplement posés sur le muret de vielles briques, observant les étoiles naissantes en silence, appréciant la présence compréhensive de l'autre. Leur curiosité l'un envers l'autre n'avait cessé de croître tout au long de la journée et ils se promirent sans avoir besoin de mots pour se comprendre, au moment de se quitter, de se revoir un jour et de recommencer cette journée, sans toutes les encombres du matin qui les avaient épuisé, mine de rien.

Sur cette note presque poétique, Camille repartit en direction de sa maison. Il avait sans doute inquiété ses parents et il se pressa donc, autant par souci pour sa famille que par besoin de se dégourdir après les derniers jours qu'il avaient passés presque immobile. 


***Note de l'auteure***


Connaissez-vous le groupe EXO? Leurs chansons de ballade sont excellente selon moi avec l'ambiance de mon histoire.

L'inventeur de rêveWhere stories live. Discover now