Ne se rendait-il pas compte du mal qu'il lui faisait en allant gaspiller son précieux temps avec sa bande le week-end plutôt que de le passer avec elle, sa petite-amie ? N'éprouvait-il pas de regret en la laissant de côté ? Elle n'était pourtant pas si ennuyante.

Lors de leur tout premier rencard par exemple, deux ans en arrière. Naruto s'était délecté de sa présence, de ses blagues, de leurs sujets de discussion aussi nombreuses que les gouttes de pluie qui tombaient du ciel ce jour-là, alors qu'ils dégustaient un gâteau dans l'une des cafétérias de l'université. Et la fois où ils avaient fait une virée à Suna rien que tous les deux dans sa Chevrolet Chevelle noire. Le jeune homme n'avait pas réfléchi à deux fois avant de l'accompagner dans son délire et de siffler la chanson qu'elle avait entamée.

Tous ces moments partagés ensemble n'étaient pourtant pas le fruit de son imagination encore moins un fantasme, alors pourquoi eux et pas elle ?

— Hinata ? lâcha-t-il l'air perdu. Qu'est-ce tu fais là?

Son regard un peu flou balaya vite fait la pièce, s'arrêta sur la télévision éteinte et les meubles. Soudain pris d'un bâillement, ses prunelles s'attardèrent nullement sur l'écran du téléphone étalant une photo de lui et de sa copine prise l'an dernier. Enfin il l'observa, elle. Son égo lui sommait de ne pas lui accorder d'attention et de faire comme s'il n'existait pas, mais Hinata ne pouvait se résoudre à garder la bouche close, pas avec lui.

— Je t'attendais, répondit-elle en essuyant toute preuve de tristesse sur son visage.

   Naruto l'inspecta. Son regard caressa la peau dénudée de son épaule que son peignoir exhibait fièrement comme pour le tenter. Ses yeux flattèrent le décolleté plongeant avant de reluquer ses jambes lisses et laiteuses que lui dévoilait les pans de sa tenue de nuit, où il s'autorisa un bref arrêt. À nouveau, ses saphirs rencontrèrent ses orbes nacrés.

— Tu devrais monter te reposer, di-il en détournant la tête.

Comme si on venait de la piquer avec une aiguille, Hinata serra les dents et lui jeta un regard courroucé. Elle crispa les poings et dans une vaine tentative pour détendre ses muscles, inspira aussi calmement que possible. Mais son soupir vint de manière abrupte, excédée.

— Où étais-tu ? lui demanda-t-elle d'une voix sèche qu'elle ne se reconnaissait pas. Ça fait des heures que je t'attends, tu es parti depuis cet après-midi.

— J'étais avec les gars, je te l'ai dit, répliqua-t-il d'un ton nonchalant qui lui fendit l'âme.

— Pourquoi tu as mis autant de temps, enchaîna-t-elle, perdant peu à peu le courage de parler.

— Je n'ai pas vu l'heure passée, lâcha-t-il dans un soupir en fermant brièvement les yeux.

   Lorsque Naruto ouvrit les paupières, ce fut pour traverser le couloir et monter les marches qui menaient à l'étage. Il forçait une fin à cette discussion, l'écourtait, la réduisait pour l'empêcher d'en rajouter une dose, comme si de rien était. C'était ainsi et il n'y avait rien à faire. D'ordinaire, elle aurait abdiqué sans se battre, défaitiste et se serait réfugiée dans la chambre d'amis pour éponger sa douleur. Mais elle ne ratifiait pas, pas cette fois.

— Tu pourrais au moins me prévenir, lui reprocha-t-elle, la tête baissée sur ses chaussons en peluche.

   Comme la jeune femme s'y attendait, Naruto haussa les épaules et grimpa la première marche, l'air de lui jeter à la figure que l'idée ne lui avait pas traversé l'esprit et qu'il n'en avait rien à faire; que la tenir au courant de ses déplacements n'avait pas d'importance. Que c'était comme ça, que ça avait toujours été comme ça et que ça le resterait.

Ecorche moi, brûle moi, mais ne pars pas. Where stories live. Discover now