Chapitre 27

66 11 8
                                        

- Je pense que nous sommes coincés ici.

Je le regarde, incrédule. Je ne comprends pas très bien. Les voitures de luxe connaissent-elles ce genre de problème ?

- Par..don...

Il sourit, la situation ne paraît pas lui déplaire. Et même si j'essaie de ne rien laisser paraître, tout ceci ne fait qu'accentuer mon excitation. Celle que je ne ressens que quand il se trouve à mes côtés.

- La batterie... elle doit sûrement avoir lâché...

Il parle bas, de cette voix si séduisante, si unique, si sienne. Je suis obnubilée par sa présence, une fois de plus.

Sous son regard perçant, je reviens à la raison. La pluie frappe contre le capot, nous sommes trempés et qui plus est, au milieu de nulle part. Si on me demandait de situer Giverny sur une carte, du haut de ma condescendance, je devrais admettre que suis incapable d'y indiquer ce lieu paumé, bien qu'extrêmement charmant.

J'essaie de trouver une solution rapide nous permettant de rejoindre la civilisation avant d'attraper une pneumonie et, sans trop d'efforts elle vient à moi comme un éclair : Lola.

- Oh... je peux appeler une amie, elle saura sûrement nous dépanner...

Il acquiesce mais je réalise qu'il ne m'écoute pas vraiment quand il détache sa ceinture, me fait un signe de tête pour que je l'attende, tout en m'enveloppant fermement d'un plaid qu'il va chercher dans son coffre. Je l'observe en sortir un outil, certainement automobile, que je ne reconnais guère. Une fois de plus je me demande comment ai-je obtenu mon permis de conduire en vue de mon incompétence.

- Reste au chaud, j'arrive.

Sur ce, il ferme la portière et je le vois ouvrir le capot de la voiture. Il cherche sans doute l'origine de ce fait importunant. Pendant ce temps, je pianote rapidement sur le clavier de mon téléphone :

Lola on est coincés en plein milieu de nulle part. Je t'envoie la localisation. Aide-moi !

Une fois le message envoyé, je m'adonne à la tâche d'observer Lyle. Je le regarde comme si je me trouvais devant la scène d'un film. La pluie qui coule sur lui, sa chemise blanche complètement trempée, qui lui colle à la peau, dévoilant un corps sculpté. Corps que j'ai eu l'occasion d'admirer suite à notre échange de photos quelques semaines plus tôt. L'image me revient aussi nette que si elle avait été tatouée sous mes paupières. Je suis complètement hypnotisée.

Après quelques secondes, pendant lesquelles je l'observe plus qu'indiscrètement, il lève le regard vers moi. Ses cheveux cuivrés sont désormais obscurcis à cause de la pluie. Ses yeux sont également assombris et la faible lueur de l'éclairage public lui fait un ombre géant. Un ombre menaçant qui risque de m'engloutir. Mais serais-je vraiment contre ? J'en doute fortement. Pour être honnête, je ne veux que ça.

Lorsqu'il me sourit une dernière fois avant de s'adonner à la tâche qui le concerne, j'ai du mal à déglutir et prise par un quinte de toux, je suis à deux doigts de m'étouffer. Il me regarde inquiet, et je lis dans ses lèvres un "ça va ? ", accompagné d'une expression inquiète.

J'acquiesce frénétiquement et le rouge me monte aux joues. Je dois vraiment paraître folle, mais il ne se voit pas comme je le vois. Il n'a pas conscience de ce milliard de papillons qui virevoltent dans ma poitrine depuis que je l'ai vu pour la première fois. Depuis que j'ai su qui il était, et bien avant. 

Je n'ai pas eu besoin de le voir pour l'aimer. Est-ce logique ? Est-ce normal ? Je m'en fiche totalement. La normalité n'a jamais été mon objectif. Sortir du lot non plus. Ce que je veux, c'est pouvoir me sentir normale tout en sortant du lot, et ce, ce n'est possible qu'avec un cercle restreint de personnes. Parfois avec une seule. Et dans mon cas, c'est lui. 

Un pas plus près...Where stories live. Discover now