NOCTAMBULE le clair

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Livre deuxième : les clairs-obscurs, ou livre de l'index ; Les Noctambules : le clair

Je m'étourdis d'ivresses dans ma thébaïde.
Dans cette nuit orpheline où la lune est nouvelle,
La tête parmi les vers luisants,
Ou bien les pieds dans les étoiles,
Le vertige me renverse, me bat et me perd.
Je suis parmi les morts, la vie taisant ses bruits.
Allongé dans l'herbe du cimetière,
Lentement hébété, absolument capté,
Le vent surprenant mon absence.
Le voilà qui m'enlève, ce grand chant d'église,
Le voilà qui élève son haut chant de sirènes,
Le laisse monter, le laisse ourdir.
Et ses hurlements viennent courir mon échine.
L'orage au loin dresse ses sourdes plaintes.
Et puis vient. Et puis s'attise.
Et, qui s'empressent, de vastes ondes laiteuses grésillent. Apparaissent les nébuleuses. Succinctement. S'évanouissent.
Les étoiles se sont enfuies. Les vers luisant aussi.
Et comme un ciel qu'on déchire, l'horizon s'éblouit.
La voûte céleste se fâche, gronde et jette ses éclairs.
Il fait nuit. Il fait farouche lumière.
Je n'ai plus de pupille, et puis il fait aveugle.
Combien de fois encore, abusant mes iris,
Claquera ce grand fouet pour punir mon orgueil ?
La pluie vient à son heure,
Et sous ses trombes en furies,
Je dois rentrer,
Comme un fauve mouillé,
Dompté par quelques gouttes.

Le sens des sensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant