JOCASTE : L'ÉPOUSE

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Livre premier ; les Analogues, ou livre de l'opposable ; Chapitre 2 ; Cycle de Laïos ; Jocaste, L'épouse

(Ce monologue de Jocaste énonce la colère de l'épouse de Laīos, Roi de Thèbes, qui se refuse à elle. Dans ce texte, l'oracle, soudoyé par Laīos, ayant prédit que leur descendance serait le meurtrier de Laīos, vient faire prétexte au fait que l'homosexualité de Laīos lui interdit de désirer son épouse, alors qu'il est amoureux d'un jeune homme. Jocaste, déterminée, abusera de lui à son tour)

La bile me brûle,
Et je hais celui que j'aime,
Et je me hais.
Je me hais de n'être pas et d'être tout à la fois,
Car ce que je suis n'est pas ce qu'il chérit.
O Dieux, par quelle amère perfidie
Avez-vous fait de lui
Le jouet des hommes et l'infortune de mon Amour ?
Pourquoi faut-il qu'en le condamnant
Vous me condamniez avec lui ?
Pour quelle faute dois-je payer ?
Votre justice m'est infâme,
Et mon blasphème n'est que le cri de ma douleur.
Je veux qu'il me revienne.
C'est mon dû !
Eh ! Quelle folie me prend de vous demander ce que vous m'avez arraché !
Ah, je voudrais qu'il meure
Celui qui m'a volé le désir de mon époux.
Qu'il meure, l'éphèbe monstrueux de beauté
Qui fait d'un homme une femme !
Mais qu'importe.
Je reprendrai par la perfidie
Ce qu'on m'a pris par la perfidie.
Et puisque la nature d'un homme est d'être aux femmes,
C'est à moi qu'il revient de l'enfanter à nouveau
A son nom.
Demain, je le jure, sa chair sera à moi,
En moi, et pour moi,
Et rien ne saura me faire obstacle.

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