1 : Trompé de chambre...

292 19 11
                                    

Pdv Karma

Je fixai le plafond de ma chambre d'hôpital sans vraiment le voir. A quoi bon ? J'en avais marre. Marre de la vie. Ça faisait déjà huit ans que j'étais coincé dans cette foutue chambre. Et six ans que je n'avais vu que mes infirmières.

La porte s'ouvrit. Je me retournai, surpris. Qui pouvait venir me voir à cette heure-ci ? Les infirmières étaient déjà passées...

-Oh, pardon, s'excusa la personne. Je me suis trompé de chambre.

C'était une fille aux longs cheveux bleus attachés en couette et aux grands yeux bleus. Elle avait vraiment l'air gentille.

-C'est pas grave, lui assurai-je, déçu.

-J'y vais alors, dit-elle en commençant à partir.

-Attends ! m'écriai-je.

-Oui ?

-Tu peux...enfin, tu voudrais bien rester en peu avec moi ? la suppliai-je presque. Ça fait six ans que je n'ai vu personne...

Elle me regarda avec une pointe de tristesse, hésitante. Elle finit par s'approcher de moi et par s'assoir sur la chaise à côté de mon lit.

-Merci, la remerciai-je. Tu t'appelles comment ?

-Nagisa, Nagisa Shiota, répondit-elle. J'ai quinze ans et je suis en troisième au collège de Kunugigaoka. Et toi ?

-Akabane Karma, me présentai-je. J'ai quatorze ans. J'devrais être en troisième aussi...

-Pourquoi t'es là ? me demanda-t-elle.

-Problème de cœur, soupirai-je. Et toi, pourquoi t'es venue là ?

-Un de mes amis s'est fait mal au base-ball, expliqua-t-elle. Il a le poignet cassé.

-Donc la petite Nagisa a un petit copain, la taquinai-je.

-JE SUIS UN GARCON ! hurla-t-il. ET C'EST JUSTE UN AMI !

J'éclatai de rire devant sa réaction plus qu'exagérée. Il me suivit bientôt dans mon fou rire. Il avait un joli rire.

-Je vais devoir y'aller, m'informa-t-il. Désolé.

-Oh, marmonnai-je. Merci d'être resté.

-Aurevoir, Karma ! s'exclama-t-il en partant.

-Salut, Nagisa...

Je le regardai partir. Je ne savais pas si j'étais triste qu'il partait ou heureux qu'il soit resté avec moi.

Le lendemain, quand la porte se rouvrit, j'eus un petit espoir que ce soit Nagisa. Mais ce n'était que mon infirmière.

-Vous allez bien ?

-Quand est-ce que j'vais mourir ? répliquai-je.

-Ce n'est pas ce que vos parents aurait voulu ! cria-t-elle.

-Ils en avaient rien à foutre de moi, affirmai-je.

-Ne dites pas ça, dit-elle d'une voix plus calme et plus douce.

-Alors, pourquoi ils n'ont pas signé pour l'opération ? Pour ne pas perdre leur précieux argent ?

Elle ne me répondit pas. Elle jeta un œil sur mes machines pour voir si j'allai bien. Je ne la regardai même pas.

-Vous n'étiez pas pareil avant..., souffla-t-elle.

-J'avais six ans, je ne savais pas c'qu'il m'arrivait.

-Tout de même, continua-t-elle, vous étiez plus joyeux...

-A quoi bon ? soupirai-je avec un peu de haine. Je vais mourir et je suis seul...J'ai plus personne...A quoi bon faire semblant ?

-Je suis désolée, s'excusa-t-elle, je...

-Laissez-moi, la coupai-je.

-Mais..., tenta-t-elle.

-Laissez-moi ! répétai-je.

Elle finit par s'en aller. J'avais peut-être été excessif mais j'en avais marre. J'me sentais tellement seul...

La porte s'ouvrit à nouveau. Je m'apprêtais à hurler sur l'infirmière pour qu'elle me laisse tranquille mais ce n'était pas elle.

-Nagisa..., murmurai-je sans y croire.

-Je pouvais pas te laisser seul, m'avoua-t-il. Ça te dérange pas ?

-Pas du tout, répondis-je avec un sourire.

Il se réinstalla sur la chaise et on commença à parler de tout et de rien. J'ai appris qu'il était fils unique, qu'il vivait avec sa mère et qu'il se faisait souvent harceler au collège à cause de ses mauvaises notes et de son apparence féminine. D'un côté, j'étais content de n'avoir jamais mis les pieds dans un collège mais de l'autre, j'avais envie de tuer toutes les personnes qui avaient osé faire du mal au garçon aux cheveux bleus. Il n'y avait pas plus gentil que lui, alors pourquoi ? Il ne le méritait pas !

-A demain ! s'écria-t-il en partant.

-A demain !

Je me sentais étonnement heureux. Quelqu'un se souciait un minimum de moi...Quelqu'un passait me voir de temps en temps...Rien ne pouvait me rendre plus heureux.

-Voici votre déjeuner, m'annonça mon infirmière en entrant.

-Merci, chuchotai-je en commençant à manger.

-Vous avez l'air heureux, aujourd'hui, remarqua-t-elle. C'est grâce à la fille qui est passée tout à l'heure ?

-Au garçon, rectifiai-je. Oui, c'est grâce à lui.

Un petit sourire apparut sur ses lèvres, mais je l'ignorai. Je n'avais jamais trouvé la nourriture de l'hôpital aussi bonne.

Les jours passaient. Mon ami venait me voir tous les jours. J'me sentais de mieux en mieux. Je recommençai à sourire de plus en plus souvent.

-Salut Karma ! s'exclama l'androgyne en entrant.

Il était venu avec une fille blonde aux petits yeux bleus. Sa petite-amie ? Cette idée ne me plaisait pas du tout. Mais alors pas du tout.

-J'te présente Rio Nakamura, c'est ma meilleure amie.

Je me retins de soupirer de soulagement. Nagisa n'était pas du genre à mentir, et je lui faisais confiance.

-Alors comme ça, c'est toi Karma ? s'écria-t-elle.

-Ouais, marmonnai-je.

-Remercie-moi, Nagi, t'auras bientôt un petit copain ! lui assura-t-elle.

Le garçon aux cheveux bleus rougit et commença à hurler sur Rio. Je rigolai en les regardant. Le garçon était beaucoup plus petit que la blonde, il était complétement ridicule.

-Vous êtes méchants, bougonna-t-il.

Je lui ébouriffa les cheveux en riant. Mon ami croisa le bras et fit semblant de bouder, mais on distinguer un petit sourire sur son visage.

-Vous êtes trop chou ! cria la Nakamura. Où est mon téléphone ?

Heureusement, elle l'avait oublié chez elle. Elle était déçue mais le Shiota avait l'air soulagé.

J'crois qu'la maladie va finir par m'rattraper...(Karmagisa)Where stories live. Discover now