Prologue

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Pour les enfants des temps nouveaux, restera-t-il un chant d'oiseau ? - Jean Ferrat

2050

Le soleil, le reverrais-je seulement ? Les jours passent mais ne se ressemblent pas pour autant. J'évolue dans le flou. À mon âge, j'ai déjà connu le soleil et la véritable sensation de chaleur sur ma peau, les brûlures qu'il m'infligeait et que je redoutais tant. Ces brûlures me manquent désormais. Le vent glacial, qui soufflait dans mes oreilles et me faisait souffrir de douloureuses otites, me manque tout autant. Il n'y a pas un jour où je ne rêverais pas de courir sous la pluie, la vraie, et sentir ses gouttelettes sur mes joues. L'odeur de la pluie sur l'asphalte avait quelque chose d'authentique. La technologie permet de nous plonger dans un environnement semblable à l'extérieur. Tous ces effets ne sont qu'artifices, de pales copies visant à duper les plus jeunes. Ceux qui n'ont jamais vécu au-dehors. Mais les habitants ayant passé la trentaine n'y prendront jamais aucun plaisir, rien n'est comparable à la vie d'avant.

Survivre, attendre. Voilà à quoi se résument nos journées désormais. Mais qu'attendons-nous ? Nous ne le savons même pas.. Au fond de nous, la certitude de mourir entre ces murs est bien ancrée. Nous nous concentrons sur l'essentiel : assurer la survie de nos enfants, assurer notre propre survie et surtout œuvrer pour qu'un jour la vie soit à nouveau comme avant... Nombreux sont ceux qui ont renoncé à se réfugier ici, préférant la mort. Nombreux sont ceux qui ne sont là que pour leurs enfants, car il leur était inimaginable de les voir périr là dehors. Certains diront que je suis essentielle à ce projet. Ma conscience m'interdisait d'abandonner. Je n'ai eu d'autre choix que de trouver des alternatives à la fin.

Et dire que tout ceci est l'aboutissement du travail de toute une vie ? Je n'aurais jamais cru une seconde, que l'on aurait besoin d'en arriver là, pour assurer la survie d'humanité. Je ne voulais rien regretter alors j'ai tout tenté. J'ai piloté chaque détail de cette installation, mon équipe a exploré chaque recoin de cet endroit pour qu'il soit propice à la survie. Les études avaient prouvé que c'était le lieu le mieux sauvegardé de la planète. Une petite île de paradis qui regorgeait de ressources et qui avait été épargnée par l'Homme. Une réelle bulle d'air. Ici, quarante-deux mètres sous Terre.

Quarante-deux mètres sous Terre [NOUVELLE VERSION]Where stories live. Discover now