Chapitre 3

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Alcide leva les yeux. Il découvrait pour la première fois la salle où régnait Eurysthée. Comme ce qu'il avait entendu à propos de ce lieu mystérieux, elle était immensément grande, et également immensément vide. En son centre, un trône rappelant ceux où gouvernaient les rois jadis. De chaque côté, une statue se dressait : Athéna, la déesse protectrice de la ville ; et Héra, accompagnée de son animal fétiche, le paon. Comme beaucoup de Grecs de sa génération, trop occupés à essayer de survivre plutôt qu'à s'instruire depuis plus d'une trentaine d'années, il ne savait que peu de choses sur l'histoire originelle de ces divinités dont il ne connaissait que le nom. Il supposa que c'était ici qu'avait eu lieu le procès le condamnant, auquel il n'avait pas été autorisé à assister.

Enfin, Alcide découvrit le visage de son bourreau, cet empereur mal-aimé et extrêmement violent, qui l'avait jugé coupable et condamné à la pendaison.

— C'est donc toi, Alcide, qui beugles depuis des semaines et démolis mes gardiens ? lui demanda-t-il.

Sa voix était fluette, ressemblant à celle d'un petit garçon dans le corps d'un homme bien plus vieux que son âge. Engoncé dans un blouson de cuir bleu, Eurysthée, le souverain de la Nouvelle Athènes et de la Grèce tout entière, était bien plus chétif que ce qu'on disait sur lui. Son regard, d'un noir profond, était quant à lui empli de colère et de haine. Sa chevelure était éparse, sa peau maladivement blanche et sa joue gauche partiellement brûlée. Il avala un grain de raisin, le dernier de la grappe qu'il jeta derrière lui, puis il se lécha les doigts tout en observant le colosse.

— Et c'est donc toi qui m'as condamné, rétorqua Alcide.

— Vouvoie ton empereur ! Et agenouille-toi devant lui ! ordonna l'un de ses geôliers en donnant un coup de lance dans les jambes d'Alcide, qui s'exécuta, plus surpris par la violence du choc que par envie.

Eurysthée s'avança doucement vers lui et lui présenta le dos de sa main repliée. Le Thébain le défia du regard avant de baisser la tête, et frôla de ses lèvres les énormes bagues multicolores qui ornaient ses doigts chétifs.

Eurysthée s'assit sur son trône et le contempla longuement.

— Décapiter sa femme et ses deux enfants. Je ne pensais pas que des hommes pouvaient être assez fous pour commettre de tels crimes.

— Je suis innocent.

— En es-tu seulement certain ?

Alcide regarda par terre pour toute réponse, doutant lui-même de sa culpabilité. L'empereur se leva et fit le tour du prisonnier en l'observant avec attention.

— Tu sembles être taillé pour le combat. Ce serait dommage de t'exécuter, même si les assassins comme toi ne méritent guère mieux. Le père du petit Alexandros, qui a témoigné, nous a partagé durant ton jugement son étonnement concernant un tel comportement venant de ta part, toi, l'un des chasseurs de ton clan les plus reconnus – si l'on oublie les fois où tu étais, visiblement, un peu trop ivre pour atteindre tes proies. Est-ce vrai ce que l'on dit sur toi ?

Alcide grogna, agacé par cet interrogatoire.

— L'empereur t'a posé une question ! insista l'un des deux gardes en allumant son taser.

— Que dit-on de moi ?

— Que tu serais le meilleur.

— C'est le cas. Je suis le meilleur chasseur que la communauté des nomades ait jamais eu.

— Ah oui, ces nomades qui résidaient à l'entrée de notre cité. Ils sont partis sans toi, d'ailleurs, ils ont préféré t'abandonner. Je les comprends, en même temps ; qui voudrait d'un paria parmi eux...

"Nom de code : CERBERE", réécriture futuriste et fidèle des 12 travaux d'HerculeWhere stories live. Discover now