- III -

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- PARTIE II -

  L'Agence était calme, ce qui changeait de d'habitude. Tous ses collègues commençaient à s'inquiéter : Dazai ne chantait pas, ne dormait pas, ne flânait pas, ne se plaignait pas, en clair il ne faisait rien de ses activités habituelles. Au lieu de cela, il rédigeait le rapport qu'il devait faire sur sa récente mission.

- Monsieur Kunikida ?
- Oui ?
- Vous ne trouvez pas Monsieur Dazai bizarre ? Il est ... différent.
- C'est pas pour me déplaire, lui répondit-il dans un soupir, mais c'est vrai que ça m'inquiète : quand il est sérieux, la plupart du temps ce sont des problèmes qui suivent...

Atsushi opina du chef, avant de se tourner vers Tanizaki, qui, bien qu'il soit assaillit par sa soeur, semblait soucieux.

- Dites-moi, vous savez ce qui travaille à ce point Monsieur Dazai ?
- A vrai dire je me posais la même question...
- Il a peu être compris que s'il voulait payer la carte du bar il devrait se mettre au boulot, supposa la jeune fille, avant de rajouter, enfin bon ce sont ses problèmes, je ne sais pas si on a vraiment le droit de s'en mêler. Par contre, toi tu viens par là !
- Naomi, lâche-moi, s'il te plaît...pas ici...

Le jeune homme les laissa seuls, et sans vraiment savoir où aller il trouva Ranpo devant lui, sûrement parti acheter des confiseries si l'on tenait compte de ce qu'il gardait dans ses bras.

- Hum ? Tu te fais du soucis pour Dazai ?
- A vrai dire, oui... avoua-t-il, depuis ce matin il travaille, ce qu'il ne fait presque pas d'habitude...
- Le mieux serait sûrement de le laisser, je pense qu'il rumine plus qu'autre chose. D'ailleurs ! Peux-tu monter tout cela sur mon bureau ? C'est lourd... Mais n'essaie pas de te servir dans le tas, je le saurais !
- Heu..oui si tu veux-
- Merci !

Et sur ces mots sont aîné s'en alla joyeusement prendre l'ascenseur.

  De son côté, Osamu ne faisait pas vraiment grand chose : son rapport était totalement décousu, parsemé de fautes d'orthographe qu'il ne prenait pas la peine de corriger, c'était plus un ramassis de ses pensées actuelles : des mots n'ayant leur place dans ce document le couvraient, on pouvait y retrouver des essais de phrases comportant « Chuuya », « pardon », « si tu savais », « je m'en veux », « je suis lâche », « tu as raison », « tu mérites mieux » ou encore toute une ribambelle du même type. Le document n'avait plus aucun sens...

- « J'était avec Kunikida pour une mission, l'ennemis pardon, désolé. Il menacait de faire exploser Je m'en veux, désolé, je suis idiot, j'auraid pas du te laissser Les bidons d'essences se trouvant dans la reserve. Cette mission à été un succes, comme à l'époque ou jamais nous avions connu l'échec, enfin, jusqu'à ... »-

- Ranpo, depuis combien de temps es-tu là ?
- Tu ne m'as pas entendu ? Je t'ai appelé, mais t'étais si absorbé par ce que tu écrivais que je suis venu.
- Tu n'as rien lu d'accord ?
- Mmh...s'tu veux. Lâcha-t-il, gobant un énième bonbon, fidèle à son habitude, avant de se diriger vers son bureau.

  Le brun referma donc son ordinateur portable avant de soupirer : il n'arrivait décidément pas à se concentrer plus de deux minutes. Il voulut aller prendre un verre, mais la possibilité d'y croiser sa limace le retint. Il préféra donc rentrer chez lui.

- - -

  À l'autre bout de la ville, dans ses locaux, un certain mafieux ne tenait en place. Il était dérangé, comme rongé par la culpabilité, ce qui n'était vraiment pas son genre. Mais, ayant un honneur à tenir, il essayait tant bien que mal de cacher son envie de prendre ses jambes à son cou pour retrouver un traître. Et, malgré que certains collègues aient remarqué son agitation, aucun ne semblait vouloir lui en faire part, sûrement de peur de la colère du jeune capitaine. Jamais ils ne l'avaient vu dans un tel état, personne ne pouvait donc savoir à l'avance quelle allait être sa réaction face à un commentaire qui entacherait à coup sûr son égo.
  Il essaya de rassembler sur un document de traitement de texte ses pensées, mettant ainsi des mots sur ses maux. Vérifiant que personne n'était dans la pièce il commença, remplissant bientôt une dizaine de pages. Il s'arrêta, comme essoufflé d'avoir tant écrit en si peu de temps. La plupart parlaient de leur duo d'avant, de sa façon dont il avait été détruit, de son ressenti par rapport à ce départ insensé à ses yeux, des soirées qu'il avait passées à se bourrer la gueule à n'en plus pouvoir, voulant juste oublier, ne serait-ce qu'une nuit, la douleur qui lui tordait les entrailles. Puis comment il avait appris à vivre avec, comment en quatre ans cet homme l'avait tourmenté à tout instant, cet homme qu'il prétend détester, mais ce qu'il déteste c'est ce qu'il provoque, cet amour à sens unique qu'éprouve le rouquin à son égard, ce sentiment de pouvoir tout construire alors que tout s'effondre à chaque fois qu'il l'approche, ces nuits à pleurer espérant en vain qu'il revienne.
  Pour cela, il le déteste, il déteste le fait de ne plus se comprendre, de ne plus penser rationnellement quand cet idiot est dans les parages. Ce qu'il déteste c'est ce que Dazai provoque en lui, ce chamboulement qui lui donne l'impression d'être faible et de ne rien pouvoir, une faiblesse que jamais il n'avoueras car il fait partie de la Mafia, organisation qui met un point d'honneur à sa fierté, et, en tant que capitaine, la sienne est bien plus élevée que n'importe qui d'autre.

Envers et contre tout [OS Soukoku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant