Hasta la vista

30.

T A R I K

Je tourne la tête en même temps que mon frère quand j'entends la porte de mon entrée se reclaquer.

Je fronce les sourcils en voyant la brune s'approcher de nous avec un air qui lui ressemble pas vraiment, elle a l'air désorientée.

Je me tourne complètement pour être face à elle alors qu'elle nous rejoint maintenant dans la pièce. J'analyse un peu mieux l'expression de son visage. Si elle a l'air désorientée dans sa manière de se déplacer, ses yeux et la manière dont les muscles de son visage sont contractés me démontre qu'il s'est passé quelque chose dans sa virée pour rejoindre ses meilleurs potes jusqu'à chez elle. Ses cheveux et ses vêtements sont trempés, la pluie et l'orage déferle sur Paris depuis plus de deux heures, rien qu'à la manière dont quelques unes de ses mèches re-bouclent autour de son visage me montre qu'elle n'a pas juste couru sous la pluie, elle a marché pendant quelques minutes jusqu'ici.

Nabil - Ça va ? C'est le premier à parler entre nous trois, moi j'analyse encore la brune face à moi

Bayan - On va partir tous les deux loin d'ici, ces prochains jours, elle me regarde droit dans les yeux et ne fais pas attention à mon frère qui lui a posé une question

- Qu'est-ce qu'il s'passe ?

Nabil - Merde, il s'éloigne rapidement dans la pièce et je saisis les épaules de Bayan entre mes paumes, je la sens se crisper un instant et elle apporte ses doigts au niveau de ses lèvres, recouvertes de son sang, tiens, mets ça sous ton nez, elle attrape le mouchoir qu'il lui tend

- Fous ton menton vers ta poitrine, pour calmer ton saignement de nez, elle lance un simple à Nabil avant de m'écouter, son front touche presque mon torse, qu'est-ce qu'il s'est passé Bayan ? Elle reste silencieuse et j'expire doucement

Je tourne la tête vers mon frère et il fait un simple geste de la tête.

Nabil - Tu m'appelles, il pince la nuque de Bayan et se taille de mon appart sans perdre de temps en récupérant sa veste posée sur le haut de mon canap

- Deux jours que t'es chez moi et on a failli s'entretuer la moitié du temps, là tu m'annonces que tu veux partir plusieurs jours avec moi, loin d'ici, dis moi, t'es tombé sur la tête en venant jusque ici ou quoi ? Elle relève la tête et regarde vers le mouchoir pleins de sang

Bayan - Je pensais que tu étais plus intelligent que ça pour comprendre, on a déjà eu une conversation à propos de ça, souviens toi, je souris de coin et croise mes bras contre mon torse

- Je partirais pas en Grèce avec toi, j't'ai déjà dit

Bayan - Pas besoin de partir en Grèce pour enterrer ton corps dans le sable, elle me regarde droit dans les yeux, un sourire étire le coin de sa bouche, et vu le prix des billets, je foutrais pas autant pour partir avec toi