Chapitre VII. La musique

108 14 5
                                    


Tu ne peux commencer le
Prochain chapitre de ta
Vie si tu relis sans cesse
Le dernier.

Londres 00h00.

Comme très souvent, je suis installé sur le siège confortable de mon piano, laissant divaguer mes pensées, défouler mes émotions et les laisser guider ma lourde mélodie. A présent ce n'est plus la colère que j'essuie sur le clavier mais ma joie, ce bien être qui me fait remonter la pente petit à petit. Après une longue et intense prestation, je laisse mes muscles se reposer, se défaire de la crispation de mon corps car quand je joue, je le sollicite de la tête au pied. Mes mains jouent, mes pieds et mes jambes jouent, mon dos joue et surtout mon âme joue. Agapé, toi tu es posé sur le plateau comme à chaque fois et tu me regardes, tu m'écoutes. Tu m'as fait comprendre que dans la vie il n'y a pas d'accès au bonheur sans malheur comme il n'y a pas de fleurs sans pluie. La vie est comme un piano, il y'a du noir, du blanc et il faut jouer les deux pour avoir une belle mélodie. C'est avec impatience que je reprends ma lecture.

« Il y a quelque chose d'important que tu dois savoir sur moi. J'aime la vie et tout ce qu'elle contient, les choses simples comme observer notre magnifique constellation, ou me balader dans les rues de Londres, porter par le vent et les feuilles jaunies. M'arrêter devant London Eye et observer sa roue tourner aussi lentement que mes cils se fermant et s'ouvrant devant son immense beauté. Contempler ses brûlantes lumières où ses scintillements se reflètent au plus profond de mon être. J'aime ces choses, par-dessus tout, comme j'aime la musique. Cette chose qui résonne dans nos oreilles, dans mon cœur est la meilleure chose que la vie m'ai offerte. Comme le dit Platon ; La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à nos pensées. Richard Wagner dit aussi que la musique commence ou s'arrête le pouvoir des mots. De ma vie je n'ai jamais rien entendu d'aussi vrai, ces phrases résonnent si fort en moi car je n'arrive toujours pas à mettre des mots sur ce qu'il se passe à l'intérieur de moi lorsque j'ai de la musique dans les oreilles. Pour tout te dire, la plus belle des mélodies est celle provenant du piano. Mon père a toujours tenu à ce que j'apprenne à jouer de cet instrument. Au début, c'était désagréable, je n'étais pas doué et je me sentais forcé d'accomplir une tâche que je ne voulais pas réaliser. Mais un jour j'ai compris. Et ce jour-là j'ai remercié mon père à lui en baiser les pieds pour avoir insisté. Quand mes doigts se baladent sur les touches violemment parfois, délicatement d'autre fois, je ne me sens jamais aussi vivante qu'à cet instant. Quand je suis triste je joue, quand je suis en colère je joue, quand je ne sais plus je joue. Ma mélodie préférée est Blueston Alley. Elle est un tout, un pansement réparant les blessures, ou un couteau les rouvrant. Elle est douce par moment mais prononcée par d'autres. Je la trouve magique car elle inspire la nostalgie, pourtant si on le décide elle est aussi emplie de joie. La préférée de ma mère. Un jour dans un magazine j'ai lu une phrase qui m'a fait rire et je ris en ce moment encore. Elle disait ; j'ai fumé tellement de musique que je vais mourir d'un concert. Je désire plus que tout mourir d'un concert. »

Je n'ai plus besoin de le dire. Je n'ai plus besoin de dire qu'à chaque fois que je lis tes mots ils m'absorbent. Ils me dévorent, m'arrachant les entrailles avec une violence telle que parfois je mets quelque temps avant de m'en remettre. Mes yeux ne veulent pas y croire. Comment une inconnue peut-elle contenir en elle un être aussi similaire au mien ? Agapé tu es un mystère pour moi. Un mystère que je veux comprendre. Il est une heure du matin mais je me précipite sur mon manteau brun cette fois, puis sur le carnet car j'ai ce besoin de l'avoir toujours près de moi, j'ai ce besoin Agapé, de t'avoir près de moi constamment. Un taxi me prend et je me rends à London Eye. Je ne réfléchis plus, je fonce. Je veux comprendre ce que tu ressens quand le reflet des lumières se jette dans tes yeux vert émeraude car c'est comme ça que je les imagine. Une partie de moi prie pour espérer t'y trouver car je donnerais toute mes richesses pour voir ton visage émerveillé par cette majestueuse attraction. Je donnerais même toute mes pauvretés pour voir tes cheveux cuivrés flotter dans le vent automnal car c'est aussi comme ça que je les conçois. Le véhicule me dépose juste devant cette grande roue et le spectacle est d'autant plus impressionnant de nuit. Je traverse la rue et m'arrête devant. Je comprends. Les lumières s'enfouissent en moi, allant chercher mon âme pour lui prendre la main et danser. Mon sourire s'étirant jusqu'à mes oreilles est si grand qu'il me fait mal, pour la première fois de ma vie j'aime la douleur. Alors que je suis perdu dans la beauté de ce qui se trouve sous mes yeux, une main tapote mon épaule. Je me retourne et j'ai le malheur de découvrir que ce n'est pas toi. Pendant un court instant j'ai cru que tu te trouverais en face de moi, m'accueillant avec un doux sourire.

-C'est beau n'est-ce pas ? Qu'attendez-vous pour monter ? Me souffle un vieil homme.

-Ho non, je ne peux pas je ne suis plus un enfant. Je lui réponds amusé.

-Vous savez, il n'y a pas d'âge pour mener joyeuse vie, même si notre corps change on reste toujours un enfant.

-Vous avez raison. Il a raison, ça ne me fera pas de mal. Je cours vers la billetterie puis me jette dans cette roue infinie. Andréass, il y a encore quelques jours tu n'aurais jamais fait ça. La roue tourne jusqu'au moment où je me trouve au point culminant de sa hauteur, je peux apercevoir la beauté de Londres de nuit. Comme à chaque fois tu m'offre une belle leçon de vie. Elle est courte, et j'en prends conscience qu'à cet instant, me poussant à le crier à la terre entière. Je veux te le hurler et je le fais. Je me redresse, écarte les bras en prenant une grande inspiration, brûlant mes poumons par le froid puis cri.

-Je veux changer ! Je veux osez rire, osez pleurer, osez aimer sans jamais le regretter ! Agapé j'espère de tout mon cœur que tu m'entends ! Je veux goûter à la vie, je veux goûter à ta vie ! Je te le répète mais tu m'as sauvé ! »

Après avoir déballer toutes mes déclarations je me rassois immédiatement sous la vue du vide qui m'en donne le vertige et surtout par le responsable de l'attraction qui me crie de me rassoir. Une fois en bas je descends.

-Vous êtes fou, vous auriez pu vous tuer monsieur ! Me crie ce même homme.

-J'aurais dû, mais la vie a décidé de me laisser une seconde chance. Dis-je sous le regard ébahi du responsable.

Agapé tu as été cet éclair qui a secoué ma vie, cette braise qui a frappé lors d'un orage, cette foudre qui a touché mon âme. Tu as apporté cette légèreté à ma vie qui n'attendait plus que ça pour vivre enfin. Tu as ranimé mon cœur au moment où il était sur le point de s'éteindre. Tu es l'espoir que j'attendais désespérément. Tout est musique, un paysage, une musique, un tableau, un carnet est un mélodie. Riens de tout ça ne vaut si l'on entend pas leur musique. Moi, Agapé, j'aime ta musique.

You Changed my storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant