Chapitre 3

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Ma discussion avec Jared tournait en boucle dans ma tête. À dire vrai, notre discussion n'en avait même pas été une. J'ignorais ce qu'il avait voulu me dire, je ne comprenais pas là l'ampleur de ses mots. Je ne l'ai compris que plus tard.

Je n'ai pas dormi de la nuit. J'ai essayé, je me suis tournée dans mon lit à de maintes reprises mais Morphée ne m'a pas fait don de son agréable présence.

À sept heures, ma mère a cru halluciner quand elle m'a vue descendre prendre mon petit-déjeuner. Elle ne m'a pas dit bonjour pour autant, et je ne l'ai pas pris personnellement. Ma relation avec elle avait toujours été plutôt tendue. Je ne rentrais pas dans les codes qu'elle m'imposait, je ne me pliais pas à ses obligeances et cela la rendait furieuse.

Peu m'importe aujourd'hui. En y repensant, je me dis que je n'ai pas choisi ma famille. Je n'ai pas choisi d'avoir des parents exécrables. Qu'est-ce que je pouvais y faire ? Rien du tout.

Olay nous a rejoint quelques heures plus tard. Le Jeu des Roses allait commencer. La vingtième éditon ! Mon père voulait que j'y participe pour rencontrer des nobles. Je savais que son seul intérêt était de me marier au plus riche. Je n'étais qu'une figure décorative après tout.

À onze heures, j'étais devant l'estrade, les mains dans les poches. Mon pantalon avait été vivement critiqué par mes domestiques. À croire qu'être une princesse ne faisait pas quelqu'un de moi suffisamment puissante pour qu'elles se la ferment.

Ma mère n'avait pas encore vu mon accoutrement. Quand elle a débarqué dix minutes avant le début du tournoi, j'ai cru que j'allais y passer.

— Tu te moques de moi ?

Sa main s'est abattue sur ma joue. J'étais habituée aux gifles. Je me disais qu'à chaque coup que je recevais, cela m'aidait à devenir plus forte. Je n'étais pas d'accord avec sa manière d'agir, mais encore une fois, je ne pouvais rien y faire.

— Va immédiatement te changer, a-t-elle sifflé.

— Trop tard, le tournoi est sur le point de commencer.

J'ai souri et ça a été la goutte d'eau pour elle. Elle m'a empoigné par les cheveux pour me forcer à retourner au palais. J'avais tellement mal que je me suis mordue les lèvres pour ne pas pleurer. Je ne voulais pas voir la satisfaction dans son regard.

Nous avions à peine fait quelques mètres que Jared est arrivé comme par magie. Mon sauveur.

Il a fait mine de tomber sur nous par hasard mais ce n'était pas le hasard.

— Votre Majesté, l'a-t-il salué.

Embarrassée, elle m'a relâchée aussitôt et j'ai pu souffler. Jared ne m'a accordé aucun regard pour paraître crédible et a fait la discussion avec ma mère.

Comme une enfant, je me suis détournée d'eux pour observer l'homme du tournoi parler. Il était le symbole du Jeu des Roses et allait animer les jeux, de ce que j'avais compris.

Le Jeu des Roses était une compétition entre nobles, princes et princesses, venant du monde entier. Des mini-jeux étaient organisés pendant une période déterminée. Ce tournoi avait pour principal but de maintenir la paix entre les différents pays.

Autant dire que Socrenia ne faisait pas don de son agréable présence puisque c'était Imir le pays maison cette année.

Ma mère s'est éloignée à son tour et Jared s'est tourné vers moi.

— Je vous ai sauvé la mise.

— Je n'avais pas besoin de votre aide, ai-je rétorqué en lisant mon pantalon de mes mains.

— J'ai pensé que vos cheveux –aussi sublimes soient-ils– ne méritaient pas le traitement de votre tendre mère.

Je me suis plantée devant lui et j'ai dû lever la tête pour le regarder. Les mains sur les hanches, j'ai plissé les yeux et j'ai intimé à voix basse :

— Cessez ce petit jeu avec moi, Jared. Je ne sais pas ce que vous cherchez à faire, mais votre épouse vous attend. Je ne vous ai strictement rien demandé.

— Mais vous m'avez dévoré du regard. C'est bien là une raison suffisante pour voler à votre secours.

Un sourire plein de malice s'est étiré sur ses lèvres et j'ai rétorqué :

— Je hais les hommes dans votre genre. Mariés avec des enfants à la charge, mais ils se permettent d'importuner les jeunes demoiselles.

— Je n'ai pas d'enfants et je ne vous importune pas.

— Vos propos sont déplacés !

— Je ne suis pas non plus en train de vous courtiser, a-t-il ri.

Son rire... J'allais l'entendre encore par la suite mais la première fois que j'y ai goûté, j'ai cru que mon cœur allait s'extirper de ma poitrine.

J'ai gardé mon sérieux et poursuivi :

— Alors que faites-vous ?

Il m'a dévisagée, et ses yeux se sont mis à briller.

— Je vous regarde.

— Cessez donc cela ! me suis-je agacée.

Je me suis détournée et il a lâché haut et fort, si bien que j'ai eu peur que quelqu'un l'entende :

— Je vous admire, Danïa.











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(les images en media ont pas forcément de rapport avec le chapitre, je mets juste les trucs que je trouve jolis 😭)

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐑𝐨𝐬𝐞𝐬 | BONUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant