La fabuleuse histoire d'Alluneil et la division du monde

Chapitre 11: Visite au Nid

Je me réveillai en sursaut. Le fracas de ma porte qui s'effondrait sur le sol nous surpris, Iolyte et moi. Je vis Anthony dans l'embrasure, la jambe droite en l'air et le visage ébahi, figé. Edgard se tenait derrière, sa main cachait ses yeux. J'entendis Rok hurler dans le couloir. Anthony se sauva à toute vitesse. Edgard recula d'un pas. Je me relevai, ne comprenant pas encore, jusqu'à ce que je vis ce qui me semblait être le vieil homme en pleine course pour rattraper le couple de la destruction de ma porte. Je cherchais machinalement mes vêtements avant de sortir de ma chambre pour aller me doucher. Edgard et moi nous nous saluions mutuellement en marchant côte à côte.

"Dis-moi, est-ce que tu penses pouvoir dessiner des croquis de produits ?"

"Je ne sais si c'est une bonne idée. Et puis, c'est délirant, je n'étais pas moi-même hier. J'ai dû avoir un excès de folie."

Nous nous arrêtâmes. Edgard s'était rapproché de moi. Il posa ses mains sur mes épaules sans les serrer pour autant.

"Montre nous quelques dessins. Nous nous chargerons du reste."

"Ils ont déjà été dans le monde de Topaze, ils devineront que vous êtes des rebelles en contact avec moi."

"Alors, adaptes les en fonction de nos modes et nos tissus. Nous ferons la production des vêtements en prétextant qu'un créateur s'est inspiré de voyages dans le continent ou, n'importe quoi d'autre."

Mes doutes se heurtaient à sa lueur d'espoir perceptible dans le léger tremblement de sa voix, ses yeux brillants et ses mains qui m'empoignaient avec plus de vigueur. Je déglutis difficilement avant de me résigner.

"Je vais avoir besoin d'images de vêtements de nobles au court des siècles et d'échantillons de tissus divers. Je ne promets rien."

"Merci, June."

Il relâcha sa prise en soupirant de soulagement. Je sentais qu'il s'était retenu, ne voulant pas me faire mal. Il m'accompagna jusqu'à la cuisine. Il partit chercher du matériel pendant que je me douchais. Je m'installais sur l'un des canapé moelleux, face au jeune homme. Il avait mis à disposition de fines plaque de bois souple, l'équivalent d'une feuille de papier; et des fusains. Je passais toute l'histoire de mon monde dans ma tête ainsi que les vêtements portés jusque dans le présent. J'étais de nouveau dans une sorte d'état second comme la veille, je gribouillais des silhouettes, les unes après les autres. Je revenais à moi quand j'eus terminé le croquis d'une robe que portait une célébrité dont je me souvenais avoir vue dans un magazine. Edgard parcourait les plaques, admiratif. Il n'était pas le seul. Tout le monde s'était réuni autour de la petite table enfin, du plateau qui flottait au-dessus de nos genoux. Je vis des visages inconnus consulter mes dessins en chuchotant des avis positifs.

"Edgard, nous pourrions le faire. Nous n'avons jamais rien vu de tel. Si nous les proposions de manière à ce que le Roi ne nous chasse pas, nous pourrions nous faire une place dans son cercle."

"June avait des idées dessus."

Il leva ses yeux vers moi, comme le reste du groupe. Mes joues chauffaient soudainement, je baissais la tête sur une plaque.

"Comment avons-nous l'autorisation de vendre des produits ?"

"Il faut avoir une plaque d'or de commerçant."

Un jeune homme, les cheveux violacés m'avait immédiatement répondu. Je numérotais les étapes pour mieux nous organiser.

"Nous devons, après avoir eu l'autorisation, ouvrir la boutique dans un local. Plus il est grand et luxueux me ce sera."