Chapitre 2: Le monde magique d'Hessonite

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Des sons lointains me gênaient. Je pouvais distinguer des voix graves, et le froid me donnait des frissons. Je me sentais nauséeuse, mes yeux refusaient de s'ouvrir. Je pus néanmoins entrouvrir suffisamment mes paupières pour constater avec effroi mon environnement. J'étais allongée en position demi assise sur une table d'examen, les poignés et les chevilles attachés aux pieds de celle-ci. La panique montait, mais je pus la contenir en observant les plus discrètement possible la grande salle. Visiblement, j'étais au centre de la pièce. Tout autour, il y avait des plans de travail flottants, devant ceux-ci, des personnes semblaient effectuer des expériences et étudier des données. Dans toute la salle, des cuves, des terrarium et des bulles de liquides lumineux vagabondaient dans les air en ignorant tout bonnement la gravité. Alors que je contemplais avec horreur ce qui ressemblait à un laboratoire, je sentis une vive douleur sur mon bras.

"Aïe!"

À côté de moi, un jeune homme me fixait avec indifférence, une longue aiguille à la main. Il m'avait certainement piqué avec. Ses yeux sombres m'examinaient alors qu'il affichait un air suffisant, un rictus au coin de ses lèvres.

"La fille est réveillée."

Deux hommes s'avancèrent, l'un d'eux devait avoir une vingtaine d'années comme l'addicte aux aiguilles, tandis que l'autre homme devait avoir soixante ans environ. Tout montrait, qu'ils n'étaient pas plus empathiques que leur confrère.

"Très bien, commençons l'interrogatoire."

Le plus âgé nota quelque chose sur une plaque et se pencha un peu au-dessus de mon bassin pour mieux scruter mon corps à moitié nu. Je regrettais d'avoir enfilé des vêtements aussi fins et courts. Sans croiser mes yeux, il demanda sur un ton naturellement neutre.

"Comment utiliser la clef ?"

Je fronçais mes sourcils, complètement perdue. J'ignorais de quelle clef il parlait. Ma réponse tardive, agaça le jeune homme à côté de moi qui me piqua violement le bras encore une fois. Un cri un peu grave s'échappa de mes lèvres.

"Réponds."

Sur le coup de la surprise, mon corps se tendit au point que mes sangles mal attachées tombèrent, pendues jusqu'au sol. Je regardais mes chevilles nues et libres de leurs mouvements. Qui pouvait être assez stupide pour enlever quelqu'un et mal l'attacher ? Je ne m'étendais pas sur le sujet et arrachai l'aiguille des mains du jeune homme. Dans la foulée, je lui embrochai la jambe. Son visage se déforma lentement, ses yeux et sa bouche s'ouvrèrent avant qu'un rugissement sortit du fond de sa gorge. Ses cris résonnaient dans toute la salle, attirant les regards dans notre direction.

"Elle est folle! Vous avez vu ce qu'elle m'a fait ?!"

Il retira l'aiguille de sa cuisse en gémissant, ses plaintes exaspéraient ses deux comparses.

"Tu es doué pour la recherche, mais pour ce qui de tes techniques d'interrogatoires, elles ne sont pas vraiment au point."

Les deux jeunes hommes s'échangèrent plus loin des grossièretés et des moqueries en tout genre. Seul l'homme plus âgé restait muet, près de la table, griffonnant sur sa plaque. Je me recouchais, ayant épuisée le peu d'énergie qu'il me restait. J'avais des vertiges et l'impression que ma tête abritait un tambour. Le fracas de la grande double porte aggrava ma terrible migraine. Un homme vêtu d'habits très moulants ornés d'une collection de bijoux grossiers entra dignement suivi d'un troupeau d'homme habillés de la même façon. Seules deux jeunes femmes les accompagnaient, tout au fond, noyées dans des draps épais brodés de pierres précieuses.

"Fermont, qu'a répondu la fille?"

L'homme âgé leva ses yeux bruns de sa plaque, s'agenouilla avant de balbutier.

La fabuleuse histoire d'Alluneil et la division du mondeWhere stories live. Discover now