Chapitre huit: Les peurs

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Monsieur Arrington la remarqua enfin.L'énervement et la frustration se lisaient facilement sur son visage. Il lui fit signe d'approcher. Ses narines se dilataient alors qu'il respirait fortement. Eléa progressa vers lui, la tête haute. Maintenant qu'elle était là, elle ne pouvait plus faire demi-tour.

Une fois arrivée à sa hauteur, elle offrit à monsieur Arrington un grand sourire.

-Comment vas-tu père?

Monsieur Arrington lui attrapa fermement le bras, l'obligeant à lui faire face.

-Que fais-tu? Tu as encore un peu de temps, va te changer immédiatement.

-Ne t'en fais pas pour le temps père. Ce n'est qu'une illusion.

Son petit parcours l'avait rendue confiante. Néanmoins, elle ne savait toujours pas si elle était capable d'une telle épreuve. Une grande horloge était accrochée à l'un des murs de la salle, surplombant de son autorité tous les invités. Eléa posa le regard dessus.

-Eléa, réponds moi. Va te changer de ce pas.

Eléa l'ignora, elle était bien trop occupée par les aiguilles de l'horloge. Les paroles de Noa ne cessaient de tourner en boucle dans sa tête, encore et encore jusqu'à prendre sens, jusqu'à ce qu'elle comprenne ce que Noa avait voulu dire.

-Eléa, arrête ça toute de suite. Le temps n'est pas une illusion, c'est très important. C'est l'ordre. L'ordre est plus important que quoi que ce soit d'autre, tu ne peux pas le remettre en question.

Et pourtant elle l'avait fait. Elle avait fait appel au désordre, défiant les lois imposées par les hommes depuis des générations. Les aiguilles se mirent à bouger plus rapidement. Ce n'était pas qu'un malfonctionnement d'un objet, le temps s'écoulait, elle le sentait au fond d'elle-même et de toute évidence, monsieur Arrington aussi.

Les invités commençaient à comprendre que quelque chose ne tournait pas rond. Leur visage était marqué par l'inquiétude.

-Tu ne tueras pas ces jeunes filles innocentes. Elle avait parlé avec une voix grave, avec une assurance qu'elle ne se connaissait pas.

-Et qui va m'en empêcher? Hein, toi? La jeune fille qui a peur du temps?

-Regarde moi faire.

Elle dévala les marches de l'estrade sans regarder où elle posait les pieds. Son coeur battait la chamade et elle refusait de s'arrêter. Elle se fraya un chemin dans la foule, le sourire aux lèvres.

Dehors, la nuit était tombée. Rien d'étonnant vu le petit tour qu'elle avait joué avec le temps. Mais, il y avait une chose qu'elle n'avait pas anticipé. C'était l'état du dôme. Il était désormais fissuré à plusieurs endroits. Elle pouvait voir le monstre se déplaçait juste au dessus et jouait avec la crainte des habitants.

-Arrêtez.

Elle avait vu les gardes de monsieur Arrington accompagnés de jeunes filles, au loin. Noa était parmi elles. Les gardes l'ignorèrent et continuèrent leur chemin.

-Je vous ai dit de vous arrêter.

L'un des gardes se retourna enfin.

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