Chapitre huit: Les peurs

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L'idée de sa tenue avait germé dans son esprit. Bien loin de la robe qu'elle avait porté au diner. Elle ne voulait plus se sentir étouffée et s'en ficher de ne pas avoir la taille de guêpe. Elle avait revêtu un simple jean large ainsi qu'un sweat à capuche. Monsieur Arrington les avaient certainement placé là en guise de vêtement de sport ou alors était-ce l'instinct de survie de la jeune fille.

Elle ne se maquilla pas et laissa sa chevelure retombait sur ses épaules sans réelle cohésion. Elle s'empêcha de regarder l'horloge et ignora les "tic tac" incessants.

Monsieur Arrington l'attendait à la soirée. Elle avait insisté pour ne pas qu'un taxi vienne la chercher. "L'exercice physique est primordiale" dit-elle.

Eléa sortit, disant à au revoir à cette belle prison car quoi qu'il arrivait elle savait qu'elle ne rentrerait pas ce soir. Pas après ce qu'elle ferait, pas après avoir défié l'homme le plus puissant.

Elle sortit avec de grands espoirs mais, très vite elle fut déboussolé. Les rues n'étaient pas au bon endroit. Elle était une Londonienne dans l'âme, aucune rue n'avait de secret pour elle. Tout son monde était ébranlé. La perfectionniste qu'elle était n'aimait pas cela. Elle se força à respirer un bon coup, contrôlant chaque inspiration et chaque expiration. Elle se rappelait de ce que Noa lui avait dit. "C'est ton esprit qui est derrière tout ça."

-Noa, j'espère que tu as raison. Elle se chuchota à elle-même sans se soucier du regard des passants.

Elle ferma les yeux et se concentra. Elle imagina les rues telles qu'elle les avait toujours connues, dans le sens qu'elle les avait parcourues un millier de fois. Elle s'imagina les parcourir de la même façon qu'elle l'avait toujours fait. Elle n'ouvrit pas les yeux et ordonna à ses pieds d'avancer, de continuer. Si elle se blessait, ce n'était pas grave. Tout valait mieux que de rester coincer ici. Elle avança sans s'arrêter. L'univers devait être de son côté car elle ne rencontra le chemin de personne, ni d'un lampadaire. Elle ne mentait pas quand elle disait que se balader dans Londres était une seconde nature pour elle. Elle avait imprimé tous les trajets qu'elle avait empruntés depuis petite. Elle les avait imprimés avec une telle précision qu'elle était devenue le meilleur guide touristique dont on pouvait rêver. Elle fit abstraction de son anxiété grandissante, de ses sentiments confus.

Et quand elle rouvrit les yeux, elle se trouva au bon endroit. Elle leva la tête pour observer le dôme qui recouvrait Londres. Elle remarqua que des fissures s'étaient créés. Elle en avait vu apparaitre quand elle avait retiré toutes ses aiguilles. Cela ne pouvait pas être une coïncidence.

Elle entra dans la salle majestueuse que monsieur Arrington avait loué pour l'occasion. Enfin louer était un bien grand mot, il avait simplement du ordonner qu'on la lui laisse et les propriétaire s'étaient exécutés.

Certains invités prenaient l'air dehors et ne prirent pas la peine de cacher leur étonnement à la vue d'Eléa. Ils se penchaient les un sur les autres, sans aucun doute pour critiquer sa tenue. Eléa n'avait jamais osé aller contre l'opinion public. Elle avait passé sa jeunesse à chercher l'acceptation dans le regard des autres. Cela lui faisait tout drôle mais elle ne fit pas demi-tour pour autant. Elle avançait la tête haute. La cerise sur le gâteau arrivait seulement. Monsieur Arrington qui, comme à son habitude se dressait sur une estrade, ne la vit pas tout de suite. Il accordait une interview à une journaliste qui se trouvait là pour l'occasion. Eléa ne put s'empêcher de trouver la situation ironique en pensant que cette journaliste était destinée à mourir dans les plans de monsieur Arrington.

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