𝟾 - 𝙳𝚊𝚗𝚜 𝚝𝚊 𝚍𝚘𝚞𝚕𝚎𝚞𝚛 𝚙𝚊𝚒𝚎𝚛𝚊 𝚕𝚎 𝚖𝚘𝚗𝚍𝚎.

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[ceci est un premier jet à améliorer].

🚨 TW : violence.

𝐑𝐨𝐬𝐞.

Un bandeau opaque est placé sur mes yeux, un nœud trop serré comprime mon crâne dont le pouls pilonne mon cerveau jusqu'à mes amygdales. Il me prive de ma vue et même si je n'aurais plus été en mesure de lire une plaque minéralogique, la perte de ce sens accroît ma peur. C'est irrationnel. Je sais comment ça va finir. Comment je vais finir.

— Voilà. Tu vas pouvoir te concentrer sur tes autres sens, tu vas voir.

Il s'esclaffe.

— Enfin, façon de parler. Donc je te disais. J'ai pris mon mal en patience, puis tout s'est imbriqué. D'abord, j'ai réussi à avoir accès à la partie interdite des Archives. Une salle que seuls quelques-uns pouvaient déverrouiller. Je dois admettre que même moi, je n'ai pas réussi à cracker ça, mais le risque était trop grand. Je devais rester discret, ne pas les alerter. Bref. Une petite forteresse qui renferme les plus grands secrets de Canyon Lake Valley, et pas seulement les dossiers des membres du MC. Parce que tu vois, Olympia, le propre de l'homme est de vouloir laisser sa trace, au cas où. Même les secrets que nul ne doit découvrir ont leurs écrits. Et j'ai réussi.

Je le sens sur ma gauche mais surtout, c'est la fumée de son cigare qui envahit mes narines, tapit mon palais sec, me fait tousser.

— J'ai trouvé un dossier « ORN », au milieu de centaines d'autres fichiers classifiés « classés ». Un intitulé qui n'aurait probablement interpellé personne, mais moi, je ne pouvais pas me permettre d'être négligeant. Je n'avais plus le temps d'en perdre.

Avant même qu'il ne poursuive, je sais que c'est là que la roue a tourné pour lui.

— Tu sais ce qu'il y avait à l'intérieur ?
— Moi.
— Non, expire-t-il à nouveau sa fumée sous mon nez, amusé par mon erreur.
— Non, fais-je pour moi-même, sa réponse soulevant de nouvelles questions.
— L'histoire d'une date qui a marqué un tournant pour la bande d'amis de ton père biologique et le futur du Clan. Mon Graal, doublement. Je savais maintenant que quelque part, des exilés détenaient mes réponses et d'où le MC tirait réellement ses rentrées d'argent, et par extension, toute la ville. Quand je pense que la réponse était sous mon nez depuis tout ce temps... Que le secret est exposé à la vue de tous mais que personne ne voit rien.

Sa dernière phrase est un grognement sarcastique. Je devrais lui poser des questions mais je n'y parviens pas. Il s'est interrompu et soudain, je doute de sa présence, d'être même encore consciente ; de ce que je suis en train de vivre. Les bourdonnements dans mes oreilles n'ont pas cessé mais je me concentre pour le repérer. Je crois percevoir des chuchotements, je ne suis plus sûre de rien. Ce pourrait être mon imagination. En pleine incertitude, mon cœur bondit : et si mon ouïe se faisait la malle ? Et si je n'entendais pas ce que je cherche depuis des semaines ?

Abandonnée à ma soumission absolue dans ce trou, j'essaye de ne penser qu'à de bons souvenirs pour tenir. Danny donne, sans le savoir, du temps aux Darks pour se préparer, lui qui disait ne pas pouvoir se permettre d'en perdre. Le moins que je puisse faire, c'est lutter contre ma fatigue et la renonciation de mon corps. Pourtant, au milieu des rires qui résonnent dans ma tête et me permettent de ne plus entendre mes pleurs, des flashs du dernier regard de ce pauvre Emmett s'interposent. Mon chagrin me submerge. J'en viens à prier pour le retour du Diable, qu'on en finisse, enfin.

***

C'est un nouveau jet d'eau qui me ramène à la conscience. Je ne me suis pas sentie sombrer. Le masque toujours sur mes yeux, j'ai l'impression qu'une chaise supporte mes genoux, mais impossible d'en être certaine. Mes muscles sont soit trop crispés pour que je puisse bouger et vérifier ma position, soit envahis de fourmillements. Le résultat et le même : je n'ai plus qu'une vague notion de ma posture. En revanche, le froid qui m'assaille de l'intérieur, lui, est bien établi.

SAUVAGESWhere stories live. Discover now