Chapitre 10

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Le lendemain matin, ils sont réveillés à l'aube. Matinée presque militaire avec lever de drapeau dans une cour non loin des dortoirs et maigre petit déjeuner. Ils sont en permanence accompagnés de gardes, qui surveillent le moindre fait et geste de la division.

— J'étouffe, marmonne Karima. C'est quoi ça encore ?
— J'espère qu'on en aura bientôt fini, ajoute Kristin. J'en peux plus de les avoir sur le dos. Avec leur gros casque là. On dirait des mouches à merde.

Karima ricane en entendant les mots de son amie avant de se plonger dans son repas. Sec et infect, il est bien pire que les rations qu'elle mange d'habitude lors des missions longues. Elle qui pensait ne pas connaître pire que ces briques comestibles, elle est bien servie.

— J'arrive toujours pas à croire qu'ils nous ont manipulés pour nous faire attaquer Harmony, souffle une voix près d'elle.

Karima lève la tête et découvre Raphaëlle et Gunnar qui se posent à côté d'elle. Les trois ont tissé des liens durant leur petite escapade nocturne dans l'avant-poste et les frayeurs et aventures qu'ils y ont vécu les ong bien rapprochés. Karima jette un coup d'œil à la jambe de Raphaëlle qui a l'air d'aller beaucoup mieux. Elle suspecte l'étrange technologie trop développée à son goût du gouvernement.

— J'ai le pressentiment que c'est eux qui ont fondé les Black Ashes, ajoute Gunnar en soupirant. Ça ne m'étonnerait même plus.

Le silence règne sur la longue table rectangulaire. Personne n'ose piper mot alors que les discussions et débats sont d'ordinaire animés dans la division. La nouvelle qu'ils ont appris hier les a assommés, et la tension entre eux et le gouvernement n'aide en rien à alléger l'atmosphère.

Au bout de précisément une demi-heure, les gardes forcent la division à se lever et à sortir de la salle de petit-déjeuner. Karima compte bien faire exprès de rester histoire d'énerver un peu les soldats, mais Kristin l'attrape par la main pour l'empêcher de faire n'importe quoi.

Quelques virages dans des couloirs aux murs et sols transparents plus tard, ils arrivent dans le bureau d'Isabel. Bien rangé comme la veille, et comme Karima s'y est attendue, Isabel est impeccable sur elle. Elle porte le même uniforme bleu marine et ses cheveux sont attachés dans un strict chignon.

— Bonjour. J'espère que vous avez bien dormi et mangé.
— Absolument pas, répond Karima d'une voix faible mais suffisamment forte pour que tout le monde l'entende, et particulièrement Isabel. C'était pas confortable du tout et le repas était dégueu.

Roman se pince l'arête du nez, exaspéré comme toujours par l'audace de Karima. Certains ricanent, d'autres cachent leur hilarité derrière une quinte de toux tandis qu'Isabel lance un regard sombre à Karima, appréciant peu l'intervention de la hackeuse.

— Comme je vous l'ai déjà fait remarquer hier, je vous demanderai de respecter un peu plus cet endroit, jeune Karima, déclare Isabel les lèvres pincées.

Loin de se démonter, Karima lève les yeux au ciel avant de planter son regard dans celui d'Isabel qui marmonne dans sa barbe avant de rencontrer le regard de Roman et d'Amalia.

— Si vous voulez bien me suivre, il y a quelque chose que j'aimerais vous montrer.

À contrecoeur, Roman annonce à ses hommes de le suivre, certains toujours à essayer de masquer leur rire. Isabel les mène dans une pièce noire, avec un immense écran au fond. Plusieurs ordinateurs sont installés à l'opposé et des sièges en cuir sont posés devant l'écran.

— Prenez place je vous prie. Je vais vous faire le débriefing de nos futures actions ensemble.

Quelqu'un toqua à la porte, et Isabel alla ouvrir en souriant. Un homme apparut à l'entrée. Il toisa la division de toute sa hauteur avant de détacher son regard marron foncé d'eux. Il marcha lentement le long de la pièce sous le regard à la fois curieux et suspicieux de la division 4 avant d'aller se placer debout à côté de l'écran géant. Il tritura un instant sa moustache aussi brune que ses cheveux coupés court et tirés en arrière.

— Je vous souhaite la bienvenue ici, division 4 des Black Ashes. Je me nomme Felipe Shinoda do Nascimento. Je suis le ministre des armées et de la protection civile. Je vais vous présenter le projet que nous avons pour vous.

Il allume l'écran où apparut la même carte que Karima avait vue la veille. Il commence à expliquer que les points rouges représentent les victimes en temps réel de la bactérie. Ils sont étonnamment nombreux. Et il leur montre des endroits qui sont totalement inconnus à la division.

— Vous aller vous séparer en trois groupes. Un qui sera avec Mme Weber, un avec un autre de nos collègues et le dernier avec moi. Chaque groupe aura un rôle bien précis à suivre. Nous espérons que cela nous permettra de régler au plus vite ce problème de bactérie. Des questions ?

Une question évidemment Karima en a une. Sans même prendre le temps de lever la main, elle met ses paumes en porte voie avant de poser, ou plutôt crier sa question.

— J'peux savoir pourquoi vous vous embêtez à ce point ?  J'veux dire vous auriez pu nous prévenir. Quand vous nous avez manipulés pour attaquer l'avant-poste. En mode j'sais pas moi, hé faites attention y'a une petite bactérie faudrait éviter de la faire sortir, ha ha ha.
— Karima c'est bien ça ?
— Non c'est le pape.

Felipe s'approche de Karima qui soutient son regard. Roman, derrière sa sœur, se crispe en le voyant et se promet de lui en mettre une s'il ose toucher ne serait-ce qu'à un de ses cheveux. Le reste de la division sent la tension de leur chef et leur regard se porte sur Felipe.

— Je me passerai volontiers de tes commentaires, Karima. Ose me parler encore une fois sur ce ton et je me charge personnellement de toi, est-ce bien clair ?
— Calme-toi Felipe, fait Isabel d'un ton sombre et menaçant avant que Karima ne puisse répondre. J'ai encore besoin d'elle alors si tu la touches c'est moi qui me charge de toi.

Le sourire affable et faussement chaleureux qu'Isabel a eut quand le ministre est entré a disparu. Karima aperçoit par la même occasion une faille dans leur relation. Un rapide regard vers sa division lui apprend que malgré leur air nonchalant, les autres suivent avec grand intérêt l'échange entre les deux ministres. Autant de temps passé à l'extérieur leur a appris à se méfier de tout, mais aussi de chercher des failles et de les exploiter. Et ici, leur regard entraîné en a découvert une.

Felipe finit par abandonner le duel de regards avant de sortir en pestant. Une femme entre derrière lui, et lève les yeux au ciel en le voyant dans cet état. Elle paraît plus jeune et plus avenante qu'Isabel et Felipe mais Karima remarque facilement qu'elle a l'air d'une vipère en quête de sa proie.

— Je me présente, Maria Konstantos. Je suis ministre de la technologie et de la communication. Je m'excuse de mon retard. Je vais donc vous appeler et vous irez ensuite vous placer vers celui d'entre nous qui va vous prendre en charge.
— Felipe ! hurla Isabel. Dépêche toi de revenir.

Le ministre des armées et de la protection civile entra de nouveau dans la salle et se plaça entre Isabel et Maria. Elle commença à appeler des noms, et Karima remarqua que chacun avait pris une affectation ou presque.

Isabel repart avec les pilotes et Amalia. Maria, les hackeurs. Felipe quant à lui a les quatre escouades de soldats et Roman, au grand désespoir de Karima. Même si elle n'arrête pas de lui lancer des piques, elle doit avouer que sans son aîné, elle se sent toujours un peu perdue.

— Bien. Maintenant que vous avez vos rôles, nous pouvons commencer.

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