Je ne t'en veux pas...

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Myriam frissonna. Elle pensa de nouveau au fils de son oncle : Assane . Un prétendant qu'elle avait toujours repoussé sans ménagement, dégoutée par son oisiveté et ses manières de dandy.

Elle avait toujours eu l'impression que ce mec était né en ayant oublié son swag dans l'uterus de sa pauvre mère! Mon Dieu, cria -t- silencieusement aidez- moi ! seigneur la c'est le moment de te manifester mon pote !!! Elle essaya d'imaginer son père, les menottes aux mains, la famille si digne ruinée, et sa sœur...Que représentez sa vie, ses désirs, ses rêves, contre tout cela ? 

Une goutte d'eau dans l'océan... 

Elle était l'ainée, le pilier de la famille après son père. Ce père qui lui avait tout donné à chaque fois qu'elle l'avait souhaité. Ce père, qui s'échinait a la tache depuis presque trente ans pour ses enfants sans jamais se plaindre... Que faire ?

Son attention fut attirée par son reflet dans la fenêtre. Distraitement, elle se dit qu'elle devrait faire le ménage plus souvent les vitres. Franchement ça prenait 10mn. 

Que faire... 

En plus, elle savait avec du vinaigre blanc et de l'eau, c'était encore plus rapide !

Que faire merde...

Tellement la flemme de faire le ménage des vitres. Apres tout, à quoi servait la pluie ?

Que faire bordel...

Elle prit sa décision. Se levant sans crier gare, elle se dégagea des bras de sa mère, qui la suivit par réflexe ; sortit résolument de la chambre et se dirigea d'un pas ferme vers le salon avant de changer d'avis et d'aller foutre le feu aux fesses d'oncle Joe... oh oui ça lui ferait un bien fouuuu! pensa' t elle avec bonheur; ou une kalachnikov peut être... Elle trouva son père, la tête entre ses mains, la tante à ses cotés. Devant cette scène, elle retient son envie de se rouler par terre en hurlant de dépit. Son père avait l'air si désespéré... La jeune fille se secoua la tête pour chasser ces idées terrifiantes de son esprit. Sa voix claqua comme un coup de fouet dans le silence de la pièce

- Papa, martela -t- elle, tu dirais à mon oncle que je serais fière d'être l'épouse de son fils, à la condition extrême que je marierai que dans un mois. Je désirerai connaitre un peu mieux mon futur époux ( et chercher ou l'enterrer... ajouta t elle in peto) Tati ? je te laisse le soin de préparer avec maman ma nouvelle garde robe comme la tradition l'impose.

Elle se dit qu'elle était désormais prête à détrôner la voix de Siri et retient de justesse un fou rire nerveux en se rendant compte du discours sans âme quelle venait de dire d'une traite.

Elle prit sa veste et son sac à main puis s'adressa à sa mère qui s'était postée derrière elle - Maman, je sors et je compte rentrer assez tard. Ne m'attendez donc pas pour diner. Sur le seuil, elle se retourna et rencontra trois paires d'yeux qui la fixaient, ahuries. Elle regarda son père, et malgré son cœur qui saignait , lui sourit. D'un sourire qui voulait tout dire.

- Ne t'inquiètes pas papa... je ne t'en veux pas.

Pour une nuit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant