Laisses moi t'expliquer!

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Aveuglée par les larmes, Myriam n'attendit pas les dernières paroles de son père et courut se réfugier dans sa chambre, en proie à un chagrin sans limites. Elle se jeta sur son lit et se mit à sangloter éperdument. -C'est un cauchemar, se répéta -t- elle je vais bientôt me réveiller. Pas moi pas papa, pas mam !

Je ne suis pas entrain de pleurer sur mon lit comme une héroïne de bande dessinée quand même ! cria-t-elle en se retournant sur le dos.

D'une main tremblante, elle se passa la main sur son visage, mélangeant au passage ses larmes et sa morve. Arghhh. Nooon au secours!

Elle se leva brusquement pour attraper un mouchoir dans son tiroir puis, et se mouchant avec la puissance d'un éléphant en rogne, elle se posta devant sa fenêtre. Réfléchir... Réfléchir... il fallait réfléchir ! Si ce n'était pas une blague... Le visage de son père se superposa à la voiture noire qu'elle regardait en bas de la rue. Définitivement, ce n'était pas une blague ! ok! Elle voulait comprendre. Oui, pourquoi elle ? le mariage n'avait jamais été dans ses projets. Elle n'avait que vingt ans , préparait son avenir avec ses amies, sortait en boite comme tout le monde. Bien sur, elle n'avait pas un petit ami « comme cela se devait » . Elle menait sa vie sagement, pas en recluse certes, mais avec distinction. Ses amis la surnommaient ' Xena la guerrière' tant par ses réflexions perturbantes que par son pouvoir de persuasion. Tous savaient que aussi charmante qu'elle était, elle pouvait se montrer dure, quelquefois intransigeante. Se marier ? non mais c'est une blague ? Arrêter ses études peut être ? Et pour qui ??? A la rigueur avec Johnny Deep... mais Assane!! beurk!Perdue dans ses pensées, elle sursauta quand une main se posa sur son épaule. Elle n'avait pas entendu arriver sa mère. - Myriam, commença celle ci, je sais que tu ne comprends pas. Je sais aussi que tu es déçue par nous, ton père et moi. Mais...

Même pas en rêve, elle allait écouter sa mère sur ce coup la...

- Je ne suis pas déçue par vous maman, l'arrêta sa fille d'une voix tremblante mais je ne vous comprends pas. Vous m'avez élevé libre et libérée, m'apprenant à assumer mes décisions et à prendre ma vie en main. Et aujourd'hui sans crier gare, vous voudriez bouleverser tout cela en m'imposant un mariage ?!?

Indignée, elle se retourna et fixa sa mère d'un œil dur. Attendez une minute... elle avait dit Johnny Deep? Faut vraiment que j'arrête de divaguer la, se gourmanda t elle ! T'as un petit souci là.

. - Je sais ma fille, continua madame Diop sans se douter des délires de sa fille ; Puis comme se parlant à elle même : ton père m'a interdit de t'expliquer mais il faut que je le fasse...

- Que se passe -t- mama ? demanda Myriam, excédée

- Ton père ne veux pas de ce mariage

-hiihiiihii Eh Ben il me le prouve bien mal alors, ricana -t- elle -

Cesse d'être cynique Mya, ça ne te va pas...

A l'entente de ce surnom si tendre qu'utilisait sa mère quand elle la consolait, Myriam éclata en sanglots. Au diable la morve ! Sa mère la prit dans ses bras et la berça tendrement. Elle sentit un remous au plus profond d'elle même. Elle ressentait ce que sa fille vivait. Oui, seule une mère pouvait comprendre cela. Ce lien indestructible, ce cordon ombilical qui la relie à jamais à sa fille... Elle se mit à parler doucement

- Connais tu bien oncle Joseph ? Sans attendre de réponse, elle continua

-C'est le beau fils de ton grand père, le frère adoptif de ton père. Tu sais que ton oncle a toujours été jaloux de ton père et a toujours cherché à le nuire d'une façon ou d'une autre !

Soudain prise d'un doute, Myriam s'essuya les yeux et regarda sa mère

- Mais ce que tu ne sais pas, ce qu'on ne savait pas tous, c'est que ton oncle avait soudoyé le comptable de la société ou travaille ton père. Ce dernier prélevait de folles sommes d'argent au nom de ton père depuis presque un an...

- Quoi ??!? Myriam sauta sur ses deux pieds et fixa sa mère, choquée. yo yo yo pause! Tu veux dire que papa est victime d'un ... chantage ? Mais c'est odieux !!!

- Je n'ai pas fini. Le comptable a convoqué ton père pour le sommer de rendre des comptes, des comptes justifiés. Et comme par hasard, ton oncle est tombé sur cette scène. Il a soi-disant convaincu le comptable de ne rien dire puisqu'il pouvait rembourser l'argent en ques...

- Une minute maman ! la coupa Myriam c'est facile ça, beaucoup trop facile ! papa n'est pas coupable. Même l'idiot de service verrait que c'est un piège grotesque. Il doit aller à la police.

- Et la police va croire qui d'après toi ? Tous les papiers portent la signature de ton père en bonne et due forme...

- Mais comment est ce possible ?

- Ton père faisait confiance à Philippe tu sais. Il signait tout ce qu'il lui donnait les yeux fermés

- Oncle Philippe ????????? hurla la jeune fille, les mains sur la bouche

Myriam ne parvenait pas à y croire. Philippe Marco était un ami de longue date de la famille. Il les avait toutes vu naitre ; D'ailleurs, c'était le parrain de sa sœur Christina!

- Et le problème, continua sa mère, c'est que le PDG de la société arrive dans une semaine pour une vérification et audit généraux. Si jamais ton père est dénoncé... Ses yeux se remplirent de larmes - Si jamais ton père est dénoncé, continua t elle entre deux sanglots, il perdra non seulement son emploi mais tous nos biens seront saisis , se mit à hoqueter sa mère. Que deviendra ta sœur ? Tu sais que seul ton père peut s'occuper d'elle...

Silence

Seulement troublé par les sanglots que s'efforçait de retenir sa mère, la tête baissée sous le poids de son chagrin. Myriam fixait celle ci sans la voir, s'efforçant d'analyser la situation. Essayant de se mettre à la place de son père. Essayant de trouver une solution... Qui ne venait pas. Elle connaissait père Adama. Il avait dû tourner et retourner le problème dans toutes les sens. Sans issue.

Oh mon dieu...

En effet, sa sœur Christina avait seulement dix ans quand on diagnostiqua chez elle une maladie grave des reins. Chaque semaine, elle est obligée de faire une dialyse, attendant toujours une greffe. Ce qui coutait extrêmement cher. Sinon elle risquait de mourir. Elle allait mourir. Maintenant, elle commençait à comprendre... En fait non, elle avait compris. Sur toute la putain de ligne. Mais ne put s'empêcher de poser la question qui lui tenait à cœur, même si elle connaissait la réponse à l'avance. Elle se tourna vers la fenêtre

- Mais qu'ai-je à voir dans toute cette histoire ? murmura-t-elle

Sa mère la regarda enfin, émue

- En échange de.... Ce service, Joe a demandé ta main pour son fils. Ses raisons, je ne les connais pas. En tout cas c'est ce qu'il a demandé

La prenant par les épaules sa mère la fit tourner face à elle et parlait, parlait... Mais Myriam n'entendait plus, elle souffrait. Elle avait mal. Elle savait que sa mère mentait. Oncle Joe s'était toujours senti exclu de la famille de son père et pour se venger, il avait créé cet ignoble subterfuge dont les prisonniers n'avaient aucune chance d'y sortir, en l'occurrence, eux. Il répétait souvent en riant qu'elles étaient les seuls moyens pour faire souffrir père Adama. Espèce de salopard... le gredin. L'enculé. Le fils de pute. Pardon grand mère. Sorry but not sorry...  

Qui a mis au monde ce crachat de pangolin???

Pour une nuit.Where stories live. Discover now