Cher Journal...

*4*

« Cher Journal,

Comment fait-on pour tomber amoureux ? Pour oublier le mal et ne retenir que le bien ? Pour aimer une personne au point de tout accepter pour un simple sourire, une main tendue, et un câlin innocent ?

J'ai une réponse : la contrainte.

Par la force, la violence, les cris, on peut tout obtenir... Mais ça, ça ne concerne que les esprits forts. »

***

Je ne sais pas trop ce que j'ai commandé, cela dit, j'adore. Peut-être que le regard brûlant d'Adam me donne l'impression que tout a un goût sucré ? La soirée s'achève et nous allons rentrer... Chez qui nous irons reste la question principale. Celle qui fait palpiter mon cœur et mon entrejambe.

– Le dessert te convient ? demande-t-il, et je souris niaisement.

– Tu as du goût ! répliqué-je en léchant la cuillère.

– Je savais que ça te plairait, assure-t-il, sûr de lui.

Adam observe mon geste, son sourire devient crispé, tandis que son regard s'assombrit sans attendre. Je ne devrais pas le provoquer, et puis il est normal de savourer jusqu'à la dernière trace un dessert aussi exquis... À qui essayé-je de faire croire ça ? Je veux qu'il me désire. Je veux coucher avec lui, ce soir... et demain... Quand il demande l'addition sans me quitter des yeux, je me sens victorieuse.

– Tu... as-tu as passé une agréable soirée ? bégaye-t-il en se plaçant devant le volant.

Adam regarde devant lui, hésitant, comme s'il avait voulu me poser une autre question.

– Je passe toujours d'agréables moments avec toi, et tu le sais, tenté-je de le rassurer.

Étrangement, ça a l'effet contraire.

– Oh, merde...

La tension monte, mon stress aussi. Qu'est-ce que ça veut dire ? Il ne pense pas la même chose ? Il ne pensait pas aller aussi loin ? Tout ceci serait de l'improvisation et Adam regrette... Je suis perplexe, n'ose rien dire et observe les maisons qui défilent devant mes yeux... Quand nous arrivons, je sors sans attendre afin de réorganiser mes pensées à l'air frais. Une chose est sûre, j'ai besoin d'une réponse à son attitude. Ensuite, selon son explication, soit nous finirons la soirée ensemble, soit chacun rentrera chez soi.

Adam ne semble pas pouvoir affronter mon regard, il réfléchit à toute vitesse, l'angoisse rend sa respiration erratique, et j'avoue que l'agacement me gagne. Bon sang, pourquoi est-ce que tout part constamment en vrille de la sorte ? Devrai-je me méfier de chacun des mots que je prononcerai à l'avenir ? Il doit y mettre du sien, s'exprimer un peu plus sur ses ressentis ou alors... ça ne marchera jamais.

– Pourquoi : merde ? claqué-je en croisant les bras.

Adam baisse la tête et regarde ses pieds, l'envie de me jeter sur lui afin de le secouer n'a que rarement été aussi grande, mais je me contente de m'approcher assez pour qu'il ne puisse plus éviter mon visage. Quand il redresse un peu sa tête, je peux distinguer de vives rougeurs sur ses joues. Cependant, je ne me défais à aucun moment de ses sombres pupilles.

– Et si nous montions chez moi ? propose-t-il contre toute attente.

Quoi ? C'est une blague ?

– Non ! grondé-je, au bord des larmes. Je veux que tu me dises pourquoi tu as dit « merde » !

Adam se passe la main dans les cheveux, il marmonne quelques mots que je ne saisis pas, son sombre regard m'hypnotise, parce que des étoiles y naissent à vue d'œil, c'est magnifique. J'ai un mouvement de recul lorsqu'il tend brusquement les bras pour me saisir afin de me plaquer contre lui, et ses lèvres s'écrasent sur les miennes. Il ne me laisse aucun répit, son baiser est tellement passionné que j'oublie tout ce qui m'entoure tant le feu qu'il crée dans mon être me consume littéralement. Je m'accroche à lui, découvrant une nouvelle fois cette facette qu'il ne partage pas. J'ignore tant de choses sur lui, je m'en rends compte durant une mini seconde, puis la peur de l'inconnu à peine naissante se dissipe, car Adam se recule, pantelant comme je le suis, et dépose son front contre le mien tout en me serrant un peu plus contre lui... Mon bas-ventre se comprime d'anticipation lorsque la fermeté de son corps m'accueille.