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« Cher Journal,

Comment te décrire l'injustice de ce monde ? Comment crier ma peine alors que la vie poursuit son chemin ? Sans moi. Comment est-il possible que certains puissent faire ce qu'ils désirent, et d'autres subissent indéfiniment... Nos actes dirigent nos vies et les mauvais choix condamnent.

... Je suis perdue.

Je l'ai été à la seconde où j'ai préféré ma solitude à un entourage hypocrite. Je me suis égarée en quittant la maison familiale, mes parents... Dieu, qu'ils me manquent. Je me suis condamnée en étant une proie seule et facile... Espérer faire une bonne action pour calmer les démons intérieurs n'est pas judicieux, car les monstres sont partout. »

***

Un an plus tard...

Quelle belle journée ! J'ouvre la fenêtre de ma chambre, ensuite celle du salon, et mon regard se perd sur la silhouette qui m'imite dans l'immeuble d'en face. Adam. Je ne vois pas très bien ses traits, mais je sais qu'il me sourit. C'est pourquoi je secoue la main en guise de bonjour. Un signe de la main qu'il me rend aussitôt, puis il saisit quelque chose qu'il regarde un instant... Et mon portable vibre.

« Promenade au parc, et déjeuner chez Lilas ? »

Mon cœur se met à tambouriner, mon ventre devient un nid à papillons qui, vicieusement, de me secouent de l'intérieur. Adam veut me revoir, encore, et il aime passer du temps avec moi. Il souhaite avancer, lentement. Je réponds sans attendre, et descends tout de suite, le sourire aux lèvres.

Rapidement, je me refais une petite beauté, avec l'espoir de lui plaire un peu plus chaque jour, je désire qu'il me considère autrement qu'une amie à l'écoute.

Adam m'attend, sourire aux lèvres, il est si beau. Ses cheveux dansent au rythme du vent, tandis que son regard sombre tacheté de lumière est semblable à des lucioles lors d'une nuit sans lune. Une petite barbe de quelques jours sur le menton, signe qu'Adam déteste se raser et ça ne me gêne aucunement d'ailleurs.

– Bonjour, ma belle, me dit-il en tendant sa main que je prends sans réfléchir. Tu as passé une agréable soirée ?

– Très belle, et ensuite, je me suis retrouvée seule... boudé-je en le reluquant à travers mes cils.

Hier soir, nous avons regardé une comédie dans les bras l'un de l'autre, nous étions si proches, riant quelquefois. Sa proximité, son odeur, sa douceur me font perdre la tête au point que rien d'autre n'a vraiment d'intérêt. J'avais tellement envie qu'il ne rentre pas chez lui, qu'il me fasse toutes ces choses que son regard exprime à travers ses silences. Adam me désire, c'est certain. Malheureusement, nous stagnons sur ce cap, l'amitié qui nous lie ne semble pas vouloir évoluer en autre chose. Il ne peut pas ne pas s'en apercevoir.

– Tu ne voulais pas que je m'en aille, s'étonne-t-il, son sourire devenant gêné, merde. Je... Je ne savais pas, je croyais que... désolé.

Il semblerait que si, la honte me submerge instantanément. Merde, Leila !

– Calme-toi, Adam, je te charrie, balbutié-je en détournant les yeux.

Il me dévisage, ébahi. Cet instant est délicat, je songe à être plus explicite afin de le rassurer, mentir vraiment pour détendre l'atmosphère de sorte qu'il oublie ce moment gênant. Cela dit je m'abstiens, et le laisse mijoter, car je veux qu'il sache que j'ai envie de plus... depuis un moment déjà. S'il joue les ignorants après tous les signes que je lui envoie ça voudra simplement dire qu'il n'en a pas envie lui, que je me suis bel et bien fait des films. Une voix me gronde dans ma conscience, je devrais être franche et cesser cette comédie, mais je n'en ai pas le courage.

Cher Journal...Where stories live. Discover now