J'ai vite compris qu'il ne voulait pas être infidèle à un fantôme, qu'il avait honte de vouloir revivre sans elle. Ensuite, Adam m'annonce qu'il ne peut supporter de prendre des distances avec moi, ma joie a alors été à son comble... C'est pourquoi j'ai attendu, je suis restée son amie... Et les sentiments ont éclos chez moi, mais aussi chez lui, et ce, malgré son acharnement à renier cette tromperie qui n'existe que dans son esprit.

« J'aimerais que l'on dîne ensemble, dans un restaurant, pour... pour faire les choses comme il faut. »

Mon attente a payé, je sais que je ne le regretterai pas, parce qu'Adam est mon homme parfait. Je soignerai son cœur brisé pour y laisser l'empreinte d'un amour nouveau qui engendrera un avenir radieux. On peut se le permettre, tout ira bien... Oui, tout ira bien.

La sonnette retentit et je saute d'un bond tant je suis excitée. Un regard autour de moi, je peste silencieusement tant c'est le bordel. Comment ai-je pu mettre un si grand désordre juste en me préparant ? Je me rassure hypocritement, car il ne va pas entrer, de toute façon... Je l'espère, en tout cas. Je saisis mon sac, ouvre la porte et me précipite dehors tout en la refermant derrière moi pour clairement lui faire comprendre que nous partons sur-le-champ. Adam plisse un peu les yeux sans comprendre, alors je souris de toutes mes dents pour minimiser ce manque de politesse, cela ne fait qu'empirer les choses.

– L'appartement est en désordre, je ne veux pas que tu voies ça, avoué-je d'une petite voix honteuse.

Adam sourit avec amusement, son regard s'illumine et propage un délicieux frisson qui s'étend là où ses yeux voyagent. Je crois que ma robe lui plaît. Seigneur tout puissant, peut-on jouir sans être touchée ? Adam est surpris, agréablement surpris. Sa bouche s'entrouvre, ses prunelles s'illuminent dévoilant des étoiles bleutées, et sa lèvre disparaît entre ses dents. Oh, putain... je pourrais le regarder toute la soirée.

– Tu es belle, Leila... je... je me sens ridicule maintenant, bafouille-t-il en passant la main dans ses cheveux.

Fronçant les sourcils, je ne comprends pas pourquoi il dit ça. Adam s'habille toujours bien. Il porte une veste de costume, une chemise blanche et un jean noir. Classe et simple à la fois... D'ailleurs, s'en rend-il compte ? Sait-il combien il est attrayant ? Évidemment qu'il le sait, je crois qu'il s'en fiche, tout simplement. Le regard des autres femmes sur lui le laisse indifférent... parce qu'une seule a compté pour lui jusque-là... jusque moi.

– Ne dis pas de bêtises, tu es parfait... Allons-y, d'accord ?

Je ne comprends pas pourquoi il a si peu confiance en lui ? Adam est un très bel homme, grand, bien bâti. Il s'entretient en faisant du sport chez lui, où une chambre a été aménagée pour ça. Il s'habille bien, et mis à part son incessante petite barbe de quelques jours, il est impeccable. C'est sexy, il faut l'avouer, mais ça gratte, ça pique, ça chatouille... J'aime pourtant avoir ses lèvres sur ma nuque, et je me demande l'effet de ses poils sur... Non, ne va pas trop vite, Lei. Il a besoin de temps ! Je me demande si la mort de sa femme ne l'a pas poussé dans une sorte de torture personnelle. Il se punit de ne rien avoir vu, de ne pas avoir pu empêcher l'inévitable. Adam évite de parler d'elle, ou plutôt de sa mort. En revanche, il aime me décrire ses mimiques, son sourire, son regard... Et je suis jalouse comme pas possible, cependant je garde pour moi cette rancœur mal placée...

Je suis son avenir.

Main dans la main, nous sortons de chez moi, il m'ouvre la portière et j'entre sans me défaire de mon sourire, tout comme lui. Le chemin se fait dans un silence gênant, et pourtant apaisant. Nous sommes bien ensemble, nous avons longtemps été amis, et le changement de notre relation était nécessaire... Je l'espère.

Cher Journal...Where stories live. Discover now