𝐉𝟑 | 𝐀𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐨𝐦𝐧𝐢𝐬𝐜𝐢𝐞𝐧𝐭

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Trigger Warnings en préface
Contenu explicite

     Au fond de son armoire, Marco cachait son plus grand secret. Après son homosexualité, évidemment, parce qu'il n'avait pas l'intention de le partager à qui que ce soit tant que ce n'était pas d'une extrême nécessité. Il avait peur des questions gênantes, plus que des mauvaises réactions — même si parfois ça le terrifiait. Il était gêné que ses parents le pensent capable de tomber amoureux. Une pudeur insensée puisque de nombreux êtres humains sur cette planète aiment, et le monde entier semblait lui rabâcher que c'était la plus belle chose qui soit. Pourtant, le jeune homme ne trouvait pas que « beau » était la définition de l'amour.

     Bref, il y avait deux choses dans ce placard : Marco — pardonnez-moi pour le jeu de mot de mauvais goût — et un grand miroir. Au début, il n'avait rien d'étrange ; si ce n'est une provenance inconnue. Lorsque ses parents avaient acheté la maison, les anciens propriétaires avaient laissé quelques meubles, dont l'armoire de Marco avec l'objet poussiéreux à l'intérieur. Ses parents le lui avaient laissé, car ils n'en avaient pas besoin, et qu'ils pensaient que le brun en trouverait peut-être un jour l'utilité.

     Mais tout ça, ce n'était qu'au début. À l'origine, il n'y voyait que son propre reflet, il pouvait arranger sa coiffure, ou compter ses tâches de rousseurs lorsqu'il s'ennuyait vraiment beaucoup. Il avait un avis mitigé sur celles-ci, ne sachant s'il les aimait ou si elles ruinaient son visage. Mais il s'y était habitué.

     Puis un jour de décembre, juste avant les vacances d'hiver de son année de terminale, il y avait vu quelqu'un d'autre. Rien d'effrayant, pas de monstre ou de tueur en série, juste un adolescent de son âge. Ou plus précisément, son meilleur ami. Jean. Il le voyait évoluer comme s'il y avait des caméras qui le filmaient, et que ce miroir était un écran diffusant les images. Sauf qu'il n'y avait pas de caméra.

     La première fois, Marco avait eu tellement peur qu'il n'eût pas ressorti l'objet pendant des semaines. Il n'avait trouvé personne à qui en parler, ni aucune explication rationnelle. Et bien qu'il ne croyait pas à la magie, il fut force de constater qu'aucune autre théorie ne collait. Il avait finalement ressorti l'objet, curieux de vérifier qu'il n'avait pas rêvé. Il devait être dix-sept heure trente. Et lorsqu'il se regarda dans la glace, il ne vit que les sourcils froncés de Jean devant un exercice de mathématique.

     C'était trop, beaucoup trop. Cherchant la logique à tout prix, il s'était emparé de son téléphone pour lui envoyer un message sur les devoirs à faire pour le lendemain — puisqu'il était supposé plancher dessus, ça ne devait pas le déranger. Il observa avec une craintive fascination le téléphone du châtain s'allumer à côté de son cahier, celui-ci l'attrapa immédiatement pour ouvrir la notification et y répondre. Jean jeta un coup d'œil à son cahier avant de finir d'écrire son message. Abasourdi, Marco eu besoin d'un instant avant de baisser le regard vers son propre téléphone qu'il tenait entre ses doigts. Il avait reçu un message. Jean lui avait répondu.

     Il y a un détail que Marco avait omit. Il était amoureux de Jean. Un coup de foudre qui commence par un déni, parce que lorsque l'on n'a jamais connu l'amour, on veut toujours l'associer à autre chose. Le problème était que Jean avait bel et bien l'air hétéro, parce qu'il y avait Mikasa, et qu'il n'avait d'yeux que pour elle.

     Marco avait rencontré Jean au début de sa dernière année de lycée, juste après son déménagement, et il avait immédiatement su qu'il voulait être proche de lui — c'est là que commence le fameux coup du déni — suffisamment proche pour partager des moments privilégiés à cœur ouvert, pour s'imaginer ce que pourrait être leur quotidien tous les deux, pour le dévorer des yeux comme s'il était la septième merveille du monde, pour désirer son corps et son âme plus que Tantale ne désirait boire, pour s'imaginer l'embrasser à perdre haleine. Bref, il avait tous les symptômes d'un premier amour des plus violent, mais il était simplement si difficile d'accepter que l'on ne sera jamais comme tous les autres. Alors le brun s'était persuadé un temps qu'il n'était que son meilleur ami. Que c'était comme ça qu'on aimait son meilleur ami.

𝐉𝐀𝐑𝐂𝐎 𝐖𝐄𝐄𝐊Where stories live. Discover now