Tous ceux que je n'ai pas pu sauver

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Histoire écrite par : ViviViyada

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A tous ceux que je n'ai pas pu sauver, vous ne voudriez pas être moi. Je me hais, je me déteste, je me vomis. Je pense à vous, tout le temps et je regrette. Vous ne voudriez pas être moi.

Je me réveille ou plutôt j'émerge de ce que j'appelle "la deuxième bataille". Tous me disent que la bataille est passée, que je suis en sécurité. Ce qu'ils ne savent pas c'est qu'elle est toujours dans ma tête, toujours.

La première chose que je vois c'est ce plafond qui ne ressemble en rien à celui que je connais. Je commence à paniquer, à hurler. Des gens entrent, je ne les connais pas mais eux semblent me connaître suffisamment pour me prendre dans leurs bras et me murmurer des choses que je n'essaye pas d'entendre. Et je me rappelle. Je suis ici depuis trois ans déjà. Alors je me calme et comme une petite fille, on me raccompagne à mon lit. J'attends, sagement, comme on me l'a ordonné.

Vous voyez, je n'ai rien, plus rien depuis votre départ. Vous ne voudriez pas être à ma place. Un homme en blouse blanche entre. Il me voit parler avec vous et fronce les sourcils. Il s'assoit sur le lit. Je dois vous dire au revoir, encore une fois. Le monsieur sort sa baguette, je sursaute. Comme un retour à la réalité. Instinctivement, ma main bouge pour la prendre mais il recule la baguette. "Pas maintenant" me dit-il.

Depuis ces deux mots, je n'écoute plus. Je le laisse lancer ses sortilèges, je reste docile. Il ne dit rien, se contentant de faire son travail. Soudain la porte s'ouvre et Teddy entre. Il a l'air énervé car il fonce vers moi. Je n'ai pas le temps de réagir, il m'attrape le cou et commence à serrer, très fort. "POURQUOI TU NOUS A ABANDONNÉS HEIN ? POURQUOI ?" Je l' implore d'arrêter, je me débat, je hurle, encore. Il continue alors je me lève malgré la faiblesse de mon corps je parviens à le frapper, lui donner des coups de poings. Il disparaît presque aussitôt. J'éclate en sanglots, je m'effondre au sol, je sens les mains qui me relèvent et qui me raccompagnent.

A tous ceux que je n'ai pas pu sauver, je reçois régulièrement vos visites. Elles font mal vous savez ? Vous voir sourire m'est insupportable. Surtout quand tout cela est de ma faute. Vous m'assurez que non, que vous êtes partis uniquement à cause d'eux, les mangemorts. Mais je vois bien que vous mentez. Le seul à me dire la vérité c'est Teddy.

Teddy... Il vient très souvent me voir, presque tous les jours. Parfois il est en colère, il s'énerve, il me hurle dessus. Mais à d'autres moments il vient pour pleurer. Pleurer pour vous, pour lui, pour tous les disparus mais jamais pour moi, pour nous. J'ai mal, atrocement mal dans tous les cas. Vos visites, surtout celles de Teddy, me mettent dans un état lamentable. Vous le savez ? Je suis sur mon lit en train de vous parler puis il arrive, vous chasse et m'attaque.

A tous ceux que je n'ai pas pu sauver, je suis désolé mais je n'y arrive pas. Je ne peux pas, je ne peux plus. C'est dur, si dur, trop dur. On me répète que ça va aller. Alors pourquoi ne venez vous pas plus souvent ? Où est ma maison ? Où êtes vous ? Où suis-je ? Je me perds trop souvent. Je ne tiens plus, je ne veux plus tenir.

Rapport de diagnostic

Nom : Lare

Prénom : Alexie

Âge : 20 ans

Notes et observations : 1998 : Mademoiselle Lare m'a présenté des gens, des "amis". Je crois qu'elle espère parler à ses proches disparus. J'ai essayé de lui dire qu'ils n'étaient pas là, elle s'est évanouie.

1999 : Mademoiselle Lare me parle beaucoup d'un certain Teddy. Elle me demande de l'arrêter. Je crois que la guerre lui a laissé des troubles et des traumatismes.

2000 : Mademoiselle Lare s'est réveillée vers 3h du matin, elle dit que ses "amis" l'ont invité quelque part. On lui a redonné de quoi se rendormir.

2003 : Mademoiselle Lare semble s'améliorer. Ses réveils sont de moins en moins fréquents. Elle dit que ce Teddy vient de moins en moins la voir. Nous la laisserons bientôt retrouver sa famille.

Août : Mademoiselle Lare a quitté Ste Mangouste aujourd'hui. Nous continuons à lui rendre visite pour ses consultations.


A tous ceux que je n'ai pas pu sauver. Teddy est revenu. Il ne semblait ni triste ni en colère. Il m'a dit qu'il avait un secret à me confier mais que je devais bien me comporter. Il ne reviendrait plus me voir avant longtemps. J'ai dit que j'attendrai et puis... j'ai toujours votre compagnie même si elle fait mal, j'apprécie pouvoir vous reparler.

A tous ceux que je n'ai pas pu sauver, je suis dans un endroit que des gens appellent "chez moi". Le seul chez moi est Poudlard mais c'est mieux que la pièce blanche.

A tous ceux que je n'ai pas pu sauver, où êtes vous passés ? Vous venez de moins en moins. Je me sens si seule, si triste, si inutile. J'ai besoin de vous voir, même si cela doit me rendre triste, c'est mieux que de ne pas avoir d'âme.

A tous ceux que je n'ai pas pu sauver, Teddy est revenu me voir aujourd'hui cela faisait plus d'un an que je ne l'avais pas vu. Il s'est penché vers moi, m'a révélé le secret. Je lui manque. Ah ! Le cruel. Il veut que je vienne, il me l'a dit. Que je le rejoigne. Je suis dans mon lit. Il est assis sur la couverture, je tremble. Il me tend la main, m'implore de venir. Je refuse, je regrette, je suis soulagée d'avoir dit non.

A tous ceux que je n'ai pas pu sauver, où êtes vous ? Je n'ai plus personne à qui parler. Teddy revient tout le temps maintenant. Je veux le chasser mais il est toujours là.

A tous ceux que je n'ai pas pu sauver, je crois que Teddy a gagné, encore. Il est revenu me voir, il m'a dit qu'il m'attendait depuis si longtemps. Depuis cette explosion qui a ravagé la cour de Poudlard. Cinq ans qu'il m'attendaient. Il m'a supplié, j'ai cédé. Il m'a aidé en me tendant les draps. Il les a enroulés autour du barreau de la fenêtre, il a fait un nœud. Il me l'a mis autour du cou comme un collier, il a fait une boucle, il a tiré, j'ai sauté.

A tous ceux que je n'ai pas pu sauver, comment allons-nous fêter nos retrouvailles ? Cette bataille fut une catastrophe, j'en suis sûre. Je n'ai même pas réussi à nous sauver. Vous, moi et Teddy, personne.

A tous ceux que je n'ai pas pu sauver, la boucle se resserre, Teddy me tient la main. Quand les gens entrent, ils ne voient qu'une pauvre fille détruite par les horreurs de la bataille. Mais vous, vous voyez une femme sauvée par vous, vide de tout regrets pour ce monde qu'elle a quitté, pleine de remords de ceux qu'elle a du laisser.

Cinq ans après la batailleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant