11 | June

189K 8.1K 21K
                                    

[Ce chapitre marque la fin de l'extrait disponible du tome 1. Attention à ne pas lire le tome 2 par mégarde. /!\]

« Les joueurs perdent souvent plus qu'ils n'y gagnent. »

June

— Qu'est-ce que vous voulez dire exactement, par rendez-vous ?

Ma question résonne dans la salle bruyante.

Il y a un silence furtif. De ceux qui arrivent lorsque les personnes présentes dans la salle captent un mot de la conversation et s'y  intéressent soudainement. Mais mes camarades recommencent tout à coup à bavarder comme si de rien était. Je sais qu'elles laissent trainer une oreille, puisqu'elles chahutent désormais beaucoup moins fort.

Scott ignore ma question, occupé à effacer les formules notées au tableau. Tout le monde l'observe, son épaule forte se tend sans effort et les muscles de son dos émergent sous la matière de son sweat-shirt noir. Pas de chemise pour aujourd'hui. Il ne lui manque que sa cagoule pour se transformer en l'homme de cette nuit-là.

La cloche a sonné il y a déjà trois minutes. Par la porte entre-ouverte, j'entrevois des élèves qui ne sont pas de notre classe traîner devant la salle. Depuis son arrivée, nombreuses « attendent » leurs copines entre les intercours. Je dois admettre qu'il est utile au moins pour une chose : il est devenu le nouveau sujet de discussion à Sherborn.

Je reporte mon attention sur Scott qui range à présent des papiers sur son bureau. Il n'a toujours pas répondu à ma question.

— Monsieur... insisté-je d'un ton las.

— Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans ce terme ? Ses yeux se plantent dans les miens, empreints d'ennui. On dirait que tes problèmes de compréhension s'étendant au-delà des maths.

Des ricanements résonnent dans mon dos.
Je les ignore. 

— Vous auriez pu me donner un avertissement, avant de...

— Écoute, Grey. Tu me soules. Sors. Tu vas être en retard en cours.

— Ce n'est pas votre problème.

Il hausse un sourcil, puis croise les bras sur son torse d'un air qui m'engage à m'enfoncer davantage dans ma propre merde. Je dois cesser de lui répondre. Il fait sortir tout ce qu'il y a de plus mesquin en moi.

— Excusez-moi. Je voulais dire que je vais régler mon problème de retards à partir de maintenant.

—   Va me jouer ton violon ailleurs. Les autres, sortez. Vous avez cours.

Les dernières filles s'échappent de la salle et je sens leurs regards appuyés. Je sais d'avance que je serai le sujet de leur discussion jusqu'à leur arrivée dans le cours d'Allan. Elles doivent s'imaginer que, comme beaucoup d'autres, j'ai un faible pour M. Scott. Que je tente par tous les moyens de grapiller quelques instants supplémentaires avec lui.

Cette idée m'agace profondément.

— Tu pourrais dire à des congénères de calmer leurs hormones ? me demande-il en entendant leurs rires de crécelle résonner dans les couloirs. Oh non, c'est vrai. T'as pas d'amis.

— Je me sens désolée que l'éducation nationale ait embauché une personne comme vous. Ils ne savaient pas dans quoi ils s'embarquaient.

— Et je me sens désolé que tu sois la plus nulle de la classe. Je pense que tu seras bientôt la première élève de l'histoire à passer en-dessous de zéro.

TROUBLEMAKER | 1 & 2 [Sous contrat d'édition chez BMR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant