1- Introduction à la poésie

961 72 61
                                    

Cher correspondant,

Je ne suis pas un grand écrivain, mais notre classe et la tienne vont correspondre pendant toute une année.

J'imagine que tu es au courant, bien sûr.

Pour être honnête, c'est la page blanche.

Je regarde, en mordillant le bout de mon crayon, mes camarades,

Écrire et écrire et encore écrire.

Mais qu'est-ce qu'ils ont donc de si intéressant à raconter ?

-

Le prof de français me toise avec un air inquisiteur.

J'imagine qu'il faut que je me lance,

Avant qu'il ne me foudroie sur place,

Par le seul pouvoir de son regard.

-

Je m'appelle Ulysse, j'ai 15 ans.

Je suis brun, j'ai les yeux bleus, je suis mat de peau et j'ai les cheveux bouclés.

Je me qualifie plutôt de beau garçon.

-

Je ne sais pas réellement d'où je viens.

Je n'ai jamais connu mon père.

Mais je le vis bien.

Si on estime que le sarcasme est une forme de résilience,

Alors je suis résilient.

-

Niveau caractère, je suis chiant, chiant à mourir.

Je suis falot, anodin, inexistant.

Je ne parle que très peu aux autres,

Et quand je daigne m'adresser à mes pairs,

C'est pour être extrêmement,

Sarcastique,

Cassant,

Blessant.

-

Je suis ce qu'on appelle plus communément,

Un gros con.

Du moins,

C'est l'image que je renvoie sûrement,

Je ne sais pas.

-

Côté passion,

(Ce plan à suivre pour rédiger une « bonne » lettre est ridicule, qu'est -ce qu'une bonne lettre en somme ?)
-

J'adore lire et peindre.

Hélas,

Malgré mon goût prononcé pour la lecture,

Je suis, comme je te l'ai dit plus haut,

Un bien piètre écrivain.

Et je pense que cette lettre peut en témoigner.

-

Il m'arrive de me perdre dans les musées pendant de longues heures,

Les musées ornés de silence et de secrets,

Renfermés dans les toiles vieillies par le temps.

-

C'est dans la quiétude des œuvres d'art que je me sens le plus à ma place.

J'adore sentir les toiles et le papier à grain crisser sous mes doigts.

-

Je peux admirer la pluie des journées entières.

-

Regarder le ciel s'assombrir,

Les corps en mouvement,

Rejoignant un abri,

Afin de fuir la tempête approchant,

-

Le temps s'arrête, puis,

L'averse s'abat.

-

Écouter le clapotement de l'eau,

Observer les gouttes coulées le long des vitres.

-

La pluie, c'est mélodieux, c'est poétique,

Ça me rend presque heureux

-

C'est en écoutant la pluie battante contre la fenêtre, que je t'écris.

La sonnerie retentissante annonce la fin du cours ainsi que de cette première lettre,

Et c'est avec une certaine forme d'impatience que j'attends ta réponse.



À bientôt, je l'espère,

Bien à toi,

Ulysse


PS : Quand on y pense, c'est beau la pluie.

Cher correspondantWhere stories live. Discover now