1 | June

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« Qui sème le vent récolte la tempête. »

June

« Elle ne me rattrapera pas.

Elle ne le fait jamais.

C'est inutile de courir jusqu'à s'en briser les tibias si personne ne nous poursuit. Pendant que je la fuis, elle est à la maison. Paisiblement assise sur le sofa, Gabriel entre ses bras et mon père sur ses genoux.

Tous les trois, ils forment une famille.

Je ne suis qu'un membre fantôme. Amputée, mais toujours un peu là. »

Dehors, il pleut à torrent.

J'ai l'impression d'être la seule à regarder par la fenêtre. La pluie violente et épaisse s'écrase sur le béton dans la cour, s'ajoutant aux grattements de papier de mes camarades. La classe est plongée dans un silence paisible, personne n'ose bavarder dans le cours de M. Allan. Mais elles font semblant d'être attentives. Je vois souvent la lumière d'un téléphone jaillir de sous un bureau. Le lycée Sherborn ne tolère pas l'affranchissement des règles.

Du moins, c'est ce qui est écrit dans le règlement intérieur.

Je pousse un soupir ennuyé. J'ai toujours détesté les sciences. Dommage que ce soient les trois matières que j'étudie pour mon examen de fin d'année ; les maths, la biologie et la physique-chimie. Mon père a au moins eu la bonté de me laisser choisir une mineure en art-plastiques en juin dernier, lors de nos choix d'orientation. « Tant que ça ne t'accapare pas trop de temps » m'a-t-il répondu d'un ton évasif quand je lui ai suggéré l'idée.

Il était en pleine conversation téléphonique avec quelqu'un de son travail. Il m'a demandé de partir d'un signe de main lorsque je lui ai demandé s'il m'avait bien entendue. J'ai saisi l'occasion pour signer les papiers et je suis sortie de son bureau. Papa est quelqu'un d'occupé quand il s'agit de moi. Je m'estime déjà heureuse quand nous parvenons à échanger plus de trois phrases.

— Mademoiselle Grey. Pouvez-vous répéter ce que je viens de dire ?

La voix de M. Allan porte depuis l'estrade. Je me redresse de mon bureau où je m'étais avachie pour le voir qui me fixe de son air sévère.

Je n'ai aucune idée de ce qu'il déblatère depuis que j'ai mis les pieds dans son cours. Alors je tente, la voix enrouée :

— Hum, les rayons lumineux... les rayons lumineux sont... probablement quelque chose...

Il pousse un profond soupir, provoquant le gloussement des filles autour de moi. Je n'y prête plus attention, les moqueries sont devenues partie intégrante de mon quotidien depuis la rentrée en septembre. Six mois plus tard, j'ai eu le temps de m'y faire.

La capacité d'adaptation de l'humain est parfois effrayante.

— Non, mademoiselle Grey. Ça, c'était le chapitre précédent.

C'est déjà un miracle que je m'en souvienne, alors.

— Je ne comprends pas ce qui vous empêche d'apprendre vos cours comme les autres. Vous faites partie de la famille royale ? Une arrière petite fille cachée de la reine Elisabeth ?

—Très bien cachée, alors ! s'exclame Aubrey, provoquant une effusion de rires.

— Peut-être qu'ils l'ont renié parce que c'était une salope ? s'enquit une autre.

— Ça doit être ça ! Les putes n'ont pas leur place au palais.

Au premier rang, Holly se retourne pour me transpercer du regard. Je l'ignore, replongeant mes yeux dans mon carnet, tandis que M. Allan met fin aux débordements.

TROUBLEMAKER | 1 & 2 [Sous contrat d'édition chez BMR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant