Chapitre 2 : Laisse-moi veiller sur toi

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La mission avait été exténuante.

Eux seuls contre une petite armée de robots ressemblant désagréablement à des araignées à dix pattes qui avaient visiblement été programmées pour envahir un centre de données regroupant des dizaines de serveurs plein de secrets gouvernementaux. Le lieu, dénué de présence humaine, entièrement automatisé, se situait en plein désert et n'aurait pas supporté une frappe lourde pour supprimer les envahisseurs sans endommager le matériel gouvernemental. Alors, Captain America et lui-même, tout juste revenus d'une autre mission, avaient été envoyés comme première ligne de défense, Torres leur servant de pilote à bord du jet le plus rapide à disposition. Les renforts suivraient, leur avait-on dit. Ces satanés arachnides mécaniques avaient bien trop agressifs et rapides pour que les renforts aient la moindre chance d'arriver avant leur assaut. Sam et lui avaient fait le ménage, détruisant avec acharnement les robots, évitant jets d'acide, de flammes et leurs lasers. Oui, des lasers. Bien sûr, les renforts étaient arrivés juste au moment où ils en avaient fini.

Ils s'en étaient heureusement sortis avec des égratignures mais Bucky lui-même se sentait éreinté. Il n'était donc pas étonnant que son coéquipier, assis à côté de lui dans ce jet militaire qui allait cette fois les ramener à la Nouvelle-Orléans, ait fini par s'endormir.

Ils avaient déjà eu leur débriefing à distance pour les deux missions qu'ils venaient d'enchaîner et Sam, toujours engoncé dans son costume de Captain America mais sa tête découverte, s'était endormi au milieu d'une phrase seulement quelques minutes après que Maria Hill avait coupé la connexion. Bucky l'avait généreusement laissé s'abandonner aux bras de Morphée même s'ils avaient été en plein débat sur l'origine de ces robots. Ce ne serait de toute façon pas eux qui pourraient confirmer quoi que ce soit, ce travail reviendrait aux ingénieurs qui analyseraient les carcasses qu'ils avaient laissé derrière eux.

Bucky laissa son esprit dériver vers des pensées vaguement formées et plus insouciantes, la présence de Sam pressé contre son flanc sans doute pas étrangère aux images surgissant dans son esprit, cette maison chaleureuse à Delacroix, l'expression bienveillante de Sarah Wilson, l'enthousiasme de ses enfants, un lever de soleil observé sur l'embarcadère tandis que Sam lui racontait une anecdote de son enfance... Il sentait le flot de ses pensées ralentir, lentement tiré lui aussi vers le sommeil, lorsqu'un mouvement à ses côtés lui fit ouvrir les yeux.

Bucky tourna la tête et ne fit pas réellement surpris de voir que celle de Sam était maintenant tombée contre son épaule. Il se fit la remarque qu'il n'aurait sans doute pas continué à dormir si paisiblement s'il avait été de l'autre côté, là où se trouvait le bras en vibranium. Puis il ne put pas s'empêcher de sourire en se disant que cela n'aurait peut-être rien changé pour Sam et que, même dans ce cas-là, son sommeil n'aurait pas été troublé.

L'homme lui faisait confiance, que ce soit sur le terrain ou avec ses proches. Il considérait que Bucky pouvait veiller sur lui.

Peut-être parce qu'il était fatigué mais relaxé, cette réalité le frappa plus profondément à cet instant et il se pencha pour effleurer le sommet de son crâne de ses lèvres.

Sa peau était lisse sous les cheveux rasés de près. Ces mêmes cheveux piquaient à peine son menton et chatouillaient son nez. La respiration de Sam était lente et régulière, paisible. Un petit moment privilégié qui n'appartenait qu'à lui.

Bucky se sentit déstabilisé par cette dernière pensée et s'écarta, laissa l'arrière de son crâne reposer contre la paroi dure et se concentra sur sa propre respiration. Il avait lui aussi besoin de repos. Son épuisement expliquait sans doute pourquoi son coeur venait de rater quelques battements sans raison particulière.

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