Chapitre IV

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Alyssa

Finalement, Nolan vient me raccompagner pendant je ne sais combien de jours. C'est ce que j'imagine car deux jours après ma dispute—enfin mes disputes entre mes parents et Dana— il continue de me raccompagner sous prétexte que mes parents seraient peut-être plus doux à mon égard s'il se pointe.

   Mais au contraire. Et ils s'en fichent complètement. D'ailleurs ils ne l'ont jamais remarqué, sinon ils me l'auraient dit. Même s'ils ne me disent pas grand-chose, en ce moment.

— Sérieusement ?! avait crié mon père en me pointant la feuille d'excuse de l'infirmière. Provoquer une bagarre dans la cafétéria, en plein dîner ?

— Ce que veut dire ton père, c'est que tu n'aurais jamais dû provoquer cette bagarre. Alyssa, sérieusement ? Après tant d'années dans le même établissement que Dana Davis, tu n'en avais jamais provoqué !

    Malgré mes plaintes, ils n'ont rien voulu savoir. Ils croient que c'est moi, la coupable, et moi qui ai provoqué cette foutue bagarre !

  J'ai rempli toutes mes heures de colle, en tout cas.

  Et ce soir, c'est le soir du match de baseball. Je suis de nouveau habillée de mon débardeur gris, mon pantalon noir et ma chemise noire à carreaux, la seule tenue que je trouvais convenant à l'évènement. J'essaie de me trouver une place entre les chaises de gens un petit peu trop dingues de ce sport. Moi je m'assois, mon sac de tête de mort en strass—que j'ai réussi à sauver par je-ne-sais quel miracle—appuyé contre moi. Je tente de chercher Nolan quand le match commence. Mais mes pensées dérivent sur William. Je ne lui ai pas parlé depuis la soirée. À vrai dire c'est carrément impossible de parler à ce mec. Non seulement parce qu'il ne parle pas mais qu'en plus il est toujours collé à cette garce de Dana. Et je n'ai pas du tout, mais alors pas du tout envie de la recroiser, et encore moins de lui parler. Ça, c'est clair.

   Pendant tout le match j'encourage Nolan en criant son nom. Il ne m'entend peut-être pas, mais, si c'est le cas, je lui dirais sûrement à la fin. Je ne comprends rien à ce jeu, je crois juste qu'il est le lanceur, ou peu importe comment ça s'appelle. Qui comprend toutes ces règles, de toute façon ? Une chose est sûre, pas moi. Soudain, une blonde aux longs cheveux très clairs, vient s'asseoir à côté de moi, où la place est libre, et me chuchote :

— Il est déjà pris. Ne te fais pas trop d'idées.

   Puis elle s'éloigne, me laissant, sourcils froncés, un peu perturbée. Non, carrément perplexe. Mais je décide d'en faire abstraction, et d'attendre la fin du match pour en parler à Nolan.

   Avant la fin, je ressens une envie de me retrouver seule—un moment, au moins—alors je m'éloigne discrètement. Une fois dans le couloir, je m'écroule contre un mur, je ne sais pas pourquoi, et je prends mon téléphone qui était dans mon sac. Je fais défiler les photos et rigole quand j'en vois une vieille de moi, mangeant du Nutella, et en ayant partout sur la figure. Je ne sais même pas comment elle a atterri ici. Jusqu'à ce que je tombe sur une photo de mon frère. Mon cœur se serre et ma gorge se noue tellement que ça m'en fait mal. Je referme mon téléphone avant de le remettre à sa place dans mon sac. Et c'est là que je vois une personne que je n'ai pas du tout envie de voir. William est plutôt mignon dans sa tenue de baseball. Je lâche un petit rire.

— Mignon, la tenue. Tu devrais t'habiller comme ça plus souvent. En soirée, les filles vont fondre !

    Il regarde autour de lui comme pour sûrement s'assurer que les couloirs soient vides, tout en s'approchant de moi.

— Ouais, souffle-t-il.

   Je lève les yeux au ciel.

— Waouh ! je ricane. C'est tout ce que tu dis ? Franchement si tu veux te faire d'autres potes que ceux de l'équipe de baseball tu devrais savoir communiquer, ce n'est pas si...

Why do I love you ?Where stories live. Discover now