« Je t'aime, à la folie, passionnément. Je t'aime avec la passion d'un poète étriqué, sans plumes, sans carnet, muni seulement d'un briquet, pour le faire tomber sur mon fumier afin de me faire sauter, me faire cramer. Je t'aime avec la passion d'un être qui peine à vivre, un être cadavérique, proche de la décomposition, entouré par les charognards, flétri sur le bord d'une avenue Hausmannienne, entouré de fleurs d'asphalte et de béton. Ma chair en décomposition pullule sur le trottoir urbanisé et mon âme hurle, crie, se terrifie elle même à coups de poèmes dénudés. Je t'aime avec force, avec fougue, alors que je suis si faible. Je t'aime avec hargne, avec colère, je t'aime comme un je t'emmerde, comme un je te hais comme un va te faire foutre. Je t'aime par défi, je t'aime pour niquer le monde qui nous nique. Je t'aime parce que je ne m'aime pas et je t'aime parce que le monde t'aime et je t'aime comme j'aime la lune et le soleil et je t'aime comme les fleurs, l'azur, l'automne, la neige, je t'aime comme le métro et le rer déserté et je t'aime comme les tulipes et je t'aime comme les roses rouge sang, je t'aime comme les cicatrices que je ne peux effacer, je t'aime comme mes os creux, je t'aime comme mon âme galvanisée, je t'aime comme les galaxies vides d'étoiles, je t'aime comme le soleil qui explose qui irradie qui hurle qui crie. Je t'aime comme le monde en flammes, je t'aime comme l'apocalypse. »

Pause.

«  Je t'aime comme mes larmes, je t'aime comme tous ces mots que je ne te redirai jamais. Je t'aime parce que tu vis et que je crève et je t'aime parce que tu es tout et rien à la fois. Je t'aime parce que ta patience ne veut pas dire réticence à poser des barrières là où il se doit. Je t'aime parce que tu hais mes monstres sans me haïr moi. Je t'aime parce que tu acceptes mes démons sans les renier, que tu les dénigres sans les frapper. Je t'aime parce que tu es toi, tout toi, que je ne peux ne pas aimer une créature aussi sublime que toi. J'irais aux Enfers pour te chercher si je devais te perdre, même si une tête rousse comme toi est difficile à perdre. Tu illumines le monde, immonde pourtant, et je t'aime pour ta lumière et ton sourire éclatant, égayant, je t'aime pour tes fossettes et tes yeux plissés et tes constellations et tes rires bruyants et tes doigts de charpentiers aussi doux que de la brioche beurrée. Je t'aime, je t'aime, éperdument. Je suis perdu dans une cité dorée et je crie ton nom. »

Je suis bourré.

«  Avec l'alcool j'ai la confiance d'être ton poète et de déclamer mon amour. Aime moi en retour. Et je mourrai heureux. »

AchilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant