Deux masses amorphes, pain calciné, cuisant dans le four du monde éclaté. Rouges braises effrayées, nos mains emmêlées comme des pinceaux effarouchés, nous nous entremêlons, âme rescapées, flammes écarlates, éparsement plates, rougeoiement sordide des passions poétiques, Verlaine et Rimbaud dénué du toxique, poésie romantique, poésie catastrophique, poésie atomique, poésie chimique, poésie antarctique, arctique, galactique.

On danse, bal effréné d'âmes atrophiées.

Nos corps deviennent les vallons de la guerre de nos mains, de nos bouches, sueurs mixées, parfum salé de l'amour guerrier, Achille contre Hector, lame qui s'entrechoquent au rythme du choc de nos âmes. Tue moi de tes lèvres, tue moi de ta langue, tue moi de ta bouche, j'men fous, j'men fous, je n'attends que ça.

Sang devient victoire, fièvre devient amarre, flots salés preuve d'un amour réussi, ratés de la vie convertis en puissance sordidement poétique. Aime moi, aime moi si tu peux, apprécie mon corps de raté, mon corps émacié, mon corps qui montre jusqu'au squelette comme je suis monstrueusement laid, aime ma difformité, aime mon incapacité, aime ma névrosité, aime moi comme j'aime la brioche de ton corps, la rondeur de ton âme, le sucre qui émane de ton corps rembourré de laiteuse peau sucrée. J'veux te bouffer, buffet divin que je m'offrirai sans scrupule.

Nos corps s'emmêlent, nous ne faisons qu'un, une seule flemme s'élève des ruines de Troie, une seule flamme déclame sa foi, une seule flamme réclame la gloire.

Paris s'enflamme sous notre lit, Paris réclame notre amour rabougri.


Noël approche et j'ai peur que la bulle de notre amour calamiteux éclate et ne laisse entrer la réalité de la société prosaïquement vulgaire, de la société vulgairement prosaïque, de la société qui aime haïr, qui haine aimer, qui ne ferait que détruire notre amour calciné.

AchilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant