Faëra ▬ Tome ✯✯✯ © (Sur les Traces de la Magie)

08

C'est la première fois que je dors aussi bien depuis mon arrivée sur Faëra, il y a plusieurs mois de cela. C'est étonnant qu'il ait fallu que j'évite la mort de peu pour pouvoir passer une vraie bonne nuit de sommeil. Évidemment, je préférerai éviter de réitérer l'expérience.

Ce qui est étonnant, c'est qu'en ouvrant les yeux, je me rends compte qu'il fait toujours jour. Le soleil a légèrement baissé, ce qui signifie que j'ai dû dormir deux ou trois heures tout au plus. Depuis l'île de Merlin, c'est la première fois que je dors aussi longtemps sans me réveiller. Le sommeil, sur un bateau, c'est beaucoup plus compliqué. Encore plus lorsque nous sommes en pleine tempête.

Je profite de ces quelques secondes de répit avant de retrouver le monde. Quelques secondes où je suis seule, sans devoir expliquer ce qui m'amène ici, sans devoir me préoccuper de ces problèmes que je vais devoir résoudre. Juste quelques secondes pour savourer cet instant, car je suis en vie.

Je suis toujours en vie, après tout ce qui m'est arrivé depuis que je suis sur cette planète. J'ai eu de la chance, je ne peux le nier. De la chance d'être entourée, de la chance dans mes décisions aussi parfois. En cette fin de journée, je pense à ma marraine la bonne fée qui m'a accordé ce don. Même si elle n'est pas à mes côtés, je sens sa présence un peu plus chaque jour, telle une petite voix dans ma tête.

Je souris. Ces derniers mois ont été les plus dures de toute ma vie. Et, bien que j'aie encore beaucoup de choses à accomplir, je suis déjà contente d'avoir réussi à arriver jusqu'ici. D'avoir découvert ce monde, d'avoir fait la rencontre d'hommes et de femmes incroyables. Même si maman me manque de tout mon être, même si je culpabilise aussi de lui faire subir mon absence et la crainte que quelque chose m'arrive, je ne changerai ma vie actuelle pour rien au monde. Je n'imagine pas une vie sans rien connaître de Faëra et des personnes qui l'habitent. J'en fais partie.

Lorsque ces quelques secondes d'intense bonheur sont passées, je me mets sur le dos avant de me redresser légèrement. Je cligne plusieurs fois des yeux en remarquant la présence d'un individu dans ma chambre, assis en face du lit, un livre à la main, mais me fixant sans rien dire.

— Tu ne peux pas t'en empêcher, n'est-ce pas ?

— Quoi donc ?

— De veiller sur moi quand je dors.

— Je voulais être sûr que tu ne reçoives pas de visiteurs, à nouveau.

— Merci.

— Y a pas d'quoi.

Allistaire m'adresse un sourire, que je lui renvoie à mon tour. Je devrais être mal à l'aise à l'idée que quelqu'un m'ait regardé dormir, mais ce n'est pas le cas. Non pas parce que ce n'est pas la première fois, mais parce que c'est Al. Parce que je lui fais confiance, et que je mettrai ma vie entre ses mains sans l'ombre d'une hésitation.

— Tu te sens mieux ? me questionne-t-il.

Al dépose son livre sur la table à ses côtés, avant de s'approcher du lit et s'asseoir sur la place vide.

— Oui, beaucoup mieux. Ces quelques heures de sommeil ont vraiment fait des miracles, cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi en forme.

Mon ami lâche un rire, ce qui m'interpelle. Qu'ai-je dit ?

— Mais qu'est-ce qui te fait rire enfin ?

— Elyne, tu as dormi plus de vingt-quatre heures. Il n'est donc pas étonnant que tu te sentes aussi bien.

— J'ai dormi plus de vingt-quatre heures ? m'exclamé-je en me redressant. Mais, comment ? Pourquoi ?