SUNFALL Tome 2 : Le secret d'Héphaïstos

Prologue

Il va être l'heure de partir. Ils m'ont cherché toute la nuit, hurlé mon prénom, sans interruption. Mais je n'en ai que faire... S'ils n'ont pu empêcher Léo de partir, alors rien ni personne ne pourra me retenir.

Léo... mais quel idiot. Il n'a vraiment rien compris... S'il croit que la solution est de fuir éternellement, il se trompe... lourdement. Avant de le rencontrer, je n'étais qu'une ombre, une âme délaissée, errant dans les rues d'un camp n'ayant que du mépris, et de la crainte pour le fils d'une déesse aux pouvoirs enflammés que j'étais. A chaque nouveau lever du Soleil, je n'avais plus qu'une envie, c'était de me jeter du haut de la falaise , pour enfin goûter au plus long des sommeils...

Mais tout a changé lorsqu'il est arrivé. Pour être honnête, je ne saurai pas expliqué ce qui le différenciait tant de tous les autres garçons... Son regard ambré, brûlant et pétillant de malice ? Son visage au teint hâlé dénué d'imperfections ? Sa fine musculature laissant deviner de longues heures passées à travailler sous un Soleil de plomb ? Ses manies à faire tourner en bourriques n'importe quel demi-dieu par des répliques toujours plus inventives ? A moins que ça ne soit l'ensemble... Toutes ces questions, de toute façon, n'ont guère plus d'importance maintenant...

Le Soleil va bientôt se lever... et je n'ai que trop tardé. L'opportunité devrait se présenter d'un moment à l'autre, dès la relève des gardes, au galop ! Je m'en vais le retrouver. Ils essaieront de m'arrêter, mais qu'ils s'y tentent ! Aaron est le plus rapide, et j'ai confiance en mon pégase. J'ajuste les derniers détails, abaissant la capuche d'un sweat noir de jais afin de mieux me fondre dans l'obscurité froide et pesante. J'ai délaissé mon uniforme des Crinières Ardentes. De toute façon, ce n'est pas comme s'ils m'avaient, ne serait-ce qu'un jour, considéré comme l'un des leurs.

Soudainement, les voix reconnaissables de mes compagnons de voyage se font entendre, leurs bruits de pas se rapprochant de la tente dans laquelle j'ai trouvé refuge. Ils pensent sûrement m'avoir... mais il en est hors de question !

Je monte en scelle, et fonce.

Les draps s'ébranlent alors avec fracas, me libérant sur Aaron lancé au grand galop. Certains demi-dieux sont renversés, évitant de justesse les cendres incandescentes d'un braséro renversé ; d'autres demeurent immobiles, trop stupéfaits pour réagir. Le raffut attroupe rapidement le reste des occupants du camp, jaillissant des différentes tentes en catastrophe. Parmi eux, Julio, soutenant Nico dans ses bras et maintenant le fils d'Hadès debout malgré son épuisement, croise mon regard un instant, sans pour autant opposer la moindre résistance, tandis qu'Aaron déploie puissamment ses ailes pour nous arracher à la gravité... car le fils d'Hélios le sait et l'a toujours su :

Rien ni personne ne pourrait se vanter de m'avoir retenu... hormis toi, Léo Valdez, le demi-dieu à avoir laissé mon cœur à nu.