Chapitre 28

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"La douleur nous force à espérer."

- Anonyme

Il y a bien longtemps que je n'avais plus passé autant de nuits blanches à un bureau pour travailler. Que cela ait été pour les cours de potions, de défense contre les forces du mal ou la voyance, je ne me rappelle pas avoir tant stressé pour ces examens comme je peux l'être pour cette antidote. La veillant avec attention, elle me permet un temps soit peu de ne plus penser à Harry Potter, aux examens de fins d'années à corriger, à la magie d'Hermione qui risque de me tuer ou encore au Ministère, retenant Anita au sein de son quartier général. Non, cette activité m'oblige à rester concentré, attentif et devient l'unique priorité de ma vie actuelle. Parfois il m'arrive de me stopper dans mes prises de notes, réfléchissant avec quelle stupidité j'ai pu renvoyé le brun la semaine passée en sachant qu'il s'apprêtait à redevenir ce que j'avais cherché en revenant d'entre les morts.

Un amant. Un amour. Un futur.

Mais je semble l'avoir définitivement obligé à rester loin de moi, et ce, sous mon plus grand regret. Je suis persuadé que même à genoux, il ne me pardonnerait pas cet abandon qui n'en est en aucun cas un. Je dois juste m'éloigner le plus que je puisse, gardant un œil sur lui sans que je n'ai peur qu'il se noie dans son chagrin à l'arrivée de ma mort.

Juste assez prêt pour continuer de l'aimer en secret, juste assez loin pour qu'il puisse m'oublier.

Un amant.

Je me remémore encore la sensation de ses lèvres sur les miennes, obligeant mon stylo à cesser son activité sur le carnet ouvert devant moi, déjà bien rempli et couvert d'encre noire. Ce souvenirs me force à réfléchir, ressentir ce qui avait fait frissonner ma peau sans que je ne puisse le contrôler. Cette douceur qui avait parcouru mon âme et adouci un temps soit peu ma douleur.

Un sourire se place sur mes lèvres sans que je ne le retienne.

Un amour.

Dès notre jeunesse, nous avions été maladroits. La manière dont Harry s'était attachée à moi avait eu pour effet de nous mener au fond d'un gouffre dont nous ne connaissions pas le fond. J'étais un Mangemort, lui un Sauveur et pourtant, nous nous sommes ouverts notre cœur. D'abord avec une peine incommensurable, il faut le dire. Mais je n'avais jamais aimé auparavant. Le lui avouer était difficile, impossible d'un point de vue Malfoy et pourtant, je le lui avais soufflé au cours de cette nuit dans la chambre moldue. Il avait beau me torturer, tenter de me changer. Tout ce que j'avais à lui dire fut ces quelques mots.

Mais jamais je n'aurai pensé que l'Amour m'aurait mené à ma chute.

Quand Harry avait embrassé Ginny au bal de fin d'année, j'avais senti mon cœur se consummer. Ma cupidité et mon égoïsme ont pris un dessus dont je ne mesurais pas l'ampleur et m'ont forcé la main sur mes erreurs.

J'ai appelé les Mangemorts sans en avertir le Ministère et dès que ma bêtise eut été faite, Harry s'était présenté à moi, désolé et... Amoureux.

La jeunesse mélangé à notre passé compliqué a provoqué un atterrissage douloureux au fond de ce puits.

Et j'ai, pour la première fois, imaginé un futur. Moi qui pensait périr de Voldemort ou d'un membre du camps de Poudlard, j'ai espéré ce futur que m'offrait le Gryffon avec ce même égoïsme et cette même cupidité tandis que j'avais appelé les partisans de la magie noire.

J'avais, malheureusement, cru en cet avenir merveilleux.

Mais, comme prévu, je mourrus de la main d'un homme.

Et je me suis permis de revenir ici, il y a de cela des mois, selon la proposition de la directrice en pensant qu'Harry ne m'avait pas oublié. N'avait pas désespéré. Qu'il continuait de m'aimer et de me pardonner cette absence.

Sans attendre, le stylo commença à trembler au sein de ma paume et j'avais vu ma vision se brouiller. Seul dans cette salle de cours, le couvre-feu avait déjà été annoncé mais mes privilèges de professeur me permettait de valdaguer dans les couloirs à ma guise.

J'appose l'objet sur le bureau, passant mes mains sur mon visage en espérant qu'elles fassent passer les doutes et les douleurs.

Car à présent, ce gouffre ne semblait pas me lâcher. Cette fois-ci, la chute m'avait fait aimer le brun, et le fond allait me tuer une fois de plus.

Sauf qu'à présent, j'avais mûri.

L'égoïsme ne me manipule plus.

La cupidité non plus.

À présent, mon seul désir est de le voir apprécier la vie sans que je n'en devienne un fardeau. Je veux qu'il puisse rire sans perde son sourire par la suite et qu'il puisse enseigner aux enfants en parlant de nous comme d'une vieille histoire un peu floue et à peine mémorable.

Que les Malfoy ne soit qu'un mirage en son esprit et qu'il aime une femme qui ne puisse pas lui rappeler ce qu'avait été l'Amour en temps de guerre.

...

Mentir a souvent aidé.

Je me suis pleinement menti à moi-même durant ces années auprès du  mage noir alors pourquoi... Pourquoi me convaincre de tout ça me paraît aussi difficile ?

Je ne veux pas mourir.

Qui s'en soucie ? Hein ? Dis-moi Drago, qui peut bien se soucier de ta mort qui aurait dû arriver il y a bien longtemps de cela ?

Je ne veux pas qu'il puisse rire sans que je n'en soit la cause.

Crois-tu sincèrement que tu pourrais le rendre heureux ?

Je ne veux pas qu'il parle de nous comme d'une vieille histoire oubliée.

Cesse de te morfondre, tu es pathétique.

Je ne veux pas qu'il trace un trait sur moi.

Ma main vint étouffer le sanglot qui tenta de sortir de ma bouche et je dus m'en mordre la peau.

Pourquoi l'amour fait-il si mal ?

Sentimental, Malfoy ?

Antidote - Drarry [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant