Cœur Obscur [Tome 2]

| Chapitre 7 |

Je me laisse retomber contre le torse de celui qui m'a accueilli et m'a gardé auprès de lui.

Plus par obligation que par envie.

Mais ce n'est qu'un détail.

- Je suis là, je suis là, chuchote-t-il.

Je reprends calmement ma respiration, bien que mon souffle soit toujours aussi aléatoire. Torse nu, le drap glisse sur mon bas-ventre et provoque un courant d'air frais que j'apprécie volontiers face à ma peau surchauffée et fiévreuse.

J'esquisse un faible sourire en coin, faussement joueur.

- Je comprends mieux pourquoi ta voix fait autant d'effets à Isaac. Elle est super bandante. 

- Je suis là, mon frère, sois tranquille, fait-il sans chercher à rétorquer quoi que ce soit.

Je pince mes lèvres l'une contre l'autre et hoche la tête, incapable d'ajouter quoi que ce soit au risque d'entendre ma voix se briser.

Mon regard croise celui de la vieille louve tandis que sa main se joint à la mienne, par-dessus la fine couverture. Un vague amusement m'effleure devant son air renfrogné et inquiet à la fois. L'un l'empêche de me réprimander pour mon départ brusque, et heureusement. Je tiens à mes oreilles. Cette folle aime trop tiré dessus comme elle le ferait à un enfant pénible.

Mais contre tout ça, elle arrive malgré tout à m'offrir un regard incendier afin que je comprenne qu'elle n'est pas contente pour autant. Toutefois, c'est la douceur qu'elle cache sous une carapace sauvage qui gagne la partie.

- Tu es de retour parmi nous ?

- Oui, je le suis, je murmure en humectant mes lèvres. Où est-ce que nous sommes ?

- Il me semble que nous sommes chez une certaine Cora, une tête de clan. Pas sûr qu'elle t'apprécie néanmoins, elle a accepté de te conduire en lieu sûr le temps que nous venons à toi.

- Après avoir frappé Lincoln, précise Reyes. Même si elle en avait plus après toi qu'autre chose.

Je bats des cils et, la nuque appuyée contre son épaule, je pivote la tête vers lui.

- Sérieusement ? Et elle est encore en vie ?

- C'est uniquement cette partie qui t'intéresse ? Pas celle sur le fait qu'une cheffe de clan en a après toi ?

- Oh, ça. Pas nécessairement, non.

Annette me donne une mini tape sur la cuisse, les sourcils froncés. Je saisis l'occasion au vol et fais mine de me tordre de douleur.

- Aïe ! Ça fait super mal, Anne, je rechigne.

- Tu es partie sans dire où tu allais ni quand tu comptais revenir. En moins de trois mois, on te retrouve blessé et les fesses en première cible d'un club de rebelles ! grogne-t-elle enfin.

- Je ne suis pas sûr que le terme « club » soit le plus adéquat.

- On ne peut pas te laisser seul plus de deux minutes ! poursuit-elle en me redonnant une tape.

- Et puis, j'ai précisé sur mon petit mot que je n'avais pas l'intention de revenir. Et de ne pas me chercher, ce que vous avez fait en dépit de ma demande.

Elle se stoppe dans son intention de continuer et plante son regard perçant dans le mien. Ajouter au grognement mécontent d'un certain alpha, je referme la bouche et leur offre mon plus beau sourire innocent.

Dans un sifflement agacé, la vieille folle se précipite sur mes joues et se met à les pincer. Je rouspète sans attendre.

- Et tu as sérieusement pensé que nous obéirons, petit morveux ? Si tu n'étais pas dans un aussi mauvais état, crois-moi que tes fesses auraient chauffées.