𝔏𝔢 𝔣𝔩𝔢𝔲𝔯𝔦𝔰𝔱𝔢 (RÉÉCRITURE TERMINÉ)

Déchirure

GAËL

Cela fait déjà 4 jours ...

4 jours qu' Il dort paisiblement à chaque fois que je viens à l'hôpital. Les docteurs m'ont dit qu'il se réveillait de temps à autre dans la nuit où très tôt le matin et que pendant ce laps de temps , il mangeait et buvait et que c'est normal qu'il dorme autant , l'opération l'a épuisé. Mais plus le temps passait , plus j'étais inquiet. Va-t-il se réveiller un jour ? Verrai-je encore ce sourire si chaleureux et rayonnant ?

Mes cauchemars se sont arrêtés , ce ne sont plus les mêmes qu'avant , maintenant je fais le même cauchemar chaque jour , où je tiens son corps contre moi en essayant vainement de le faire revenir et de tout remettre comme avant, où le poids de mes actes passés retombent sur lui , lui qui n'avait pas demandé à être avec la personne ignoble que je suis . Je n'arrive plus à dormir, le sommeil est reparti , les traces rouges sur ma peau de porcelaine revinrent aussi vite qu'elles eurent disparues durant ces derniers mois , me corrigeant pour toutes mes erreurs passées et actuelles .

Aujourd'hui encore, je vais dans ce bâtiment blanc avec une croix rouge en haut qui renferme tant d'émotions et de personnes qui soignent et qui se font soigner , l'hôpital. J'entrai dans "l'endroit sinistre'' et je me dirigea vers la chambre de Satsuki. Je fis signe à l'infirmière que je suis là et j'entrai dans la chambre . Je regardais les moindre détails dans celle-ci, par pure réflexe et je m'assieds à ma place habituelle , sur le tabouret en bois. La lumière du soleil couchant traversait la vitre et donnait une couleur plus ... normale -si je peux le dire comme ça- à ma peau alors que Satsuki dormait toujours , malgré que ceux-ci le prenait au visage . Il se faisait déjà tard , la journée est plutôt vite passée et la fatigue accumulée de plusieurs nuits blanches s'installait peu à peu . Je croisai mes bras sur le lit et déposa ma tête sur ceux-ci, pour qu'ils me servent d'oreillers pas vraiment confortables. Malgré cela , je m'endormis rapidement et sans m'en rendre compte.

À mon réveil assez brusque, j'avais des sueurs froides. Mon cœur cognait contre ma cage thoracique et ma vue était brouillée par quelques larmes . Je me redressais lentement en frottant mes yeux . je voulus m'étirer mais ma main fut retenue...

Il était assis, me regardant avec ses yeux marrons éclaircis par la lumière de l'ampoule , il avait l'air un peu fatigué, n'empêche qu'il avait bonne mine , légèrement mais bonne mine quand même. Il avait gardé ce sourire qui était très contagieux et cet air enfantin , ma main qui tenait la sienne la serra un peu plus, ne voulant plus le lâcher une deuxième fois . Il m'avait tellement... manqué .

- Les cauchemars ont recommencé ... ça va ?

Je lâchais sa main et posa la mienne derrière son cou et j'allai vers lui , ce fut d'abord quelques baisers assez 'timides' puis nous nous embrassâmes langoureusement , pendant un long moment . Nous dûmes nous arrêter, laissant place à nos souffles chauds . Nos fronts étaient collés et nos mains liées , nos joues étaient légèrement rosées à cause de ce baiser toride. Nous restâmes dans cette position, faisant le vide autour de nous .

- et sinon , tu es bien nourri ici ?

- ... On finit par s'y habituer . Et à la boutique, y a eu un truc inhabituel ?

- La routine , comme d'habitude.

Je n'allais pas lui dire qu'une femme a essayé de me draguer et que son absence a été plus douloureuse que ce que j'ai pu imaginer . Il en serait trop fier et il essayerait de retrouver la femme .

- J'ai hâte de pouvoir sortir de cet endroit... il y a toujours l'odeur des antiseptiques et des produits bizarres dans l'air .

- Pourtant tu dors toujours comme un animal qui hiberne.

Il tourna sa tête vers la fenêtre et soupira bruyamment , l'air de dire qu'il s'ennuyait. Le sourire que j'avais s'estompais assez rapidement, je passais ma main derrière son cou puis derrière sa tête pour ensuite le coller contre mon torse , Mon autre main , elle , le tenait par la taille . Satsuki me regarda , surpris puis passa ma main sur sa joue . Il vit clairement que tout n'était pas aussi rose que je le prétendais.

- Crache le morceau .

Je demeurai silencieux.

- Ne me fais pas te mettre une aiguille dans le crâne. Parle .

- ... c'est de ma faute Satsuki.

- hein ? De quoi ?

- ceux qui t'ont tiré dessus , ils me visaient moi . Ils visaient celui que j'étais avant , celui qui fait des actes immondes sans s'en rendre compte, celui qui a décimée la mafia dont les membres portent le même tatouage que j'ai sur n'importe quelle partie du corps. Celui qui à cause de son passé , aurait eu à te ôter la vie ... Je suis sincèrement désolé.

Satsuki ne parlait plus . Il avait arrêté de froisser mon T-shirt , il a arrêté de faire n'importe quel mouvement depuis tout à l'heure . Je pouvais juste le sentir respirer , il se redressa et plongea son regard dans le mien .

- Ce n'est pas grave , tant que-

- Satsuki... je ne pense pas que tu comprennes. Si je continue à rester près de toi , tu seras toujours sur la cible de quelqu'un et ... cette cible peut s'agrandir et englober tes proches.

Je marquais une pause puis repris  avec moins de calme .

- Pour ta sécurité et celle des autres , je devrais... m'éloigner.

Je le sentis se figer lorsqu'il entendit la fin de ma phrase .

- Mais ... ce n'est pas obligé de prendre des mesures aussi radicales. Il y a peut-être une autre solution !

- Il n'y a pas d'autre choix . Si ta solution c'était la police alors ça ne vaut pas la peine , tu ne peux pas connaître le nombre de policiers corrompus dans cette ville . Ni le nombre de mafieux et autres infiltrés dans la police .

Je voulais peut-être continuer à parler mais une sensation désagréable me prenait de court à la gorge et à la poitrine . J'enlevai mes mains de Satsuki et je me levai alors qu'il essayait de me retenir désespérément. Sa voix tremblante sous ses sanglots ne faisait qu'ouvrir une autre plaie sur mon cœur qui lui même avait du mal à tenir le coup . Je retirai sa main de mon avant-bras et je sortis de sa chambre alors qu'il souffla deux mots presque inaudibles ..

- Je ...t'aime ...

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