Chapitre 2

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Les hurlements de peur et de détresse hantent mon esprits et le sentiment de peur me dévore encore et la sensation de brûlure me coupa le souffle. Ambre m'avait tiré de ma chambre de justesse et nous nous avions égaré dans ce labyrinthe de couloirs. Mes pensées allaient sur Aiden à cet instant. S'en était-elle sortie ? Le choc m'empêchait pourtant de prononcer le moindre mot. On était ensuite arrivés face à une grande porte massive, semblable à celle d'un coffre fort. Ambre avait posé sa main sur un détecteur d'empreinte digital qui entraînait mécanisme de la porte qui s'était par la suite ouverte sur un long couloir qui me permit de comprendre pourquoi il n'y avait pas de fenêtre au bâtiment. Il avait été construit dans une grotte comme trahissait le petit sas dont les murs et le plafond avaient été façonnés par l'eau qui y avait circulé il y a des millions d'années. C'était derrière la deuxième porte que tout le personnel s'était abrité. Tout le monde était en détresse, hurlait et pleurait. Marcus essayait tant bien que mal de faire entendre sa voix pour pouvoir faire l'appel et s'assurer que tous étaient en sécurité malgré la panique générale.
-C'était un accident, fit Ambre en me sortant de mes souvenirs.
Un accident oui… les experts qui était passé sur le bâtiments après extinction du feu avait assuré que le l'incendie tenait sa source de ma chambre et j'avais beau me repasser en boucle les évènements de la veille j'étais incapable de savoir ce que j'avais raté pour créer un feu pareil. Et pourtant, le lendemain de l'incident, tout était redevenu calme comme si rien n'avait eu lieu. Personne ne me prenait comme coupable et tout le monde semblait avoir oublié. J'étais le seul qui se torturait l'esprit, cherchant ce qui avait causé tout cela. Un homme d'un vingtaine d'années qui hier vivait un cauchemar de son passé hurlant d'horreur et pleurant d'inquiétude, m'accordait aujourd'hui des sourires compatissants. J'avais blessé certains d'entre eux et celle ayant souffert le plus était celle qui était venue sauver les fesses au centre du chaos. Mon regard se balada sur les brûlures de Ambre avant de tiquer.
-Tes brûlures ont disparu ? demandai-je en lui attrapant le bras qui aurait dû être déformé par la chaleur.
-Et les tiennes, échappa-t-elle dans un sourire. A non, c'est vrai… tu es sorti intacte du bâtiment !
Maintenant qu'elle l'avait dit à haute voix, je réalisai que c'était tout sauf normal de sortir dans mon état d'un cœur d'incendie. Mais pourtant le chocolat chaud que je tenais me brûlait les mains. Cela me ramena un peu plus à l'instant présent enfin surtout sur les appels d'un groupe à l'autre bout de la salle destinée à la jeune mécanicienne qui ignorait avec professionnalisme. Je suppose que rester avec moi était une façon ambresque de m'apporter son soutien.
-Du coup… Tu es quoi ? dis-je en ayant une grande pensée pour l'ouvrage que m'avait offert Aiden et qui avait sûrement péri dans l'incendie.
-Je suis un ange, expliqua-t-elle en se crispant un peu.
-Mais c'est trop cool ! Comment on le devient ?
-Je te souhaite de ne jamais le devenir. Être un ange n'est pas synonyme de succès mais de défaite. C'est la malédiction de ceux qui ont toujours mis la vie des autres avant la leur, réduisant leur propre existence à n'avoir aucune valeur à leurs yeux.
-Les démons quant à eux sont nés de l'égoïsme, s'incrusta une fille faisant partie du groupe qui appeler Ambre depuis le fond. La malédiction apparaît parce qu'on en a rien à carrer de la vie des autres et qu'on a tout fait pour sauver sa propre peau.
L'atmosphère se tendit brutalement et la mécanicienne fusillait du regard la nouvelle venue comme si elles se haïssaient au plus haut point. C'était une petite blonde avec des mèches blanches. Elle avait une petite frange sur le côté cédant la place à deux mèches attachée derrière sa tête lui donnant une allure royale. Ses cheveux ondulaient jusqu'à la moitié de son dos. Elle portait une chemise blanche s'arrêtant avant son nombril surplombé d'une cravate rouge. Par dessus, elle était vétue d'une veste en cuir noir. Elle avait une jupe rouge aux motifs écossais lui arrivant à la moitié des cuisses. Elle des chaussures à talon noir très classe et des chaussettes style écolière japonaise. Ses yeux sanglants se tournèrent vers moi alors qu'elle mordait sa lèvre rouge bordeau à l'aide d'une canine extrêmement aiguisée.
-Je me le tape bien ce p'tit gars !
-Touche a un seul de ses cheveux Charlie et je me fais un plaisir de te tuer encore une fois, répondit  Ambre avec vigueur.
La fameuse Charlie se pencha vers moi ce qui fit faire à ma collègue un bond de sa chaise. La blondinette pivota d'un quart de tour pour heurter volontairement les lèvres de mon amie. Cette scène était improbable, non pas parce que c'était deux filles s'embrassant mais parce que Ambre restait immobile, impassible et Charlie semblait en tirer une satisfaction sadique. J'ignorais si je devais intervenir, appeler de l'aide ou si c'était normal. Charlie finit enfin son assaut et reparti aussi vite que venue en lâchant tout haut :
-Tu verras, on ne peut pas s'en passer dans la vie !
-Ca j'en doute fort, marmonna Ambre dans sa barbe en serrant les poings.
-Désolé, je ne savais pas quoi faire, m'excusai-je en la fixant s'asseoir énervée.
-Si tu était intervenu, ça n'aurait pas changé grand chose. Elle se serait fait un plaisir de s'en prendre à toi. Plus ça avance, plus je me demande ce qui passé par la tête de Marcus pour nous mettre dans la même équipe…
Une alarme sanglante nous interrompit dans notre discussion suivie d'une intervention dans un magnétophone de la part de Marcus nous invitant tous à sortir et regagner nos appartements et nos fonctions dans le calme. Ambre se leva en première puis je me levai également. C'est ainsi que nous retrouvions à slalomer entre les tables rondes en plastiques imitations bois dont les pieds était en métal recouvert d'une peinture rouge. Chaque chaise était prise par un ou plusieurs membres de l'Organisation qui peu à peu commençait à sortir de la salle par groupe. Hors contexte, la salle faisait davantage penser à une sorte de réfectoire. Les murs couleur pêche étaient éclairés par la lumière blanche de six puissants projecteurs. Le sol était composé de petits carrelages alternant le pêche, l'orange et le rose. Nous nous dirigeons tous vers la porte dans un brouhaha joyeux, tous semblaient être aux anges à l'idée de sortir de cette salle oppressante malgré sa taille. Lorsque j'attégnis enfin les couloirs blanc assombris par le feu, je constatai avec surprise la présence de rosiers fixer sur la parroie des murs. Aiden, qui avait vu ma mine surprise avait slalomé entre les agents pour se retrouver à côté de moi en souriant.
-Les roses sont comme des anticorps pour le Nexus, expliqua-elle. Lorsqu'il est directement attaqué ou bien quand son enveloppe est faible, elles apparaissent afin de soigner les plaies. Dans le cas actuel, le feu à créé une inflammation chez le Nexus et donc la propagation rapide et généralisée des roses. Elles servent à prendre le carbone de l'air et à relâcher de l'oxygène.
-D'accord et c'est quoi un Nexus ?
-Alors… comment définir ça… Il y a deux choses qu'on appelle un Nexus. Un Nexus en lui-même est un cœur alimentant l'énergie et la vie magique d'un lieu. Mais on peut aussi désigner son enveloppe par le même nom, un lieu qui est indépendant du temps, de l'espace et des dimensions.
J'avais beaucoup de mal à visualiser ce qu'elle m'expliquait mais je me contentai de lui sourire pour la rassurer. Elle m'accompagna jusqu'à ma chambre qui était remplie de rose au point d'avoir un immense tapis rouge puis reparti aussitôt. La caisse qui était posée sur le bureau et le livre était miraculeusement intacte, coincés dans les ronces des roses. Mon esprit logique essayait de comprendre le phénomène mais au fond de moi je savais que mes connaissances ne parvenaient pas à expliquer cela. J'avais officiellement déménagé dans un champ… Je n'avais pas le choix pour récupérer ma caisse, il fallait que j'arrive à rejoindre le bureau et pour ceci, il fallait piétiner ces fabuleuses roses. Je levai donc mon pied pour le rapprocher du tapis de rose lorsque les fleurs s'écartèrent de l'emplacement où mon pied se posait. Je me contentais d'observer avec fascination le spectacle que créent chacun de mes pas. Une fois face au bureau, j'approchai mes mains des seuls objets qui m'appartenaient. Les ronces se retirèrent, servant désormais de présentoire. Je les saisis et les roses fana presque instantanément. Je me pressai de repartir comme si de rien n'était. Je savais déjà où j'allais me réfugier pour faire joujou avec mes nouveaux appareils mais je n'étais pas sûr que ma présence serait très souhaiter. Seulement, pas de chance pour elle, j'allais m'imposer ! Je sentis un choc me ramener à la réalité et, en levant les yeux, je tombai nez à nez avec Marcus qui avait un large sourire sadique :
-Tiens ! Te voilà ! J'allais justement chercher Ambre pour ton entraînement !
Je vous assure que j'ai réfléchi une fraction de seconde avant de prendre cette décision et je sais aussi qu'elle semble très conne mais comme j'avais toujours l'amplificateur sur moi je me suis dit que c'était la meilleure décision. Je pivotai en acquiesçant amicalement avant de prendre mes jambes à mon cou dans la direction opposée à Marcus. On était parti pour jouer au chat dans ce labyrinthe. Marcus s'était jeté à mes trousses mais notre différence d'âge entraînant une différence d'endurance assez flagrante m'offrait un avantage. Alors que je courais en regardant par-dessus mon épaule pour m'assurer que je l'avais bien semé, je me fis brutalement faucher pour heurter le sol dans une délicatesse incomparable. Lorsque je rouvris les yeux, je tombai nez à nez avec Ambre déployant de magnifique aile une blanche et une mécanique et un Marcus remontant ses lunettes sur son nez.
-Pour un petit génie, tu es vraiment sot ! Je vis ici depuis des années, évidemment que je connais tous les couloirs, chambres par cœur et j'ai même la mémorisation de tous les petits raccourcis et passages secrets.
-Oui enfin, tu n'es quand même pas foutu d'attraper un gosse tout seul, rétorqua Ambre en arquant un sourcil. Donc ton égo, tu peux te le placer où je pense.
Ambre me tendit la main pour m'aider à me relever. Nos épaules se heurtèrent ce qui fit apparaître un sourire satisfait que j'avais beaucoup de mal à traduire. Marcus devant et Ambre derrière moi, j'étais accompagné de force vers ce qu'ils appelaient la salle d'entraînement. C'était une salle entièrement cristallisée dont les parois tenaient la couleur charbon. Après un court échange de regard avec Ambre, Marcus finit par prononcé :
-Accès à un entraînement de feu. On aurait besoin d'un environnement amplificateur s'il te plaît.
Je m'étais d'abord dit qu'il s'adressait à Ambre vu qu'il avait employé une formule de politesse mais la salle entière changea pour prendre la forme d'un paysage fermier avec quelques bottes de foin par ci et par là. Je ne savais pas ce qui me choquait le plus, le fait que la salle change entièrement sans explication ou bien le fait qu'il avait dit s'il te plaît a une salle. Aussitôt fait, il quitta la salle en souhaitant une bonne chance ironique à Ambre qui se fit un plaisir de lui faire un lever de majeur. Elle se tourna vers moi en soupirant doucement alors que je posais délicatement la caisse et le livre que je n'avais pas lâché jusque là. Même en essayant de toutes mes forces de ne pas la lire, ça se voyait tellement, elle n'avait aucune envie de m'entraîner.
-Allez, ça va ! Tu vas passer un peu de temps avec ma grandissime stature !
-Oui c'est vrai tu es tellement grand que tu me brûles les yeux. Ah non c'est juste ta mocheté qui agit comme un acide, dit-elle en ayant retrouvé un léger sourire. Tu vois la botte de foin là-bas ? Essaye d'y mettre le feu.
-Ambre, fit une voix familière derrière mon dos, tu pourrais le guider un peu plus quand même ! Je te rappelle qu'il vient tout juste de découvrir le monde. Je mets ma main a couper qu'il ne sait même comment se servir de son propre mana !
Je pivotai jusqu'à tombé sur Aiden qui portait cette fois ci un grand chapeau de sorcière bleu nuit dont le pic tombait derrière. Un ruban doré entourait celui-ci avec des grelots suspendus qui résonnaient à chacun de ses pas. Nocturne marchait très élégamment à ses côtés, agitant sa queue féline de gauche à droite. J'ouvris le livre qu'elle m'avait donné, cherchant à la lettre M, la définition de mana… trouvé ! Le mana était l'énergie magique produite par chaque individu. Sa production et son stock varient en fonction des êtres. Les humains en possèdent en très faible quantité dont l'utilisation se traduisant par des intuitions ou sensations et ressentiments. Voyant que j'avais enfin lever la tête du bouquin, Aiden poursuit :
-Il y a différentes façons de faire pour utiliser son mana mais il y a un point sur lequel tout le monde s'accorde pour dire qu'il est crucial d'y croire. Si tu ne crois pas que tu es en capacité de l'utiliser, tu n'y arriveras pas.
-Je suppose que tu es très logique, enchaîna Ambre. Il te faut des preuves, des chiffres, des explications…
-Oui, j'essaye toujours de comprendre ce qui a pu se passer hier…
-Tout est une question d'atome, continua la mécanicienne en s'asseyant sur une des bottes de foin. Tu sais que les atomes passent leur temps à interagir entre eux. Bah ce qu'il s'est passé c'est un de tes atomes est devenu instable ce qui a provoqué une réaction chimique. L'amplificateur a juste fait son job en créant une réaction plus grande. Ce qu'on veut obtenir c'est que tu contrôles tes atomes et leurs instabilités pour pouvoir les utiliser.
-Je veux bien mais comment veux- tu que je maîtrise des atomes ? C'est scientifiquement impossible !
Aiden prit mes mains pour attirer mon attention avant de reprendre :
-Être avec un ange et une sorcière non plus ce n'est pas possible et pourtant tu y es. Alors essayes !
Je me rappelle avoir passé plusieurs heures dans cette salle à essayer de mettre feu à toutes les bottes de foin. Je me rappelle y avoir cru si fort et être tant déçu. Rien ne voulait sortir alors même que j'avais l'amplificateur sur moi ! Je rentrais dans ma chambre dans un silence de mort après un énième échec. Il n'y avait plus aucune rose et ma chambre était de nouveau blanche. Je soupirai doucement à cette vue triste puis m'allongea sur le lit après avoir reposé mes seuls appartenances, ayant juste envie de faire passer cette journée horrible. L'amplificateur me passa par la tête, me poussant inconsciemment à mettre ma main dans ma poche en quête de jouer de nouveau avec. Je me redressai brutalement ne parvenant pas à le retrouver, et ce, dans toutes mes poches. Je me repassais la journée pour savoir à quel moment je l'avais égaré quand son sourire m'est revenu. Le sourire que je n'avais pas réussi à comprendre était en fait la satisfaction d'avoir fait autre chose que simplement m'aider à me mettre debout. Lorsque nos épaules se sont heurtées, la petite peste m'avait fait les poches pour reprendre l'amplificateur. J'échappai un sourire en me rallongeant, me disant qu'elle avait sûrement une idée derrière la tête, idée à laquelle je n'avais pas encore accès. Mes yeux se fermaient tout seul, mon corps s'immobilisait et, encore habillé, je sombrai.

Esprit De RenardWhere stories live. Discover now